Maintenant que la date limite des transactions est derrière nous, nous pouvons analyser tous les échanges que Marc Bergevin a réalisés cette saison et les évaluer. Pour garder les choses simples, nous allons seulement nous attarder aux transactions effectuées depuis le début de la saison. Ce ne sont pas non plus tous les échanges qui requièrent une analyse statistique exhaustive.

 

Les transactions doivent être évaluées sous divers angles, tant au niveau des impacts à court terme qu’à long terme sur l’organisation. Un échange sans impact positif ou négatif se verra décerner la note de C.

 

Cette saison, Bergevin a réalisé plus de transactions que ce que vous pourriez croire. Il a effectué neuf échanges, dont sept impliquant des joueurs de la LNH. Pour ce qui est du volume pur de transactions, ce fut la saison régulière au cours de laquelle il a été le plus actif (il avait réalisé huit transactions la saison dernière). Il est cependant possible d’argumenter que ces transactions n’ont pas réellement eu de conséquences. Passons en revue chacun de ces échanges.

 

4 octobre 2017 : Andrea Martinsen est échangé à Chicago pour Kyle Baun

 

Évaluation à court terme – C : Dans la Ligue américaine de hockey, Martinsen a été meilleur que Baun depuis cette transaction, mais aucun de ces deux joueurs n’a fait quoi que ce soit pour se démarquer.

 

Évaluation à long terme – C+ : Plus tard cette saison, Baun a été impliqué dans l’échange de Plekanec. Ainsi, nous pouvons dire que cet échange a minimalement eu un impact positif, permettant ultimement au Canadien de se rajeunir.

 

4 octobre 2017 : Zach Redmond est échangé à Buffalo pour Nicolas Deslauriers

 

Évaluation à court terme – A : Bergevin a échangé un bon défenseur de la Ligue américaine de hockey qui n’arrivait pas à percer la formation pour un joueur pouvant contribuer dans la LNH. S’il devait disputer 82 parties, Deslauriers serait en voie de connaître une saison de 14 buts, tout en évoluant au sein d’un quatrième trio. À court terme, il est difficile de faire mieux que cette transaction.

 

Tableau des échanges de Marc Bergevin

Évaluation à long terme – C : Il y a beaucoup d’engouement autour de Deslauriers, mais la principale raison expliquant sa saison surprenante n’est pas attribuable à ses habiletés, mais à la chance. Deslauriers marque deux fois plus souvent au moment de décocher un tir que sa moyenne en carrière. Alors que la majorité des joueurs du Canadien affichent leurs pires taux de tirs convertis en buts en carrière et leurs pires pourcentages d’arrêts lorsque sur la glace, Deslauriers a été épargné. Il présente le troisième meilleur taux de tirs convertis en buts de l’équipe à 8,11 % et le meilleur pourcentage d’arrêts lorsque sur la glace à 96,63 %. Ces pourcentages gonflés ne révèlent pas le fait que le Canadien ne joue pas bien lorsque Deslauriers est sur la patinoire. De plus, il n’amène pas grand-chose à l’attaque.

 

En effet, au moment de générer des chances de marquer, seuls quatre joueurs dans la LNH ayant joué 300 minutes ou plus à cinq contre cinq génèrent moins de chances de marquer que les 3,25 de Deslauriers pour 20 minutes de jeu. Un de ces joueurs est Jacob de la Rose. Deslauriers connait une bonne saison, mais rien n’indique qu’il sera capable de répéter ses exploits. Il n’est rien de plus que le joueur typique de profondeur, ceux-ci garnissant les rangs des équipes lors du camp d’entraînement.

 

23 novembre 2017 : Torrey Mitchell est échangé à Los Angeles pour un choix de cinquième ronde en 2018

 

Évaluation à court terme – C+ : Le Canadien comptait un nombre trop important de joueurs de quatrième trio et Mitchell touchait un bon salaire. Ainsi, mettre la main sur un choix de repêchage sans prendre un salaire en compensation est une situation gagnante en soi, même si cet échange n’a pas immédiatement amélioré l’équipe, même si vous pouvez argumenter que Byron Froese est un meilleur joueur de quatrième trio que Mitchell.

 

Évaluation à long terme – B : Vous pouvez peut-être affirmer que le Canadien aurait pu obtenir davantage en échangeant Mitchell à la date limite des transactions, mais il a eu un retour intéressant pour un joueur de centre de profondeur dans la trentaine.

 

30 novembre 2017 : Peter Holland est échangé aux Rangers de New York pour Adam Cracknell

 

Évaluation à court terme – C- : Cracknell connait une excellente saison avec le Rocket de Laval, alors que Holland a aussi été très bon avec le Wolf Pack de Hartford, jouant même 17 parties avec le grand club. C’est vraiment un échange de la Ligue américaine qui n’a rien d’une perte, même si le Canadien semble avoir mis la main sur un joueur quelque peu inférieur à l’autre.

 

Évaluation à long terme – C : Cet échange n’aura pas d’incidence à long terme.

 

4 janvier 2018 : Al Montoya est échangé à Edmonton pour un choix conditionnel de quatrième ronde en 2018

 

Évaluation à court terme – B+ : Échanger Montoya, qui connaissait des ennuis à Montréal en présentant un pourcentage d’arrêts de 86,3 %, pour un choix au repêchage et sans avoir à prendre un lourd contrat en retour est une victoire en soi. Son remplaçant, Antti Niemi, offre aussi d’excellentes performances au Canadien, ce qui fait d’autant mieux paraître cette transaction.

