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RÉSULTATS

Drouin : tout a basculé le 15 novembre 2019

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Porté en triomphe lorsque le Canadien de Montréal a fait son acquisition le 15 juin 2017, Jonathan Drouin a disputé, jeudi, dans l'indifférence générale ce qui pourrait être son tout dernier match en carrière dans l'uniforme tricolore.

 

Entre la première et la dernière de ses 321 parties avec le Canadien, Drouin a été lapidé de critiques parce que ses performances sur la patinoire stagnaient bien en deçà des attentes. Le Québécois a même eu besoin d'un temps d'arrêt en avril 2021 alors qu'il était sur le point d'être emporté, voire de sombrer, dans le torrent de critiques qui prenaient de l'ampleur autant en intensité qu'en sévérité.

 

En dépit de toutes ces critiques acerbes et parfois carrément violentes qui l'ont contraint à se couper du monde, en dépit des contre-performances répétées sur la patinoire et les blessures physiques et émotives qui ont marqué son passage avec le Canadien, Drouin assure garder de très bons souvenirs de ses six saisons à Montréal.

 

« Il y a eu des hauts et des bas, mais j'ai adoré mes années ici», que Drouin a lancé sans la moindre retenue aux journalistes qui l'entouraient vendredi matin dans le vestiaire du centre d'entraînement de Brossard qu'il visitait peut-être pour une toute dernière fois.

 

Le Québécois de 28 ans assure même qu'il serait prêt à poursuivre son aventure avec le Canadien si l'état-major lui donnait l'occasion de le faire. Ce qui semble loin d'être acquis.

 

« Montréal demeure une super belle place pour jouer au hockey. Le Centre Bell est dans le top-3 des meilleurs amphithéâtres de la Ligue. Et le Canadien s'en va vraiment dans la bonne direction », que Drouin a ajouté.

 

Attentes démesurées?

 

Et les attentes qui demeureraient très élevées?

 

Et les critiques qui reviendraient rapidement le hanter dans l'éventualité qu'il ne puisse répondre aux attentes?

 

« À 28 ans, je suis pas mal plus en mesure de composer avec les critiques. J'ai eu besoin de trois quatre ans pour mettre de côté les aspects négatifs associés au fait de jouer ici. J'ai appris à cesser de tout lire et de tout écouter ce qui me concernait et concernait le Canadien », a témoigné Drouin.

 

Quant aux attentes des journalistes et des partisans, Drouin assure qu'elles n'ont jamais dépassé celles qu'il se fixait lui-même.

 

« Tes attentes étaient bien plus basses que les miennes», que Jonathan Drouin m'a répondu lorsque je lui ai indiqué que je m'attendais à ce qu'il donne un point par match au Canadien au fil de ses six saisons à Montréal.

 

« Le rêve est encore là d'arriver à dépasser ces attentes », a aussi enchaîner celui qui pourra offrir ses services à tous les clubs de la LNH le premier juillet si le Canadien ne lui offre pas de contrat d'ici là.

 

Pourquoi s'est-il contenté de 186 points (48 buts) en 321 parties alors? D'une production de ,579 point par rencontre? Loin, très loin, trop loin du point par rencontre qu'il considérait pouvoir dépasser?

 

Drouin assume sa part de responsabilité. Il admet toutefois que la décision de le placer au centre dès son arrivée avec le Tricolore a ralenti son départ avec le Tricolore.

 

« Quand tu regardes la qualité des joueurs de centre comme Kopitar et Toews, je n'étais pas prêt à relever ce genre de challenge considérant le fait que je n'avais jamais vraiment joué au centre », que Drouin a plaidé.

 

L'avant et l'après Ovechkin

 

Mais il y a aussi eu le 15 novembre 2019. Une date qui a marqué le passage de Drouin à Montréal.

 

Ce soir du 15 novembre, à Washington, contre les Capitals, Drouin a été victime d'une solide, d'une très solide, mise en échec assénée par Alexander Ovechkin. Cette mise en échec a tout fait basculer.

 

« Il y a eu l'avant et l'après cette mise en échec», que Jonathan Drouin a reconnu avec une franchise qu'il a toujours affichée devant les journalistes dont il s'est rarement défilé même s'il a vécu plus de bas que de haut au cours des six dernières saisons.

