Lors de ses deux dernières parties, le Canadien de Montréal a marqué un grand total de 13 buts. C’est tout simplement hallucinant, surtout que la Sainte-Flanelle n’avait touché les cordages qu’à 17 reprises lors de ses dix premières parties. Comment expliquer cette avalanche soudaine de filets?

La sélection de tirs du Canadien est bien meilleure, ce qui fait toute la différence!

Les tirs du Canadien sont beaucoup plus menaçantsAvant de se frotter aux Rangers de New York et aux Sénateurs d’Ottawa, le Tricolore était l’équipe décochant le plus de tirs au filet par partie. Paradoxalement, c’était également l’équipe de la LNH présentant le plus faible taux de conversion de tentatives de tirs en buts. Bref, le Canadien avait beau bombarder les gardiens adverses, il ne parvenait tout simplement pas à marquer.

Il est judicieux de diriger la rondelle au filet. Pour espérer marquer, il faut d’abord tirer. En dirigeant le disque vers le but, de bonnes choses peuvent se produire, alors que le lancer peut être dévié ou peut provoquer un retour. Cependant, il n’y a pas que le volume de tirs qui importe, la qualité de ces lancers revêt une importance capitale.

Le meilleur exemple à ce sujet est les Maple Leafs de Toronto. Au moment d’écrire ces lignes, la formation de la Ville Reine est l’équipe inscrivant le plus de filets par partie. Il est évident que de compter en ses rangs des joueurs avec le talent offensif d’Auston Matthews et William Nylander aide beaucoup. Il n’en demeure pas moins que les Leafs sont l’équipe cadrant le plus de tirs depuis l’enclave et le bas de l’enclave par partie, ce qui est au cœur de leur succès.

La réalité est que le Canadien décochait un grand nombre de tirs depuis la périphérie. Aujourd’hui, les cerbères sont trop bons techniquement pour être déjoués avec régularité par un lancer de loin. Cela explique que plus de 75% des buts marqués le sont depuis l’enclave, comme le tireur y bénéficie d’un angle de tir optimal et que le temps de réaction du gardien est minimal. Seuls les hockeyeurs d’exception, tel un Alexander Ovechkin, sont en mesure d’enfiler l’aiguille avec constance à l’aide de tirs de loin.

La clé pour marquer dans la LNH, c’est de tirer de l’enclave. C’est aussi simple que cela.Le travail de Paul Byron dans l'enclave

Chez le Canadien, l’un des joueurs les plus efficaces à égalité numérique est Paul Byron. Pourtant, il n’est pas le plus costaud ni le plus talentueux. Même qu’il n’y a pas si longtemps, le Tricolore réclamait ses services au ballottage. Malgré tout, il tire très bien son épingle du jeu, justement en lançant à profusion depuis l’enclave.

Depuis la campagne 2016-17, Byron est le joueur tentant le plus souvent de lancer depuis l’enclave chez le Canadien et il est également le joueur affichant le meilleur taux de conversion de tentatives de tirs en buts. Son succès s’explique par le fait qu’il s’est approprié le devant du filet, inscrivant 20 de ses 21 buts amassés à forces égales depuis cet endroit la saison dernière.

Face à Ottawa, Byron n’a peut-être pas marqué, mais il a tout de même engendré deux buts du Canadien en fonçant au filet. Sur le troisième but du CH, Alexandre Burrows a chuté en tentant de le couvrir dans l’enclave, entrant ensuite en collision avec son gardien, ce qui a complètement sorti ce dernier du jeu. Puis, sur le dernier filet de son équipe, c’est un retour d’un lancer de Byron qui a directement mené à l’autre but d’Artturi Lehkonen.

La différence semble être que toute l’équipe a récemment emboîté le pas. Désormais, tous foncent au filet et lancent depuis la zone payante, à l’image de Paul Byron. Il en résulte que lors de ses deux dernières rencontres, le Canadien a décoché, comme à son habitude, un grand nombre de tirs vers les gardiens adverses, sauf que ces tirs étaient plus menaçants : une proportion beaucoup plus importante provenant de l’enclave. En effet, face aux Sénateurs et aux Rangers, le Canadien a cadré en moyenne 3,5 tirs de plus depuis l’enclave.

C’est justement sur ces lancers que le Tricolore a noirci la feuille de pointage. Face à Ottawa, sept de ses huit buts avaient pour origine l’enclave. C’est donc dire que seul Lehkonen est parvenu à tromper un gardien de la capitale fédérale depuis un angle restreint lors de ce festival offensif.

En somme, le Canadien lance plus souvent de la zone payante et capitalise sur ces mêmes occasions de marquer, ce qui démystifie cette avalanche soudaine de buts. Les statistiques avancées sont sans équivoque : pour marquer dans la LNH, il faut tirer depuis l’enclave.