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RÉSULTATS

Du rêve à la triste réalité

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Le 2 décembre dernier, au lendemain d'une victoire de 2-1 aux dépens des Flames à Calgary, sa quatrième à ses six derniers matchs, le Canadien se réveillait à nouveau avec deux victoires (12-10-1) au-dessus de la barre de ,500.

C'était la fête!

On célébrait ici le génie créatif de Nick Suzuki. On célébrait là-bas les buts de Cole Caufield. On soulignait avec enthousiasme la renaissance de Kirby Dach et les signes encourageants offerts par Juraj Slafkovsky.

On louangeait, avec plus d'enthousiasme encore, le travail de Martin St-Louis derrière le banc parce qu'il était en mesure de soutirer le maximum de sa jeune équipe. Une équipe qui soulevait passion et enthousiasme parce qu'elle ne lâchait jamais. Parce qu'elle donnait un bon spectacle. Parce qu'elle était toujours dans le coup... ou presque.

Un mois et des poussières plus tard, rien ne va plus. Battu 4-1 par les Rangers venus de New York pour gâcher son retour à domicile et surtout prolonger son passage à vide, le Canadien vient d'encaisser sept revers de suite. Dont les six derniers en temps réglementaire.

Ça fait mal!

« C'est pesant pour tout le monde », a reconnu Martin St-Louis qui convient que son équipe en arrache pas mal. Qu'elle est au plus creux de ce qu'elle a été cette saison. Qu'elle est même plus affectée en ce moment qu'elle ne l'était en fin de saison l'an dernier alors que le Tricolore a perdu neuf fois de suite en temps réglementaire après que Kent Hughes eut échangé tous les joueurs qu'il était en mesure d'échanger afin de gonfler sa banque de choix au repêchage et d'espoirs.

L'enthousiasme fait place au découragement

Sans surprise aucune, l'enthousiasme qui flottait au-dessus du Centre Bell il y a tout juste un mois a piqué du nez.

Les partisans les plus optimismes qui lançaient haut et fort que Kent Hughes devait penser à acheter des joueurs pour mousser ses chances d'accéder aux séries au lieu de vendre ses vétérans afin de mieux préparer le prochain repêchage ont la voix aussi éteinte que leur équipe.

Ils ne sont pas seulement déçus, mais semblent aussi dépités, découragés tant les messages défilant au rythme des buts marqués par les adversaires de leurs favoris sont ternes.

« Où est passée notre équipe? Comment une équipe si belle à voir aller est-elle devenue aussi laide à regarder? La question n'est plus quand le Canadien va-t-il en gagner une autre, mais bien : est-ce qu'il en gagnera une autre? »

Sans compter les critiques virulentes à l'endroit de St-Louis, des vétérans à qui il donne bien des chances – au moins Mike Hoffman a été rayé de la formation jeudi soir – et des gardiens qui ont pourtant volé bien des victoires et des points au classement depuis le début de la saison.

Que s'est-il passé pour que cette équipe qui poussait certains de ses «fans» à rêver aux séries se retrouve si bas un mois et des poussières plus tard? Pour qu'elle se soit contentée de trois gains (3-11-2-0) à ses 16 dernières parties?

Il s'est passé que la réalité a rattrapé le Canadien.

Rien de plus, rien de moins!

Un bon match... dans les circonstances

Le Canadien a disputé un bon match de hockey jeudi face aux Rangers. Je sais, c'est difficile à accepter, mais c'est la réalité.

Sans être parfait, en fait, loin de l'être en fait, le Canadien a disputé un bon match dans les paramètres qui sont les siens.

Des paramètres qui n'avaient rien à voir avec ceux des Rangers. Des paramètres qui n'ont rien à voir avec les clubs qui visent les séries. Des paramètres qui sont propres aux clubs en reconstruction. Des clubs pour qui le tout premier choix du prochain repêchage n'est rien de moins que leur coupe Stanley.

St-Louis voulait de meilleures performances de ses joueurs. Surtout en territoire défensif. Il voulait plus d'implication, de conviction. Il voulait que ses joueurs obligent leurs rivaux à gagner au lieu de leur faire cadeau de la victoire.

