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RÉSULTATS

La complaisance s'installe!

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MONTRÉAL – Le Canadien a perdu. Encore! 

Il vient d'encaisser quatre revers de suite. Ça lui en fait 10 – un seul en prolongation – à ses 13 derniers matchs. Treize rencontres au fil desquelles il a accordé trois buts et plus à 11 reprises, et 55 au total.

Oui c'est beaucoup. C'est même trop!

Perdre aussi souvent que le Canadien perd depuis la visite des Sénateurs d'Ottawa et de leurs « Dancing Queens » de mères le 18 janvier dernier – une dégelée de 6-2 encaissée au Centre Bell – c'est « plate ». Plate pour les joueurs. Plate pour l'entraîneur-chef. Plate pour les partisans. Plate pour tout le monde.

Mais ce n'est pas grave. Du moins pas trop.

Ce qui pourrait devenir grave par exemple, et même très grave, c'est que le Canadien décide de se complaire dans la défaite.

Et vous savez quoi? Le Canadien donne malheureusement des signes de complaisance dans la défaite depuis quelques matchs.

Et ça, c'est vraiment inquiétant.

Le Canadien donne des signes évidents de commencer à se complaire dans la défaite alors qu'il répète les mêmes erreurs sur la patinoire. Les mêmes erreurs coûteuses qui ouvrent la porte à des buts de l'adversaire; qui transforment quelques signes encourageants relevés ici et là en revers décevants.

Où est la patience agressive?

Le Tricolore donne aussi des signes de complaisances dans sa manière de commenter les défaites. De les analyser. De les accepter.

Pas question ici de demander à Martin St-Louis de tout casser après les défaites répétées de son équipe. 

Pas question non plus de remettre en question la décision d'un jeune entraîneur-chef qui, encore avant-hier, suait sang et eau sur la patinoire au lieu de s'arracher les cheveux derrière le banc, de lapider de critiques les joueurs qui tirent son club vers le bas au lieu de le pousser vers le haut.

On comprend tous que St-Louis compose avec des effectifs réduits. Que sa formation manque cruellement de profondeur à l'attaque et d'expérience à la ligne bleue en plus d'être minée par les blessures.

Mais quand le coach indique qu'il relève plus de points positifs que de points négatifs dans un revers de 4-1, qu'il s'en remet au fait que ses adversaires transforment en buts les erreurs commises par ses joueurs alors que ses joueurs n'arrivent pas à profiter des erreurs commises par leurs rivaux, qu'il reconnaît que son équipe perd de la même manière match après match, il donne des signes de complaisance.

Et on doit lui faire remarquer.

Comme on doit aussi lui indiquer que les changements rendus difficiles en périodes médianes en raison de l'éloignement des bancs des joueurs devraient l'être tout autant pour les joueurs adverses que pour les siens.

Et pourtant, les adversaires ont marqué 11 buts de plus que le Canadien (19-8) en deuxième période au fil des 10 derniers revers.

En septembre dernier, alors que Jeff Gorton et Kent Hughes avaient tenté de faire passer – même de travers – dans la gorge des partisans que le Canadien ne formait pas encore un club prêt à accéder aux séries tout en implorant la patience de tout un chacun, Martin St-Louis avait répliqué qu'il avait l'intention d'être patient oui, mais qu'il afficherait une patience agressive. 

À ce moment-ci de la saison, alors que son équipe perd très souvent et que tout indique qu'elle perdra avec la même régularité d'ici la fin du calendrier, il serait crucial de sentir un brin d'agressivité dans la patience du coach. 

Car depuis quelques matchs, on sent plus de sérénité – il est encore trop tôt pour parler de passivité – que d'agressivité dans la gestion du coach. Et sans une forme, aussi contenue soit-elle d'agressivité dans la patience de l'état-major, la complaisance dans la défaite remarquée au fil des derniers revers pourrait s'installer pour le bon. Avec toutes les conséquences néfastes que cela pourrait entraîner.

Erreurs répétées

Toute forme de complaisance dans la défaite est inacceptable. Totalement inacceptable puisqu'elle mettrait en péril la culture que la direction tente d'instaurer dans le vestiaire pour la transposer dans la manière de jouer sur la patinoire.

Et en ce moment sur la patinoire, le Canadien est son pire ennemi.

Les exemples sont nombreux :

Pensons aux mauvaises applications du système en zone défensive avec les résultats que des rivaux trop souvent oubliés dans la zone payante se font offrir des occasions de marquer en or en guise de cadeaux ou peuvent se concentrer à faire dévier une rondelle tirée de la pointe sans la moindre crainte de représailles.

Oublier un adversaire dans l'enclave de temps en temps, passe toujours, mais là, c'est rendu un problème chronique.

Comme les pénalités à l'image de celle totalement injustifiée dont a écopé Brendan Gallagher, jeudi, à Pittsburgh, les trois très mauvaises écopées par Juraj Slafkovsky, mardi, contre Buffalo, les cinq écopées dans le revers de 7-2 aux mains des Blues.

Le Canadien a offert 33 attaques massives à ses adversaires au fil de ses dix dernières défaites.

Ces 33 pénalités n'étaient pas toutes mauvaises, ou très mauvaises.

Mais quand une équipe se défend aussi mal que le Canadien se défend encore cette année à court d'un homme, il est crucial de limiter au minimum les désavantages numériques.

On sait tous maintenant – du moins je l'espère – que Jake Evans et Joel Armia ne sont pas des sources de solutions pour le Canadien. Qu'ils ne seront plus avec le club lorsqu'il sera en mesure de parler avec sérieux d'une possibilité d'accéder aux séries!

Mais si, en plus d'être aussi timides à l'attaque, ils sont incapables d'afficher un brin d'efficacité en désavantage numérique, de se donner corps et âme à la cause de leurs coéquipiers pour sauver un but ici et là, pourquoi ne pas donner la chance à d'autres?

Pourquoi les renvoyer encore et encore comme s'il était normal d'accepter que le désavantage numérique du Tricolore soit aussi généreux?

Je sais, ça ne se bouscule pas au portillon. Les troisième et quatrième trios du Canadien ont plus des allures de trios de la Ligue américaine, que de trios de la LNH.

Mais ce n'est pas une raison de tout accepter.

Cela dit, Martin St-Louis a lancé une petite flèche à ses patrons après la défaite de jeudi à Pittsburgh. Une petite flèche qui m'incite à croire qu'il évitera peut-être le piège de s'enliser dans une complaisance néfaste.

Quand Martin St-Louis a indiqué que le manque de « finition » de ses joueurs expliquait en partie les ennuis récents de son club, quand il a souligné que l'effort déployé était soutenu, qu'il le satisfaisait, mais que les résultats ne suivaient pas, le coach a remis en cause la qualité de la formation mise à sa disposition.

Comme quoi il n'est pas encore prêt à tout accepter sans broncher.

Il y a au moins ça de positif... pour l'instant!

C'est congé aujourd'hui pour le Canadien au New Jersey. Espérons que l'effervescence de Manhattan – je ne peux pas croire qu'un seul membre de l'organisation se confinera dans le marasme de Newark au lieu de traverser le Hudson – saura raviver une équipe qui a grandement besoin d'être ravivée.