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Ann-Sophie Bettez : pour Montréal avec passion

Ann-Sophie Bettez Ann-Sophie Bettez - Vincent Ethier
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MONTRÉAL – Née sur la Côte-Nord, Ann-Sophie Bettez a déménagé à Montréal avec sa famille au début de l'adolescence. Aujourd'hui, à 36 ans, son nom est indissociable du paysage sportif de sa ville d'adoption.

Dans sa carrière de hockeyeuse, Bettez a représenté le Collège Dawson, l'Université McGill et toutes les variantes d'équipes semi-professionnelles qui ont porté le nom de la métropole, des Stars à la Force en passant par les Canadiennes. Sa place parmi les visages du hockey montréalais ne peut être remise en question.

Quand la Premier Hockey Federation (PHF) a été dissoute et que les contours d'une nouvelle ligue ont commencé à prendre forme, l'été dernier, Bettez a dû se demander si ce nouveau projet était pour elle. Comme les six équipes originales de la future Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) seraient en partie construites par le biais d'un repêchage, répondre par l'affirmative signifiait accepter la possibilité que pour la première fois, elle porterait les couleurs d'une équipe autre que celle de sa ville.

« J'y ai pensé : est-ce que j'arrête? », confiait Bettez cette semaine dans un coin du Centre 21.02 de Verdun. « J'ai mon travail ici. Mais tu sais, mon travail, ça va me rester pour le reste de ma vie tandis que le hockey, il m'en reste seulement pour quelques années. On dirait qu'à chaque année, je me dis que c'est fini et finalement, je recommence! Mais c'est la passion qui m'a amenée où j'en suis aujourd'hui, c'est dur de vivre sans le hockey. Pour moi, c'est un peu ça. »

« Je n'avais pas parlé avec le Minnesota, donc je m'étais dit que c'était sûr que je n'irais pas là. Mais New York, par exemple, j'y aurais pensé. J'étais prête à vivre l'expérience au maximum. Je me disais : "si je dois y aller, je veux le vivre". Ça a vraiment été une réflexion. Finalement, je me suis dit que si ces équipes-là me voulaient, pourquoi pas? »

Dans la dernière décennie, Bettez a été au cœur des combats menés par les joueuses pour la création d'une ligue professionnelle digne de ce nom. Elle a vécu ses propres moments de questionnements, de doutes. Arrêter maintenant, au moment où son sport est porté par un courant d'exubérance presque sans précédent, n'aurait fait que l'exposer à de potentiels regrets.

« L'autre jour, je parlais à des filles qui ont arrêté de jouer et elles me disaient que juste le repêchage, c'est quelque chose qu'elles auraient aimé vivre. Je suis rendue dans les plus vieilles, mais le fait que je sois capable de continuer à suivre et de faire partie de ce moment historique, c'est une chance unique. On vit un moment quasiment révolutionnaire qui va changer le hockey féminin. Il y en a eu beaucoup, des changements. On espère que ce sont les derniers et qu'on s'en va vraiment vers l'avant. Donc c'est ça, les filles me disaient de jouer le plus longtemps possible parce que c'est vraiment beau ce qui se passe. »

Une mentore qui ne fait pas son âge

Finalement, le destin a voulu que Bettez reste à Montréal. Elle suivait le repêchage du coin de l'œil, en plein déménagement, lorsqu'un membre de sa famille lui a appris que son nom avait été prononcé au début de la 14e et avant-dernière ronde. Le dénouement lui a plu.

Quelques semaines plus tard, l'équipe annonçait qu'elle s'était entendue avec sa vedette locale sur les termes d'un pacte d'un an. Au moment d'écrire ces lignes, Bettez est l'une des huit attaquantes dont la mise sous contrat a été confirmée par la formation montréalaise.

« Je ne pourrai jamais savoir quelle aurait été la suite de l'histoire si j'avais été prise par une autre équipe, mais c'est quand même un beau privilège de pouvoir dire que j'ai été sélectionnée par Montréal. C'est flatteur de constater qu'on voit un potentiel en moi et qu'on veut que j'aide à développer la franchise ici. J'ai quand même beaucoup d'expérience, sur la glace mais ailleurs aussi. J'ai vécu différentes choses dans le passé. On a beaucoup de jeunes joueuses qui arrivent dans une nouvelle équipe, c'est important d'avoir des vétérans qui sont passées par plusieurs chemins. Je pense que ça sera un de mes rôles. »

Cela dit, Bettez ne s'attend pas à ce que son apport se limite à du mentorat et des beaux discours. La saison dernière, la capitaine de la Force a complété sa saison au deuxième rang du classement des compteuses de l'équipe avec 22 points en 23 parties. Même si elle a passé le cap de la mi-trentaine, la doyenne de l'équipe mise sur pied par Danièle Sauvageau sent qu'elle pourra tirer son épingle du jeu dans le nouveau circuit à six équipes.

« Quand tu mets tout le monde en rang et que tu nous regardes, tu ne pourrais pas dire que j'ai 36 ans. Tu me regardes la face, si je te dis que j'ai 26 ans, tu me crois! Alors pour moi l'âge, je me dis que c'est juste un chiffre. Je m'entraîne, je me sens en forme, je ne sens pas que traîne de la patte. »

« Le jour que je vais sentir que j'ai atteint mes limites, ça sera le temps de laisser la place aux autres, dit celle qui poursuit en parallèle une carrière de planificatrice financière. Mais pour l'instant je me sens encore en forme, je me sens compétitive et je suis encore passionnée par le sport. »