MONTRÉAL – Si Jeff Gorton souhaite s’adjoindre un agent de joueurs pour diriger les opérations hockey du Canadien, le meilleur candidat à sa disposition est Pat Brisson.

C’est la conclusion qui ressort d’un sondage maison réalisé auprès des 20 agents francophones accrédités par l’Association des joueurs de la Ligue nationale de hockey.

La moitié des agents sondés par RDS a accepté de répondre, par courriel et sous le couvert de l’anonymat, à cette question : selon vous, quel membre de votre confrérie possède le profil qui répond le mieux aux critères exposés par Geoff Molson et Jeff Gorton pour le poste de DG à Montréal? Les répondants ne pouvaient nommer un collègue de leur propre agence et avaient la possibilité de proposer plus d’un candidat.

Le nom de Brisson, qui dirige la branche hockey de l’influente Creative Artists Agency (CAA) à Los Angeles, a été mentionné par sept de nos intervenants.

Le Montréalais Kent Hughes, dont le nom est de plus en plus associé aux critères de Gorton, est quant à lui revenu à quatre reprises.

« Un seul nom : Pat Brisson », a tranché l’un de nos volontaires.

« Je pense vraiment que Pat Brisson est un bon candidat, acquiesce un autre. J’entends d’autres noms qui circulent à travers les différentes agences, mais certains d'entre eux sont de moins en moins actifs et n’ont donc pas vraiment le profil recherché. »

« Mis à part des gens comme Pat Brisson et Kent Hughes, je ne vois pas un agent francophone québécois qui aurait l’étoffe ou la prestance de ce rôle », partage une autre voix qui s’est jointe à la conversation.

Un supporteur de la candidature de Brisson précise qu’il ne verrait pas ce dernier travailler sous Jeff Gorton dans l’organigramme du CH, « mais plus comme un PDG ». Dans un même élan, cette source décrit Kent Hughes comme un homme « compétent, intelligent, un brin réservé » tout en insistant sur la relation de confiance que ce dernier a bâtie avec Gorton au fil des années.

Du champ gauche

C’est de la plume de cet intervenant qu’apparaît pour la seule fois au cours de notre exercice le nom d’Émilie Castonguay. La représentante d’Alexis Lafrenière et Marie-Philip Poulin, notamment, est la seule femme certifiée comme agente par l’AJLNH. Elle est considérée comme une étoile montante dans son domaine et cadrerait dans le désir de diversité évoqué par Geoff Molson en conférence de presse.

« Mi-trentaine, brillante, ambitieuse... elle apprendrait à vitesse grand V avec Jeff Gorton comme mentor. Je la passerais définitivement en entrevue », avance notre observateur anonyme.

D’autres options moins conventionnelles ont émergé de nos recherches. Le nom de Robert Sauvé, 66 ans, a été soulevé comme une possibilité. « Je ne crois pas qu’il y a un agent québécois qui soit totalement prêt à devenir DG des Canadiens de Montréal, ajoute l’auteur de cette proposition sortie du champ gauche. Mais avec le support de Jeff Gorton, peu importe qui va obtenir le job sera ok pour la suite. »

Le fils de Robert Sauvé, Philippe, est ressorti dans nos démarches. Le Néo-Brunswickois Allain Roy, qui compte Nico Hischier, Philipp Grubauer et Jake Allen parmi ses clients, a aussi été mentionné une fois.

Parmi les réponses que nous avons obtenues, deux suggèrent que Gorton et les membres de son comité de recherche regardent tout simplement ailleurs. « Sérieusement, je n’ai rien contre la confrérie, mais si j’étais Molson, je n’en considérerais aucun », débite la plus tranchante.

Les « jeunes loups » et les « petits vieux »

Notre participant le plus loquace a divisé la banque de candidats potentiels en trois groupes : les « jeunes loups », les « anciens » et les « influents ».

Concernant les jeunes qui font leurs dents dans le métier, « peu sont en place depuis assez longtemps dans leur poste actuel pour être le prochain DG du Canadien, estime franchement notre analyste secret. Manque de connaissances en négociation et peu qualifiés, leur réseau de contacts est embryonnaire », argue-t-il.

Notre homme est encore moins tendre envers ses confrères plus expérimentés. « Avec deux ou trois joueurs à leur actif, ils ne font plus rien pour faire grossir leur entreprise et prennent soin de leurs derniers joueurs avant la retraite. Le poste de DG est certainement trop exigeant pour leur agenda. »

L’homme du CH se cacherait donc dans le troisième groupe, conclut-il avec un bémol. « Eux sont prêts pour le poste en question. Par contre, sont-ils prêts à quitter leur entreprise et les dollars qui s'y rattachent, en plus de laisser tomber leurs joueurs, pour devenir DG du Canadien? J'en doute. Tous les agents interpellés diront : "Si le grand club m'appelle je vais écouter". Ils utilisent ça comme un stunt marketing gratuit, mais aucun d'entre eux n’a vraiment l'intention de faire le saut pour les raisons mentionnées plus haut. »