 

« La mise en échec était légale. Mais je ne l'ai jamais vu venir. Il a «crunché» tous les os de mon corps », a ajouté Drouin qui a tenu à préciser ne pas avoir été blessé sur le coup. De ne pas avoir subi de commotion. De ne pas avoir subi de séquelles particulières. C'est d'ailleurs plus tard au cours de cette rencontre que Drouin a été victime d'une blessure au poignet qui l'a contraint à rater les 55 matchs suivants.

 

Mais cette mise en échec a laissé des traces.

 

Elle a surtout ruiné un début de saison plus que prometteur. Arrivé à Washington avec sept buts marqués et 15 points récoltés au fil des 19 premiers matchs de la saison, Drouin a été blanchi lors des huit dernières rencontres de la saison après son retour au jeu.

 

L'année suivante, il s'est contenté de 23 points (deux buts) en 44 matchs. Il a récolté 20 points (six buts) en 21-22 et c'est avec 29 points (deux buts) en 59 parties qu'il vient de terminer sa dernière saison avec le Canadien.

 

« Je me suis souvent demandé ce qui aurait pu arriver si je n'avais été frappé par Ovechkin et n'avait pas été ensuite blessé lors de cette partie à Washington. Tout était tellement bien parti», que Drouin a plaidé.

 

C'est d'ailleurs lors de cet excellent début de saison 2019-2020 que Jonathan Drouin assure avoir vécu ses plus beaux moments avec le Canadien. Qu'il a vécu le moment fort de sa carrière à Montréal dans une victoire de 5-2, au Centre Bell, aux dépens des Maple Leafs venus de Toronto.

 

« J'avais marqué deux buts et pendant l'entrevue accordée sur la patinoire après le match à titre de première étoile, les fans avaient commencé à chanter mon nom. Ça m'a marqué. »

 

Dernier tour de piste

 

Jeudi soir, dans le cadre de ce qui pourrait être son tout dernier match en carrière avec le Canadien, Jonathan Drouin a été très discret sur la patinoire.

 

Il a décoché un tir qui n'a pas atteint la cible. Un différentiel de moins 2 et un revirement dont les officiels mineurs l'ont rendu coupable sont les seules statistiques associées à son nom au fil des 17 présences totalisant 14 :12 qu'il a effectuées.

 

Drouin a vite retraité au vestiaire alors que ses futurs anciens coéquipiers échangeaient avec les partisans sélectionnés au hasard venus les rejoindre sur la patinoire.

 

« Je suis bien conscient que c'était peut-être mon dernier match. J'avais regardé tout autour durant la partie et je ne voulais pas devenir trop émotif. Je suis resté longtemps dans le vestiaire avec les gars pour tenter de profiter du moment », que Drouin a admis candidement.

 

Comment Jonathan Drouin entrevoit-il l'avenir?

 

« Je n'ai pas réfléchi à ça encore. Si je ne reviens pas avec le Canadien, je profiterai de l'autonomie pour la première fois de ma carrière. J'ai une famille maintenant. Il faudra analyser ce qui sera bon pour moi et pour ma famille. »

 

Est-ce qu'une équipe de la LNH pourrait lui offrir un contrat? Est-ce qu'il devra attendre une invitation à l'ouverture des prochains camps d'entraînement? Est-ce qu'il devra se tourner vers l'Europe pour prolonger sa carrière?

 

À 28 ans, malgré sa propension aux blessures et le fait qu'il soit un joueur capable de donner une cinquantaine de points à une équipe et non d'offrir une moyenne d'un point par rencontre, Drouin pourrait recevoir une offre de contrat dans la LNH.

 

Dans un circuit comptant 32 équipes, quelques formations pourraient s'intéresser à lui et déposer des contrats de courte durée à une fraction du salaire de 5,5 millions $ qu'il touchait en moyenne annuellement avec le Canadien.

 

La grande question est de savoir si le principal intéressé est prêt à accepter ce genre de contrat et un rôle de soutien pour prolonger sa carrière dans la LNH.

 

Lui-seul pourra y répondre.