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RÉSULTATS

Ça commence à être intéressant

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MONTRÉAL – Le Lightning de Tampa Bay a offert une deuxième leçon consécutive de hockey au Canadien. Après une victoire de 5-1 au Centre Bell, il en a ajouté une de 4-1 à l'Amalie Arena mercredi.

 

Andrei Vasilevskiy a signé un 11e gain consécutif aux dépens du Canadien. Le grand gardien russe, celui que je considère toujours comme le plus solide de la LNH, a finalement accordé un but au Tricolore après 118 min 49 s de perfection – c'est près de six périodes consécutives – devant ses partisans à Tampa. En 17 matchs de saison régulière contre le Canadien, il revendique non seulement 14 victoires, mais n'a perdu qu'une seule fois en temps réglementaire.

 

Au lendemain de ce revers deux brins gênants de ses favoris, au lendemain d'une septième défaite encaissée lors des neuf derniers matchs et à l'aube d'un match qui s'annonce difficile dès ce soir face aux Panthers, dans le sud de la Floride, plusieurs partisans du Canadien ont le caquet bas.

 

Le poids des défaites commence à peser lourd.

 

Il commence même à peser plus lourd que l'optimisme démesuré moussé, en début de saison, par quelques vols des gardiens, par des buts magnifiques et opportuns de Cole Caufield, des passes plus magnifiques encore de Nick Suzuki et des performances bien plus solides que prévu de la part de Kaiden Guhle et de la très jeune brigade défensive de leurs favoris.

 

Statistiquement, ça fait dur!

 

Vrai que statistiquement le Canadien fait dur!

 

Ses deux victoires arrachées depuis le 7 décembre, soit depuis le retour de la virée dans l'Ouest canadien avec une pointe à Seattle, l'ont été en prolongation – en Arizona contre les Coyotes – et en tirs de barrage aux dépens des Flames de Calgary qui faisaient escale au Centre Bell le 12 décembre dernier.

 

Au fil des neuf derniers matchs, le Canadien s'est contenté de marquer 1,67 but par rencontre. Inversement, il a offert 3,33 buts par partie à ses adversaires. On est loin d'une combinaison gagnante, on en conviendra.

 

Il a permis à ses rivaux d'obtenir plus de 30 tirs sur ses gardiens huit fois en neuf matchs. Six fois, l'adversaire a canardé Jake Allen ou Samuel Montembeault de 35 tirs et plus.

 

Le Canadien s'est quant à lui contenté de 25,4 tirs par rencontre.

 

Au chapitre des tirs tentés, une statistique qui aide à confirmer le temps de possession de la rondelle en zone ennemie et l'efficacité de ce temps de possession, l'avantage favorisant les adversaires du Tricolore est beaucoup plus tranchant encore.

 

En matière d'occasions de marquer, le recul du Canadien est tout autant démesuré. En faveur de ses rivaux est-il vraiment besoin de le souligner.

 

Mais il y a pire! Il y a les unités spéciales. Des unités qui n'ont rien de spéciales tant elles sont ordinaires. Tant elles sont moches.

 

Blanchie cinq fois de suite, mercredi soir, par le Lightning, l'attaque qui devrait être massive, mais qui se contente d'être très passive, n'affiche de deux buts en 30 occasions obtenues lors des neuf derniers matchs.

 

Ça donne une efficacité bien inefficace de 6,7 %.

 

En désavantage numérique, le Canadien a accordé un but aux « Bolts » sur leur seule occasion obtenue mercredi. Au fil des neuf dernières rencontres, le Canadien a été très généreux, accordant 11 buts en 35 occasions. Ce qui donne une efficacité de 68.6 %.

 

Avec des taux pareils, vous avez sans doute déjà réalisé que le Tricolore se bat pour la 32e place dans ces deux catégories.

 

En défensive, ça fait plus dur encore!

 

Comme les statistiques l'indiquent, le Canadien joue du mauvais hockey.

 

Il est désorganisé en attaque. Il est plus désorganisé encore en défensive alors qu'il protège très mal l'enclave et multiplie les occasions en or offertes « gratos » à des rivaux qui n'ont pas besoin d'une telle générosité pour battre le Tricolore.

 

Mercredi soir à Tampa, les joueurs du Canadien – et je ne parle pas seulement des défenseurs ici, mais des cinq joueurs qui doivent unir leurs efforts pour compliquer le travail de l'adversaire et lui ravir la rondelle le plus vite possible – ont passé plus de temps à regarder la rondelle qu'à comprendre ce qui se passait autour d'eux.

