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Juraj Slafkovsky repêché par les Canadiens

Juraj Slafkovsky Juraj Slafkovsky - PC
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MONTRÉAL – Le suspense est terminé. Après des mois de spéculation, c'est Juraj Slafkovsky qui a enfilé le maillot du Canadien sur l'estrade du Centre Bell pour lancer la première ronde du repêchage 2022 de la Ligue nationale.

Slafkovsky a donc été préféré à Shane Wright et Logan Cooley, les deux autres attaquants dont le directeur général Kent Hughes disait envisager les candidatures en début de semaine.

L'annonce du choix, faite par Hughes, a été accueillie par de timides huées enterrées sous de bruyants applaudissements. Après avoir fait l'accolade aux membres de sa famille, Slafkovsky a été félicité par Wright et Cooley avant de compléter sa marche vers l'estrade.

« Je ne pense même pas que j'ai entendu mon nom, a raconté l'élu de l'équipe hôtesse, visiblement ému, quelques minutes après sa sélection. J'ai entendu " Slovaquie " et je suis tombé sous le choc. Je tremblais, j'avais la chair de poule. C'est un sentiment incroyable pour moi. »

Slafkovsky est devenu le premier joueur slovaque repêché au tout premier rang de l'encan amateur de la LNH. Marian Gaborik, choisi au troisième échelon par le Wild du Minnesota en 2000, était jusque-là son compatriote le mieux coté dans l'histoire du repêchage. Le défenseur Simon Nemec, un autre Slovaque, a été le choix des Devils du New Jersey au deuxième rang.

Slafkovsky est aussi devenu le premier joueur choisi par le Canadien au tout premier rang depuis Doug Wickenheiser en 1980.

Espoir plutôt anonyme il y a un an, l'ailier gauche de 6 pieds 4 pouces s'est depuis propulsé à l'avant-scène grâce à de spectaculaires performances dans les plus grandes compétitions internationales. Il a marqué sept buts en autant de matchs aux Jeux olympiques de Pékin, puis a amassé neuf points en huit matchs au Championnat du monde au printemps.

Le seul bémol sur sa feuille de route demeure sa production avec TPS dans la première division du championnat finlandais. En 31 parties, il a été limité à cinq buts et autant de mentions d'aide. À la semaine d'évaluation des espoirs à Buffalo, début juin, Slafkovsky avait justifié ces modestes statistiques en citant son temps d'utilisation limité et le style plus conservateur préconisé par son entraîneur.

Une bombe de confiance et de charisme, Slafkovsky a multiplié les citations fracassantes lors de ses dernières apparitions publiques. À Buffalo, il avait déridé son auditoire en disant que les deux rencontres qu'il avait eues avec les dirigeants du Canadien avait eu « meilleur goût qu'un steak », faisant référence au fait qu'il n'avait pas reçu d'invitation à souper du CH. Quelques semaines plus tard, il a affirmé que si le Canadien cherchait un ailier pour compléter un trio avec Cole Caufield et Nick Suzuki, il n'avait qu'à lui faire signe. 

Il faut croire que Hughes, Jeff Gorton et leur équipe de recruteurs ont aimé l'idée.

Slafkovsky avait eu une rencontre avec les dirigeants du Canadien jeudi, une ultime ronde de questions à laquelle avait assisté le propriétaire de l'équipe Geoff Molson. Le principal intéressé s'est dit surpris par la présence du grand patron, mais a sinon assuré que le rendez-vous n'avait eu « rien de spécial » et ne lui a pas mis la puce à l'oreille quant aux intentions de ses interlocuteurs.

« Ils m'ont demandé des choses qu'ils m'avaient déjà demandées. On a parlé pendant 20, 30 minutes. Ils m'ont dit qu'ils m'aimaient, ils m'ont souhaité bonne chance... mais je n'avais aucune idée de ce qui s'en venait! »

Avant de se présenter devant les médias, Slafkovsky avait eu un aperçu de ce qui pourrait l'attendre dans l'intransigeant marché montréalais. À son arrivée sur le tapis rouge, passage obligé des meilleurs espoirs avant d'accéder à l'amphithéâtre, il avait été ciblé par les huées de quelques amateurs qui ne souhaitaient visiblement pas qu'il joigne les rangs du Bleu-blanc-rouge.

Bon joueur, le jeune homme de 18 ans a mis cette réaction sur le compte de la passion des partisans.

« Peut-être que certains d'entre eux ne m'aimaient pas, mais je vais faire tout ce que je peux pour bien jouer pour cette équipe. Peut-être qu'un jour ils apprendront à m'aimer. »

Plus tard, alors que les Blackhawks de Chicago annonçaient la sélection de Frank Nazar au 13e rang, la foule s'est levée avec fracas quand Slafkovsky est apparu dans les escaliers de la section 116, en route vers un studio de télévision aménagé dans les gradins. Le nouveau héros local a serré des mains et reçu plus de tapes dans le dos qu'un politicien en campagne dans une circonscription gagnée d'avance. Déjà, la réconciliation était amorcée.

La prochaine question concernera maintenant sa capacité à se tailler un poste avec le grand club dès l'an prochain. Slafkovsky a déjà affirmé publiquement qu'il s'agissait de son objectif. Reste à voir si ce souhait cadrera avec la volonté de ses patrons.

Plus tard en soirée, le CH a sélectionné un compatriote de Slafkovsky, alors qu'il a annoncé la sélection au 26e rang de Filip Mesar, un ailier droit évoluant à Poprad en Extraliga.