Contre des Hurricanes de la Caroline misérables, des Canes qui auraient été bien mieux de tout vendre pour entrer dans la loterie Connor McDavid plutôt que tenter de sauver ce qu’il restait à sauver de cette autre saison à oublier, le Canadien a su éviter les pièges.

Le premier et le pire : les blessures.

Atteint au cou en deuxième période par un tir de Chris Terry, Carey Price s’est lourdement écroulé sur la patinoire. Le temps d’une seconde ou deux, le cœur de Michel Therrien, celui de Marc Bergevin et ceux de tous les joueurs de l’équipe se sont arrêtés. Ils ont rapidement retrouvé leur rythme dès que Price s’est relevé et a replacé son masque pour rester dans le match.

Un match que Price n’a pas volé. Ça non! Mais un match au cours duquel le meilleur gardien de la LNH a démontré son savoir-faire à quelques occasions pour tuer dans l’œuf toute possibilité de remontée des Hurricanes.

Après une première période bien tranquille (4 arrêts), Price a stoppé 11 rondelles en période médiane et 16 au dernier tiers pour un grand total de 31 arrêts. Trente et un arrêts qui donnent huit jeux blancs à Carey Price cette saison, un de moins que Marc-André Fleury qui domine les gardiens de la LNH. Ce qui donne à Price 33 blanchissages en carrière.

Mieux encore, Price vient de signer sa 39e victoire de la saison. Il est à trois du record d’équipe qui est de 42 gains que partagent Jacques Plante (deux fois en 70 et 64 matchs) et Ken Dryden (en 54 parties).

Ça ne prend donc pas un doctorat en hockey pour comprendre qu’une blessure sérieuse subie par Carey Price ferait fondre les chances de succès du CH en séries plus vite que le soleil ne fera fondre la neige ce printemps.

Dans ce genre de match qui n’avait rien de palpitant à offrir, P.K. Subban, Andrei Markov, Max Pacioretty et les autres joueurs importants du Tricolore ont su éviter une vilaine chute, une rondelle sur un pied, un coup de genou ou une épaule disloquée. Des faits saillants qui sont, à ce stade-ci de la saison, aussi importants sinon plus que les deux points à l’enjeu.

Vrai que Tom Gilbert a encaissé un coup de bâton au visage qui l’a chassé du match en fin de troisième période le temps de refermer la plaie avec quelques points de suture. Mais Gilbert, qui joue du bon hockey depuis quelques semaines, sera de retour et demeurera disponible pour composer l’un ou l’autre des nombreux duos que Michel Therrien et Jean-Jacques Daigneault peuvent concocter tant ils ont des arrières disponibles sous la main.

Deuxième piège évité : celui de prendre les Hurricanes à la légère.

Comprenez-moi bien, le Canadien aurait eu bien raison de prendre les Hurricanes à la légère. Il aurait même pu en rire tant ce club fait pitié. Tant ce club risque de faire pitié très longtemps en raison des millions gaspillés sur des contrats à longs et très longs termes dont ils ne pourront se défaire.

Bon! Certains diront qu’au-delà ses quatre buts, le Canadien n’a tiré que 22 fois, dont 5 seulement en troisième période et qu’il s’en est remis à son gardien une fois encore pour sceller l’issue de la rencontre.

Mais bon! Loin de moi l’idée de minimiser la sortie de Carey Price. Sauf que le Canadien n’a jamais vraiment été en péril dans cette rencontre.

Mieux encore, la victoire a permis de mettre en valeur les membres des troisième et quatrième trios.

Le quatrième a d’ailleurs été rien de moins que dominant.

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Brandon Prust abat du bon boulot. Il travaille dans l’ombre. Mais il travaille bien. Il travaille même très bien lorsqu’on l’utilise en désavantage numérique. Et bien qu’il n’ait pas été sélectionné au sein des trois étoiles hier soir, c’est à lui que les joueurs du Canadien ont remis la cape réservée à leur première étoile de la rencontre.

Grand bien lui fasse.

Que dire aussi de Dale Weise? Remis du choc d’être passé du premier au dernier trio, Weise a joué avec la fougue et la vitesse qu’on lui connaît. Des qualités qui, combinées aux efforts qu’il déploie, donnent des résultats concluants : un but, une passe, un différentiel de plus-2 et une première étoile bien méritée.