 

Hypnotisés par la rondelle, ils ont oublié les principes de base en défensive. Ils ont laissé leurs adversaires monter un campement dans l'enclave. Ils ont bêtement suivi la rondelle, laissant ainsi de grands vides près de leur gardien qui ne peut pas tout racheter.

 

Avec cinq défenseurs recrus au sein de la formation, mercredi, une première dans l'histoire du Tricolore, la jeune brigade était très vulnérable contre le puissant Lightning.

 

Mais les jeunes n'ont pas été pires que leur vétéran coéquipier Joel Edmundson qui joue du mauvais hockey depuis quelques semaines. Ils n'ont pas été plus coupables que leurs coéquipiers attaquants qui n'ont rien fait, ou pas assez, pour aider leur cause.

 

Killorn a ouvert la marque de cette façon dès le début du match. Point a marqué le premier de ses deux buts en décochant un tir du milieu de l'enclave pendant une attaque massive du Lightning. Il a marqué son deuxième en se faufilant entre quatre, oui quatre, joueurs du Canadien. C'est aussi de l'enclave, où les joueurs du Tricolore le regardaient faire au lieu de compliquer son travail, que Brandon Hagel a donné les devants 4-0 aux « Bolts » en milieu de troisième.

 

Retour à la base...

 

Avec autant de revers, de mauvais hockey et de statistiques négatives pour les expliquer, sans oublier les blessures à des joueurs importants qui n'aident vraiment pas une cause déjà difficile, on peut comprendre les partisans de se laisser abattre.

 

Surtout que ces défaites et les contre-performances qui mènent à ces défaites larguent le Canadien de la course aux séries. Une course à laquelle il ne participait pas vraiment. Mais une course à laquelle bien des partisans débordant d'optimisme voulaient croire.

 

Mais voilà!

 

Je suggérerais à ces partisans déçus de regarder la situation d'un tout autre œil. Car elle est loin d'être décourageante.

 

Au contraire!

 

J'ajouterais même que c'est à ce moment-ci que tout commence à être intéressant dans le camp du Canadien.

 

Car c'est en patinant dans le merdier dans lequel il est en train de s'enliser que le Canadien va vraiment apprendre ce qu'il doit apprendre pour devenir un vrai club susceptible de se battre pour les séries.

 

C'est difficile pour Suzuki et Caufield et c'est tant mieux. Ils doivent profiter de ces matchs ardus pour apprendre ce qui doit être fait pour marquer les buts qui font la différence.

 

Mousser ses statistiques dans des matchs faciles ou sans signification, c'est une chose. Aller chercher le gros but qui fera la différence dans un duel âprement disputé c'est une tout autre chose.

 

Surtout quand il faut y arriver avec un ailier droit différent tous les soirs. Avec un ailier droit qui ne mérite pas vraiment d'être là, comme c'était le cas mercredi soir avec Joel Armia. Comme ce l'a été avec Josh Anderson et avec tous ceux qui ont été mutés à la droite de Suzuki et Caufield, exception faite de Kirby Dach et Sean Monahan.

 

Pourquoi ne pas revenir avec Dach alors?

 

Parce que Dach doit lui aussi apprendre à se sortir du merdier en jouant du meilleur hockey. En faisant de ses compagnons de trio de meilleurs joueurs de hockey.

 

Pas évident à faire quand on considère le manque de vigueur des Drouin, Hoffman et autres vétérans qui ralentissent le groupe plus qu'ils ne l'aident à avancer depuis le début de la saison.

 

Mais ça fait partie de l'apprentissage. Et c'est crucial.

 

Suzuki, Caufield et leurs coéquipiers ont fait plaisir à leurs partisans en offrant de bons spectacles en début de saison.

 

C'est bien beau le spectacle, le talent, les buts qui soulèvent la foule, mais ça prend bien plus pour devenir un club gagnant. Regardez ce qui se passe à Anaheim. Trevor Zegras et sa bande peuvent bien voler la vedette de temps en temps avec des buts qui les assurent d'une place de choix dans les faits saillants des rencontres, mais les Ducks forment toujours l'un des pires clubs de la LNH.

 

St-Louis doit apprendre lui aussi

 

L'absence de Sean Monahan complique une situation qui l'était déjà pas mal. Car les adversaires peuvent concentrer leur attention défensive sur Suzuki et Caufield, parce qu'ils n'ont rien à craindre des autres trios.

