Johan Larsson n’a pas récolté le moindre point à Buffalo vendredi. Il n’a obtenu que 11:22 de temps d’utilisation, n’a tiré qu’une fois sur la cage défendue par Antti Niemi et n’a remporté que cinq des 15 mises en jeu qu’il a disputées.

 

Malgré des statistiques bien timides, on va se le dire, Larsson a joué un rôle de premier plan dans la victoire de 3-2 que les Sabres ont arrachée au Canadien.

 

Larsson a fait basculer la rencontre en faveur de son équipe en sortant complètement Max Domi de sa partie. Cette volte-face s’est produite en fin de troisième période. Le Canadien menait alors 2-1. Sur une séquence passée presque inaperçue – surtout aux yeux des arbitres – le joueur de soutien des Sabres a frappé Max Domi à la ligne bleue du Canadien.

 

Domi n’a pas prisé le coup. Pas du tout. Dès son retour au banc, il a vociféré des tas d’insultes à l’endroit de son agresseur. Ça volait tellement bas que le collègue Marc Denis, campé qu’il était entre les bancs des deux équipes pour analyser la rencontre, a eu le réflexe de peser sur le petit bouton qui coupe son micro. Normalement, on pèse sur ce bouton lorsqu’on sent qu’on va éternuer, tousser ou qu’on doit reprendre son souffle.

 

Dans le cas qui nous occupe, l’ami Marc a «coupé» son micro afin d’éviter que les invectives salées se rendent dans les salons des abonnés de RDS. Une très bonne idée considérant la nature des propos – on a eu droit à un petit échantillon – et le fait qu’il était encore très tôt en soirée…

 

Domi ne s’est pas limité à invectiver Larsson : il s’est mis à chercher noise à tous ceux qui ne portaient pas un chandail bleu-blanc-rouge lors de ses présences successives.

 

« Domi est sorti de son match », m’a alors lancé Bruno Gervais avec qui je préparais l’Antichambre en suivant la rencontre du Tricolore. «Regarde : il s’occupe seulement de Larsson», a-t-il ajouté.

« Domi a perdu le contrôle »

 

Avec raison!

 

Max Domi n’était pas sur la patinoire lorsque Jeff Skinner a nivelé les chances avec 2 :26 à faire en troisième. C’est vrai. Mais parce que Larsson l’a déconcentré, Domi s’est plus concentré sur les moyens à prendre pour répliquer que sur les moyens à prendre pour assurer la victoire de son équipe.

 

Le fait saillant de cette perte de concentration s’est produit en prolongation. Domi a perdu la rondelle en zone neutre. Pour tenter de se reprendre, il a asséné un coup de bâton au défenseur Rasmus Ristolainen qui fonçait alors vers Niemi. Domi a été chassé. Les Sabres ont marqué. Et gagné!

 

Pas question ici de noyer Domi de critiques exagérées. Il demeure la plus belle révélation du Canadien – du moins à mes yeux – depuis le début de la saison. Mais ses 11 buts et 26 points et sa séquence de 11 matchs consécutifs avec au moins un point – séquence qui a d’ailleurs pris fin vendredi – démontrent à quel point sa contribution offensive est étroitement reliée aux succès de son équipe. En fin de troisième période et en prolongation ensuite, le Domi dont le Canadien avait besoin pour mousser ses chances de victoires avait la tête ailleurs.

 

Ça arrive. Et ça arrivera encore certainement parce que le hockey est un sport d’émotions et parce que Domi est un joueur d’émotions.

 

Mais quand ça arrive, on doit le souligner afin de réduire au minimum le nombre de récidives.

 

Dégagement raté

 

Pendant que Domi purgeait sa pénalité, ses coéquipiers ont bien tenté de résister aux Sabres.

 

Mais à trois contre quatre, il est très difficile de bloquer les corridors de tirs et corridors de passes. Il est plus difficile encore de mettre de la pression sur le porteur de la rondelle sans se sortir du jeu et d’offrir des occasions en or à des adversaires aussitôt libres derrière.

 

Lorsque tu as la chance de mettre la lame du bâton sur la rondelle, tu dois absolument réussir à la dégager de ta zone. En prolongation, à court d’un homme, tu dois en plus t’assurer de la rendre jusqu’à l’autre bout afin de permettre un changement qui autrement devient périlleux, voire impossible.

