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RÉSULTATS

La grande fascination des gardiens

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MONTRÉAL - L'attention accordée aux gardiens du Canadien date de la première mise en jeu déposée lors du tout premier match de l'histoire de l'équipe.

 

Depuis, elle ne s'est jamais étiolée.

 

Au contraire! Cette attention aux allures de fascination a ouvert la voie à des polémiques aussi régulières que les changements de saison. À des polémiques qui ont soulevé au fil des années des tempêtes médiatiques plus fortes que celles associées aux changements climatiques.

 

Jacques Plante n'y a pas échappé. Pas plus que Rogatien Vachon ou le grand Ken Dryden. Saint Patrick Roy a été chassé de Montréal couvert de goudron et de plumes qu'il a pu nettoyer dans la coupe Stanley qu'il est ensuite allé gagner au Colorado avec les anciens Nordiques.

 

Dans les belles années de 110 %, le grand manitou Éric Lavallée, celui qui savait comment attiser les passions pour obtenir la bisbille quotidienne qui a rendu cette émission si populaire pendant des années, trouvait le moyen de faire au moins trois débats par semaine sur José Théodore. Pourquoi? Parce que le sujet des gardiens et le fait que « Théo » était tellement polarisant que le « show » était assuré de lever!

 

Que ce soit sur la patinoire, à l'extérieur de la glace ou par le biais des médias sociaux que son épouse manipulait avec doigté, Carey Price a été plus polarisant encore. On entend encore les échos des débats Price ou Halak…

 

« Seulement à Montréal », que lançaient les collègues des autres villes lorsqu'ils faisaient escale au Centre Bell en cherchant à comprendre ce débat difficile à comprendre et même impossible à expliquer!

 

Montembeault : numéro un… de trois!
 

Et nous voici donc rendus à Samuel Montembeault et au damné ménage à trois qu'il partage avec Jake Allen et Cayden Primeau.

 

Il me semble qu'on est à des années-lumière des polémiques associées à Patrick, à Théo ou à Carey. Pourtant, on dirait que c'est le seul problème qui hante le Canadien cette année.

 

Bien que ce ménage à trois soit loin d'être avantageux pour l'un ou l'autre des gardiens, il est loin d'être la tare décriée à l'unisson. Plus loin encore d'être un manque de respect à l'endroit de Samuel Montembeault que le Canadien prive de son titre de gardien numéro un.

 

Est-ce que Montembeault joue moins souvent parce que Martin St-Louis doit faire jouer les deux autres de temps en temps? Bien sûr! Mais pas au point de crier à l'injustice.

 

Surtout que Martin St-Louis ne s'est pas seulement contenté de souligner après la performance époustouflante de Montembeault – 46 arrêts, dont six en prolongation et trois consécutifs en tirs de barrage, pour assurer la victoire de 4-3 aux dépens des puissants Rangers de New York – que son gardien «jouait comme un numéro». Il lui accorde maintenant le traitement réservé à un numéro un.

 

Après une sortie ordinaire à Tampa Bay, Samuel Montembeault a été renvoyé devant la cage du Tricolore dès le match suivant à Dallas. Le coach lui a donc offert le traitement qu'on réserve à un numéro un : celui d'aller se reprendre le plus rapidement possible au lieu d'aller ruminer pendant trois, cinq, dix jours avant de revoir le filet.

 

À Dallas, Samuel Montembeault a su maximiser la confiance démontrée à son endroit par St-Louis.

 

Pourquoi ne pas avoir offert alors le match de jeudi, contre les Sabres, à Montembeault plutôt que d'avoir envoyé Jake Allen devant les partisans du Tricolore dans le cadre du retour au Centre Bell après le long voyage des Fêtes?

 

Parce que Samuel Montembeault, aussi brillant a-t-il été samedi face aux Rangers, aussi brillant a-t-il été à Dallas contre les Stars, et aussi bon soit-il dans l'ensemble depuis le début de la saison, est le gardien numéro un… d'un groupe de trois!
 

ContentId(3.1437344):Antichambre : Montembeault s'est dressé tel un rempart (LNH)
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Et sans vouloir le moindrement porter ombrage à ses performances des derniers matchs, Samuel Montembeault n'est pas, du moins pas encore, un gardien numéro un comme le sont les Andreï Vasilevskiy, Igor Shesterkin, Connor Helleybuyck, Juuse Saros, Jake Oettinger ou Sergeï Bobrovsky qui a retrouvé ce statut cette année après les séries sensationnelles qu'il a connues avec les Panthers le printemps dernier.

 

J'ajouterais qu'à voir la piètre qualité de l'effort déployé par les joueurs du Canadien face aux Sabres, c'est loin d'être un affront que Martin St-Louis a réservé jeudi dernier. Il lui a peut-être même rendu un fier service en envoyant plutôt Jake Allen devant la cage du Tricolore lors d'un premier match à la maison toujours difficile au retour d'un long voyage.