 

Évaluation à long terme – A : La condition voulant que le choix au repêchage obtenu pour Montoya passe de la cinquième à la quatrième ronde est qu’il joue sept parties avec les Oilers. À moins qu’Edmonton soit extrêmement mesquin, Montoya n’a plus qu’une partie à disputer pour que cette condition soit satisfaite. Il reste également une année au contrat de Montoya et cet échange ouvre la porte à Charlie Lindgren pour qu’il joue dans la LNH la saison prochaine. Cela risque d’améliorer la situation du Canadien au poste de gardien substitut, tout en lui faisant économiser 312 500$ sur la masse salariale.

 

21 février 2018 : Jakub Jerabek est échangé à Washington pour un choix de cinquième ronde en 2019

 

Évaluation à court terme – D+ : Jerabek performait mieux que plusieurs de ses pairs à Montréal, donc l’échange a empiré la situation de l’équipe à court terme et le choix retenu en retour n’est pas une compensation justifiant la nécessité de cet échange. Malgré tout, ce n’est pas la fin du monde

 

Évaluation à long terme – C+ : Jerabek ne sortait pas du peloton, donc sa perte ne sera pas réellement préjudiciable à long terme. Dans le pire scénario, vous pouvez dire que le Canadien a mis sous contrat un choix de cinquième ronde en 2019 au lieu de Jerabek cet été.

 

25 février 2018 : Tomas Plekanec est échangé à Toronto pour Kerby Rychel, Renat Valiev et un choix de deuxième ronde en 2019

 

Évaluation à court terme – A : Cette transaction n’améliore pas immédiatement l’équipe, mais mettre la main sur trois éléments, en respectant la demande d’un joueur de ne pas être échangé dans l'Association de l’Ouest, tout en envoyant Plekanec chez une équipe avec laquelle il ne pourra pas disputer plus de 999 parties en saison régulière est tout un travail.

 

Évaluation à long terme – A+ : Rychel est un coup de dés, mais j’ai eu le plaisir de parler avec quelqu’un des Marlies qui croit que Valiev est légitimement un espoir à la défense pouvant jouer dans la LNH aussi tôt que la saison prochaine. Ajoutez un choix de deuxième ronde et c’est une excellente transaction à long terme pour le Canadien. Surtout si, comme le veulent les spéculations, Tomas Plekanec revient à Montréal cet été à faible prix.

 

26 février 2018 : Un choix de cinquième ronde en 2019 est échangé Minnesota pour Mike Reilly

 

Évaluation à court terme – C+ : Se départir d’un choix de cinquième ronde pour un joueur de la LNH est rarement un mauvais échange, même si pas grand-chose ne suggère que Reilly améliorera l’équipe à court terme.

 

Tableau des échanges de Marc Bergevin

Évaluation à long terme – C- : Transiger un choix de cinquième ronde en 2019 revient essentiellement à échanger Mike Reilly pour Jakub Jerabek. Bien que Reilly soit deux ans plus jeune que Jerabek, sa carrière dans la LNH est significativement moins intéressante à ce jour. Au Minnesota, il faisait moins bien dans toutes les facettes du jeu. Évidemment, il y a une chance que les choses changent à Montréal, mais en ce moment, il semble que Bergevin ait simplement acquis un autre joueur de profondeur pour paver la voie à des joueurs comme Noah Juulsen et la nouvelle acquisition Renat Valiev.

 

26 février 2018 : Joe Morrow est échangé à Winnipeg pour un choix de quatrième ronde en 2018

 

Évaluation à court terme – B : Malgré un temps d’utilisation important et des chiffres offensifs décents, Morrow a été suffisamment désastreux dans sa zone défensive pour qu’il soit clairement un facteur négatif à Montréal. Le transiger donnera plus de temps de jeu à de meilleurs joueurs, c’est sans parler du choix de quatrième ronde obtenu en retour de ses services.

 

Évaluation à long terme – B : Cet échange rompt avec le modèle de transaction habituel du Canadien au moment de transiger un joueur. Morrow a bénéficié de beaucoup de temps de jeu dans des conditions favorables pour montrer ses habiletés offensives. Suivant la routine habituelle du Canadien, voulant qu’il le laisse sur la galerie de presse pour un minimum de cinq parties consécutives, le Tricolore n’aurait peut-être rien obtenu pour Morrow. Il faut complimenter le Tricolore pour avoir obtenu une compensation en retour d’un joueur de profondeur qu’il a acquis gratuitement lors de la dernière saison morte. À long terme, un choix de quatrième ronde n’apportera probablement pas grand-chose, mais cette possibilité fait quand même en sorte que cette transaction en vaille le coup.

 

Globalement, malgré le nombre important de transactions, Bergevin n’a pas fait grand-chose pour améliorer son équipe cette saison, bien qu’il ait acquis un choix de deuxième ronde, deux choix de quatrième ronde et un choix de cinquième ronde. Bergevin n’a pas réalisé d’échange horrible. Cependant, considérant tout l’espace libre qu’il a eu sur la masse salariale cette saison et son incapacité à améliorer l’équipe plus tôt au moment de sauver la saison, il est difficile d’affirmer qu’il a fait du bon travail.

 

Peaufiner votre équipe de hockey est un bon exercice quand votre noyau est excellent. Toutefois, ces deux dernières saisons, il semble que Bergevin se soit contenté de peaufiner son club, alors qu’il devait grandement l’améliorer. Vous ne pouvez pas toujours attendre la saison morte pour améliorer votre équipe.