 

Cette occasion s’est présentée au Canadien, mais Jeff Petry a bousillé sa sortie de rondelle. Quelques secondes plus tard, les Sabres célébraient leur victoire.

 

Un autre petit détail qui a eu un impact important sur le résultat du match.

 

Kulak fait bonne première impression

 

Après une séquence de deux, trois, cinq matchs très difficiles défensivement, le Canadien a été meilleur vendredi contre les Sabres. Pas parfait, mais meilleur.

 

Surtout à la ligne bleue.

 

Oui les Sabres ont tiré 40 fois. Oui les Sabres ont profité d’occasions de première qualité aux dépens d’Antti Niemi qui a connu une très bonne sortie. Une sortie au cours de la laquelle il a donné une chance réelle de victoire à son équipe. Le Canadien a quand même donné moins d’occasions en or relevées à Edmonton, Calgary et Vancouver, la semaine dernière; contre les Capitals et les Devils plus tôt cette semaine.

Brett Kulak a montré de belles choses

 

L’entrée en scène de Brett Kulak a certainement contribué à cette amélioration remarquée. À son premier match en carrière avec le Canadien, Kulak a fait bonne première impression : il a passé près de 20 minutes sur la patinoire. Plus que le vétéran Karl Alzner qui effectuait un retour après avoir été rayé lors des cinq dernières parties et neuf des 11 dernières. Plus que le jeune Victor Mete qui a été le défenseur le moins utilisé (14 :20) vendredi.

 

Sans exceller dans une facette du jeu, Kulak a démontré de belles qualités dans plusieurs aspects du jeu. Il s’est porté à l’attaque à quelques reprises. Il a réalisé de bons jeux défensifs aussi. Le plus beau compliment qu’on peut lui adresser est qu’il a contribué à faire mieux paraître David Schlemko qui évoluait à sa droite.

 

Il faudra attendre un échantillonnage plus imposant avant d’y aller d’analyses plus exhaustives dans le cas de Kulak. Mais au terme de sa première partie, on peut dire qu’il donne nettement l’impression d’avoir une centaine de parties d’expérience dans la LNH et qu’il donne surtout l’impression de pouvoir se tailler une place régulière au sein du flanc gauche de la brigade du Tricolore. Un flanc gauche qui bat de l’aide et a bien besoin d’aide.

 

En bref

  • Andrew Shaw a marqué son sixième but et récolté un dixième point à ses huit derniers matchs. Parce que cette séquence a débuté lorsqu’il est venu remplacer Charles Hudon à la droite de Max Domi et Jonathan Drouin, on peut dire que Shaw réussit là où Hudon a échoué. Shaw saisit la chance que Hudon n’a pu saisir lorsqu’il a obtenu un essai de trois parties – au début du mois de novembre, contre Washington, Tampa Bay et les Islanders de New York – au sein de ce trio offensif. Avec comme conséquence que le Québécois s’est retrouvé au sein du quatrième trio et qu’il était sur la galerie de presse vendredi. Avec les retours au jeu de Paul Byron et Joel Armia, il est clair que Shaw aura de meilleures chances de garder son poste qu’Hudon en aura de réintégrer la formation...
     
  • Avec ses 16 et 17e buts marqués en fin de troisième et en prolongation, Jeff Skinner a rejoint David Pastrnak – il affrontait les Penguins en soirée vendredi et sera au Centre Bell contre le Canadien samedi – au premier rang des francstireurs de la Ligue hier. Une explosion offensive qui fait le bonheur des Sabres qui flirtent avec les premiers rangs dans la division Atlantique et l’association Est. Une explosion qui contribuera sans doute aussi au bonheur du principal intéressé. À la dernière année d’un contrat qui l’assure d’un salaire de 6 millions $ cette saison, Skinner deviendra joueur autonome sans compensation le premier juillet prochain. À moins qu’il s’entende d’ici là avec les Sabres. L’un ou l’autre des scénarios devraient permettre à Skinner de toucher une très grosse augmentation de salaire...
     
  • Victime d’une troisième défaite de suite (01-2) pour la première fois seulement de la saison, le Canadien doit profiter de la première escale des Bruins samedi pour retrouver le chemin de la victoire. Jouant en soirée contre les Penguins, les Bruins seront moins reposés de quelques heures que le Canadien. En plus, ils sont décimés par les blessures alors que leurs leaders Patrice Bergeron et Zdeno Chara sont du nombre des éclopés...