Entre Prust et Weise, Manny Malhotra a connu un autre bon match. Affublé de bien des critiques en raison de sa timidité offensive, Malhotra a récolté une passe qui a auréolé une autre très bonne soirée (69 % de réussite) aux cercles des mises en jeu.

Vrai que Malhotra devrait présenter des statistiques supérieures à son but et ses trois passes récoltés depuis le début de la saison.

Mais Malhotra démontre qu’il a encore du hockey à offrir. Et du bon. Peut-être pas tous les soirs. Mais avec son expérience, sa discipline et son intelligence, il saura maximiser les chances de jouer que lui accordera Michel Therrien.

Ce qui sera un plus pour le Tricolore.

Après les essais obtenus par Brian Flynn et Torrey Mitchell depuis leur acquisition des Sabres de Buffalo à la date limite des transactions, on peut conclure sans trop de risque de se tromper que Malhotra peut en offrir autant qu’eux à titre de centre du 4e trio. Surtout si ce 4e trio contribue offensivement comme il l’a fait hier, et qu’il le fait plus souvent.

Le troisième trio a été blanchi. Encore! Il est toutefois important de souligner les belles occasions obtenues par Devante Smyth-Pelly, sur un tir décoché en fonçant vers le filet des Canes et Jacob De La Rose de l’enclave.

Ces deux belles occasions ont été le fruit du bon travail de Lars Eller qui semble heureux de retrouver sa place au centre.

On verra combien de temps cela durera.

Ajoutez à ça le 20e but de Brendan Gallagher, le 35e de Pacioretty qui frappe à la porte des 40 encore cette année, les deux passes de Tomas Plekanec et le but de David Desharnais qui continue de se reprendre après une première moitié de saison timide et vous avez une bonne vingtaine de raisons de conclure qu’au-delà les deux points de plus au classement, le Canadien a remporté un gain très bon pour le moral de tout le monde.

Un gain très bon également pour les jambes d’Andrei Markov et de P.K. Subban que Michel Therrien peut ménager un brin ou deux quand le reste de l’équipe contribue comme il l’a fait jeudi aux dépens des Hurricanes.

Je sais, les Hurricanes ne sont pas forts. Ils ont même été atroces en première période. Et l’opposition sera beaucoup plus féroce samedi alors que les Sharks de San Jose seront au Centre Bell.

Mais quand même, le Canadien a fait ce qu’il avait à faire pour gagner. Il a marqué quatre buts; Carey Price a signé un autre jeu blanc; en prime, le Tricolore a su éviter les blessures.

Si on ne se satisfait pas d’une soirée de travail comme celle-là, on ne sera jamais satisfait.

Les Sens se rapprochent

Pendant que Carey Price et le Canadien savouraient une petite victoire tranquille aux dépens des Hurricanes, les Sénateurs trimaient pas mal plus dur à Ottawa contre les Bruins.

Des Bruins qui ont mis un terme à la séquence de rêve d’Andrew Hammond qui a été victime de quatre buts jeudi soir. Soit le double du maximum accordé lors de ses 12 premiers départs en carrière.

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Malgré cette générosité inhabituelle de Hammond – toute bonne chose a une fin malgré tout – ses coéquipiers l’ont remercié pour faveurs obtenues en déjouant cinq fois Tuukka Rask et en ajoutant un sixième but dans un filet désert.

Oui les Sénateurs ont gagné leur match de l’année jusqu’au prochain qui le deviendra. Surtout que ce seront les Maple Leafs qui débarqueront au Centre Canadian Tire. Des Leafs contre qui les Sénateurs ont eu tristement l’habitude de s’écraser dans le cadre de matchs capitaux.

Avec deux points de recul seulement sur les Bruins et le huitième rang dans l’Est – avec un match en mains – les Sénateurs sont plus que jamais dans la course aux séries.

Qui l’eut cru?

Certainement pas moi ou les Bruins...

Et bien qu’il ait accordé quatre buts, Andrew Hammond mérite de prolonger sa séquence de rêve aussi longtemps qu’il enfilera les victoires. Car s’il faut que les Sens gagnent même quand leur gardien accorde quatre buts, cette équipe fera mentir bien du monde en accédant aux séries et qui sait? Elle pourrait même causer des surprises une fois en séries.

Ce qui n’est pas encore fait.

Mais on a une course. Une belle course. Une course qui risque d’être vive et enlevante d’ici la fin du calendrier. Une course qui nous mettra en appétit pour les séries. Et ça, c’est tant mieux. Que les Sénateurs y accèdent ou non...