 

Samedi, face aux Rangers, Montembeault a excellé, on en conviendra tous. Du moins je l'espère. Comme on devrait tous convenir que devant lui, ses coéquipiers défenseurs comme attaquants ont été beaucoup plus efficaces dans toutes les facettes du jeu qu'ils ne l'avaient été devant Jake Allen jeudi.

 

Samedi, les joueurs du Canadien ont aidé leur gardien à exceller. Jeudi, ils lui avaient nui bien plus qu'autre chose en donnant un libre accès à la zone payante aux Sabres.

 

En attente d'une transaction

 

Le ménage à trois n'est pas optimal. Il est même désagréable pour tout le monde. À commencer par les principaux impliqués. Mais dans les faits, le gardien le plus affecté n'est pas Samuel Montembeault. C'est Cayden Primeau.

 

Plutôt qu'attendre trop longtemps un prochain départ avec le Canadien, Primeau devrait être devant la cage du Rockets trois matchs sur quatre afin de maximiser son développement. Afin de bien le préparer à devenir l'adjoint de Samuel Montembeault lorsque Jake Allen sera échangé. Ou à poursuivre son développement avec une autre organisation si c'est lui qui permet à Kent Hughes de conclure la meilleure transaction possible pour mettre un terme au ménage à trois.

 

L'état-major sait qu'au moins une équipe réclamera Primeau au ballottage si jamais le Canadien décide de le retourner dans la Ligue américaine.

 

C'est pour cette raison qu'il est toujours avec le grand club.

 

Pourquoi alors ne pas céder Jake Allen qui devrait être boudé en raison du salaire de 3,85 millions $ qu'il encaisse cette année et encaissera encore l'an prochain?

 

Parce que cela n'aiderait en rien le maintien de sa valeur en vue d'une éventuelle transaction autour de la date limite du vendredi 8 mars.

 

Le plus gros problème du Canadien dans sa quête de transiger un gardien est que les équipes en urgente quête de renfort devant le filet hier, ne le sont plus autour aujourd'hui.

 

À Edmonton, les Oilers gagnent. En Caroline, les Hurricanes gagnent eux aussi. Les Devils ont toujours des lacunes devant le filet, mais ils sont de retour en séries. Et bien honnêtement, ils sont certainement plus préoccupés par l'état de santé de Jack Hughes que par l'acquisition d'un gardien. À Toronto, Martin Jones est en voie de racheter toutes les erreurs commises l'été dernier par le nouveau directeur général des Leafs Brad Treliving.

 

Pour l'instant, les gardiens du Canadien ne sont donc pas au centre de grandes négociations. Même si l'état-major est loin de demander la lune en retour. Du moins, c'est ce que je crois comprendre.

 

Et si un directeur général décidait de passer des paroles aux actes dans un avenir rapproché, la principale cible devrait être John Gibson des Ducks d'Anaheim. Du moins sur le plan du talent. Car sur celui des finances, le salaire moyen du gardien de 30 ans – 6,4 millions $ jusqu'en 2026-2027 – représente un boulet que bien des clubs ne peuvent traîner. Sans oublier que Gibson détient une clause à son contrat qui lui permet d'identifier 10 clubs vers lesquels il acceptera d'emblée d'aller. Ça ne veut pas dire qu'il soit impossible de négocier d'autres destinations, mais ce n'est pas acquis.

 

D'où l'importance pour le Canadien d'avoir Jake Allen et Cayden Primeau le plus souvent possible actifs avec le grand club afin d'être prêt à réagir au moindre changement de situation autour de la Ligue.

 

Surtout que le Canadien, avec Carey Price, Kirby Dach et maintenant Christian Dvorak inscrits sur la liste des blessés à long terme, pourrait se permettre de maximiser les chances d'échanger un de ses gardiens en acceptant un vilain – et même très vilain – contrat en plus de l'espoir ou du choix au repêchage que l'état-major a dans la mire.

 

Il est impératif de prendre cette réalité en compte quand vient le temps d'analyser la situation des gardiens à Montréal.

 

Qu'il soit numéro un, numéro deux ou même numéro trois, les gardiens du Canadien ont tous le même mandat : donner une chance de gagner à leur équipe.

 

Samuel Montembeault l'a fait à merveille à ses deux derniers départs. Jake Allen et Cayden Primeau devront l'imiter tant et aussi longtemps que le ménage à trois ne sera pas dissous.

 

Les trois gardiens, qui ont tous «volé» des matchs cette année, devront surtout éviter de donner des matchs. Car s'ils n'offrent pas à Martin St-Louis des motifs suffisants de les envoyer devant la cage, c'est là que la situation, déjà difficile à comprendre du ménage trois, deviendra plus difficile encore à défendre.