Le coach a eu ce qu'il demandait.

Surtout en première période alors que le Canadien est retourné au vestiaire avec une égalité de 0-0 à célébrer. Une égalité qui confirmait qu'à défaut d'avoir été en mesure de générer beaucoup d'attaque, le Canadien s'était bien défendu. Qu'il avait fermé le jeu ! Qu'il avait limité les dégâts!

S'il s'est fait poivrer trois buts de suite en période médiane et qu'en bout de piste il a perdu, c'est tout simplement parce que les Rangers sont bien plus forts que lui.

Les occasions de marquer que le Canadien a bousillées avant que Joel Armia ne prive Jaroslav Halak d'un jeu blanc contre son ancienne équipe en enfilant son premier but de la saison, les Rangers eux les ont converties en but.

Jake Allen a été aussi été généreux sur le deuxième but. Ce qui est vrai.

Allen a ensuite joué de malchance lorsque Suzuki a fait dévier la rondelle au-dessus de son épaule droite et qu'elle s'est retrouvée dans la lucarne et non dans la baie vitrée; c'est vrai aussi.

Comme il est aussi vrai que Halak a effectué quelques gros arrêts pour protéger l'avance de son équipe avant que Filip Chytil ne scelle l'issue de la rencontre dans un filet désert.

De mal en pis

En début de saison, le Canadien arrivait à revenir de l'arrière et à gagner. Après 11 matchs au cours desquels il s'est retrouvé avec un recul de deux buts à combler, le Tricolore avait réussi à gagner trois fois : une victoire en temps réglementaire, une en prolongation et une en tirs de barrage.

Depuis, il a encaissé 13 revers consécutifs après avoir vu l'adversaire prendre les devants par deux buts.

Jeudi soir, il s'est retrouvé avec un déficit de trois buts à combler dans un cinquième match de suite. Il a perdu les 16 matchs au cours desquels cela est arrivé depuis le début de la saison.

Les Rangers ont aussi prolongé à 11 la série de matchs consécutifs au cours desquels le Canadien a obtenu moins de tirs cadrés que ses rivaux. Au fil de ces 11 matchs, il n'a gagné qu'une fois (1-9-1), en Arizona où il s'est sauvé avec un gain en prolongation aux dépens des Coyotes.

Habituez-vous tout de suite : c'est la nouvelle réalité du Canadien et elle ne changera pas beaucoup d'ici la fin de la saison.

Même que ce sera pire si les examens médicaux effectués en soirée jeudi confirment que l'absence de Kaiden Guhle se prolongera au minimum pour un mois. Peut-être deux.

Et peut-être plus encore si l'état-major décide de protéger le genou gauche de son jeune arrière et de lui donner rendez-vous l'automne prochain seulement.

Attendu après le match de jeudi, le bilan de santé a été reporté. On devrait en savoir plus aujourd'hui.

Brendan Gallagher? Mike Matheson?

Les nouvelles ne semblent pas encourageantes pour les deux vétérans non plus. Leurs blessures au « bas du corps » -- Gallagher clopine quand il marche et Matheson a des ennuis à l'aine – sont loin de vouloir se résorber.

Sans compter que Suzuki doit certainement composer avec une blessure qui mine ses moyens, car il semble improbable que ses performances puissent avoir autant piqué du nez tout en étant en forme et en santé.

Du moins, il me semble.

Ajoutez à ça que le Canadien n'a pas encore croisé de gros clubs comme les Bruins, les Hurricanes et les Islanders, qu'il reverra souvent le Lightning, les Leafs et les Rangers et qu'à un certain moment tous ses adversaires sembleront trop forts pour lui et vous avez une idée de ce qui s'en vient d'ici le 13 avril.

Le temps est donc venu de rappeler, et il faudra le rappeler souvent au cours des prochaines semaines, que le mot d'ordre en début de saison était : patience!

Cette patience sera mise à rude épreuve au fil des 43 derniers matchs du calendrier régulier. Et elle pourrait éventuellement être récompensée par un certain Connor Bedard qui, si vous ne l'avez pas encore vu jouer au hockey, a tous les atouts pour compléter de la meilleure façon qui soit une grande reconstruction.