 

Martin St-Louis qui a reconnu que son premier trio venait de passer la soirée avec Braydon Point et Nikita Kucherov – il ne faudrait pas oublier Brandon Hagel dans l'équation – dans le visage, ce qui est loin d'être évident, devra apprendre lui aussi à gérer son banc de manière à trouver une façon de soustraire ses meilleurs éléments offensifs des griffes des meilleurs éléments défensifs de l'ennemi.

 

Suzuki a joué beaucoup mercredi soir avec près de 21 minutes (20 :51) de temps d'utilisation. Je me permettrais d'ajouter qu'il a joué beaucoup trop.

 

Ralenti et essoufflé par l'efficacité de ses couvreurs à cinq contre cinq, Suzuki a obtenu 7 min 23 s en avantage numérique. Il a passé pratiquement les attaques massives au grand complet sur la patinoire. Épuisé, amoindri par des présences de durées moyennes de 1 min 13 s, il a été incapable de générer des attaques soutenues. D'orchestrer des jeux de qualité, comme il est pourtant très capable de le faire.

 

Une utilisation plus ciblée de l'entraîneur pourrait clairement l'aider.

 

Martin St-Louis devra aussi réaliser qu'il doit donner un coup de pouce à une attaque massive qui en a grandement besoin.

 

S'il avait à sa disposition, Mario Lemieux, Wayne Gretzky, Jaromir Jagr, Sidney Crosby et Alexander Ovechkin, je pourrais comprendre l'entêtement de Martin St-Louis d'y aller avec cinq attaquants au sein de sa première vague d'attaque massive.

 

Mais le Canadien n'a que Suzuki et Caufield dans son carquois. Hoffman a un bon tir. C'est vrai. Mais de la façon dont il est utilisé, il est plus appelé à passer qu'à tirer. Ce qui est très difficile à comprendre.

 

L'avez-vous vu mercredi soir à Tampa? Il a perdu la rondelle trois, quatre, peut-être même cinq fois en bousillant des entrées en territoire ennemi tout juste après avoir franchi la ligne bleue.

 

Evgeni Dadonov? Il devra d'abord prouver qu'il mérite de revenir en uniforme avant de réclamer une place au sein de la première unité.

 

Anderson? Il manque de créativité.

 

Drouin à la pointe? C'est loin d'être concluant.

 

Pour toutes ces raisons, et en dépit de l'absence de Michael Matheson qui serait sans doute de la première unité s'il n'était pas blessé, pourquoi diable ne pas faire plus confiance à Kaiden Guhle et peut-être même Justin Barron – il dominait les défenseurs de la Ligue américaine pour son efficacité en attaque massive – à la ligne bleue ?

 

Ça amènerait un brin ou deux plus de créativité tout en assurant plus de stabilité défensive le long de la ligne bleue adverse.

 

Chose certaine, ce pourrait difficilement être pire que ce l'est présentement.

 

Surtout qu'avec les défaites qui s'accumulent, il est de plus en plus clair que la course à Connor Bedard et au meilleur repêchage possible l'été prochain sera plus importante pour le Canadien qu'une très hypothétique course aux séries.

 

Le temps est donc bien choisi de tenter tout plein d'expériences pour maximiser la saison d'apprentissage qui est en cours.

 

Mais ce n'est pas parce que le Canadien commence à perdre au rythme que plusieurs l'avaient prévu – j'anticipais une récolte d'environ 65 points cette année – que les joueurs doivent se rendre coupables de performance aussi désolante que celle offerte mercredi, au retour de la pause de Noël. De performances aussi désolantes que celles offertes trop souvent depuis le début du mois de décembre.

 

Dans les conditions actuelles, il est normal que le Canadien perde. Mais il est impératif qu'il perde en jouant du bon hockey. Qu'il perde en développant des habitudes de jeu qui lui permettront de gagner lorsque les effectifs réunis dans le vestiaire du Tricolore permettront de vraiment gagner et non seulement de s'en remettre à des buts de Caufield, des passes de Suzuki, des vols des gardiens. 

 

Au lieu de laisser le découragement prendre le dessus, pourquoi ne pas passer de la parole aux actes et d'afficher la patience que tous et toutes – ou la grande majorité – avaient promis d'afficher à l'aube d'une autre saison difficile?

 

Cette patience aidera à chercher et à trouver les points positifs et intéressants dans le cadre du développement plutôt qu'à laisser les défaites prendre toute la place... ou trop de place.