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Après l'euphorie du Beanpot, Jayden Struble reste dans le présent

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BURLINGTON, Vermont – Peut-on vraiment comprendre ce qu'est le Beanpot si on n'a pas grandi dans un rayon de 100 kilomètres de son épicentre? Jayden Struble n'en est pas certain.

Le jeune défenseur est né à Cumberland, juste à l'extérieur de la frontière qui sépare le Massachusetts et le Rhode Island. Le campus de l'Université Providence jouxtait pratiquement sa cour arrière. S'il a plutôt décidé de s'engager avec les Huskies de Northeastern, c'est en grande partie pour avoir l'occasion de participer au tournoi qui oppose chaque année les quatre grandes universités de Boston.  

« C'est fou parce que dans le grand ordre des choses, ça ne veut vraiment pas dire grand-chose comparé à un championnat de saison régulière ou aux séries, mais je ne sais pas pourquoi, pour nous il n'y a rien de plus important, tentait d'expliquer l'espoir du Canadien avant un match contre les Catamounts de l'Université du Vermont en fin de semaine. Il a quelque chose de spécial, ce tournoi. De tous les trophées, c'est celui dont on rêve le plus. »

Les Huskies, avec qui Struble complète présentement sa quatrième et dernière saison, ont remporté quatre des cinq dernières éditions de la prestigieuse compétition. Mais invraisemblablement, il n'avait contribué à aucun de ces triomphes au moment de se préparer pour la grande finale contre Harvard il y a une semaine.  

À sa saison recrue, Struble s'était blessé dans un match contre l'Université du Maine trois jours avant la finale du Beanpot qui s'était soldée, vous vous en souvenez peut-être, par un but de Jordan Harris en deuxième période de prolongation. « L'idée de jouer quand même m'avait traversé l'esprit, mais en réalité je ne pouvais même pas marcher. J'ai eu besoin de béquilles pendant six semaines. C'était horrible de regarder ça des gradins », se remémore-t-il avec dédain.  

L'année suivante, le tournoi a été annulé en raison de la pandémie. En 2022, Northeastern s'était incliné 1-0 devant Boston University en finale. Struble se retrouvait donc devant la possibilité bien réelle de finir sa carrière universitaire sans avoir sauté dans les bras de son gardien devant 17 000 spectateurs au TD Garden. Ce qu'il a finalement pu faire quand le Montréalais Devon Levi a eu le dessus sur les deux tireurs que Harvard lui a envoyés en tirs de barrage le 13 février dernier.

« J'ai lu quelques commentaires à propos de nos célébrations, des choses du genre « oh est-ce qu'ils ont gagné le championnat national? Calmez-vous! », mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise! Je vous le dis, il n'y a rien qui bat ça. Quand tu perds ce tournoi, c'est la fin du monde, mais quand tu le gagnes, c'est le plus beau moment de ta vie. »

Des beaux moments, il y en a plusieurs autres qui attendent Struble dans le tournant. Les Huskies tenteront maintenant de se qualifier pour le tournoi de fin de saison de la NCAA en remportant le titre de la conférence Hockey East. S'ils y arrivent, ils voudront y faire meilleure figure que l'année dernière, alors qu'ils avaient été éliminés au premier tour par Western Michigan.

Ensuite, le temps sera venu de faire le saut chez les professionnels. Choix de deuxième tour en 2019, Struble a jusqu'au 15 août pour s'entendre avec l'équipe qui l'a repêché. Il pourrait sinon réserver son stylo jusqu'après cette date butoir pour ensuite offrir sa signature à l'équipe de son choix.

Sans surprise, Struble entretient le flou quant à ses intentions. Il se dit concentré sur le présent, ce qui veut dire qu'il n'a pas vraiment pris le temps de penser au chemin parcouru dans les quatre dernières années ni à ce qui s'en vient pour lui au-delà du prochain match de son équipe.

« J'ai l'impression qu'on peut accomplir de grandes choses avec ce groupe de gars. C'est surtout là-dessus que je suis concentré », plaide le jeune homme.

« Il joue son meilleur hockey »

Jerry Keefe estime en tout cas que son protégé sera mûr pour une transition tout en douceur lorsque le moment sera venu.

« Il joue présentement son meilleur hockey, témoigne l'entraîneur des Huskies. Au Beanpot, il a été une bête. C'était nos plus gros matchs de la saison et j'ai trouvé qu'il a été le meilleur défenseur sur la patinoire à chaque fois. Il était solide défensivement et contribuait aussi à l'attaque. C'est un jeune qui peut exceller de différentes façons. Il est physique, mais c'est aussi un excellent patineur. Il sait faire sentir sa présence. »

Au moment d'être repêché dans la LNH, Struble était considéré comme un défenseur au fort potentiel offensif. À sa dernière année à l'école secondaire, il avait récolté 40 points en 30 matchs. Après sa sélection par le Canadien, le responsable du recrutement amateur du club, Trevor Timmins, l'avait comparé à Charlie McAvoy des Bruins de Boston.

Près de quatre ans plus tard, la comparaison ne tient plus vraiment la route. McAvoy a amassé 51 points en deux saisons dans les rangs universitaires tandis que Struble n'a jamais récolté plus de 14 points en une saison dans la NCAA.

« Les chiffres ne disent pas toute l'histoire, plaide toutefois Jerry Keefe. ‘Stroobs' fait du bon boulot en transition, il sort bien la rondelle de notre zone et empêche plusieurs rondelles de quitter la zone offensive grâce à son sens de l'anticipation et ses déplacements rapides à la ligne bleue. »

Keefe maintient aussi que Struble, comme son ancien coéquipier Jordan Harris, aura bénéficié d'une quatrième année à Northeastern.

« Notre équipe a traversé des moments difficiles cette année. Notre mois de décembre a été pénible, on a eu des blessures et nos leaders ont dû travailler fort pour nous garder à flot. Ça ne peut qu'être positif pour son développement. Le hockey professionnel, c'est dur. Idéalement, tu veux qu'un jeune vive de l'adversité avant d'y arriver sinon, ça va éventuellement le frapper comme un coup de poing en pleine gueule. Jayden a appris beaucoup en tant que leader cette année. »