Après un parcours aussi improbable qu’incroyable en séries, culminant avec la première présence en finale du club depuis 1993, le CH doit déjà se tourner vers l’an prochain. Au cours du prochain mois auront lieu le repêchage d’expansion, le repêchage amateur, et la période des joueurs autonomes. Marc Bergevin a bien du pain sur la planche dans les prochaines semaines et l’un des dossiers les plus cruciaux sur son bureau est celui du prochain contrat de Phillip Danault.

 

Avant de plonger plus loin, je veux mettre une chose au clair: dans un monde idéal, Phillip Danault n’est pas un centre de premier trio. Il est certainement capable de remplir le rôle au besoin, comme il l’a fait de façon admirable pour le CH depuis quelques années, mais il manque de punch offensif pour véritablement être un centre de premier plan dans la LNH. Son rôle idéal est plutôt similaire à celui qu’il avait lors du parcours du Canadien jusqu’en finale de la Coupe Stanley.

 

Avec le trio de Suzuki qui s’est établi comme l’option numéro un offensivement, l’unité de Danault s’est concentrée sur le jeu défensif, et ce, avec brio. Sa production offensive a chuté, avec seulement 4 points en 22 matchs, mais il a réussi à ralentir les meilleurs effectifs adverses. Auston Matthews, Mitch Marner, Kyle Connor, Blake Wheeler, Nikolaj Ehlers, Max Pacioretty, Mark Stone, et Brayden Point n’ont combiné que pour 4 buts contre Montréal en séries et ce, en grande partie grâce au travail de Danault. Il était aussi une pièce maîtresse du désavantage numérique du Canadien qui a terminé les séries avec un taux d’efficacité de 91,8%, 7e dans l’histoire de la LNH (minimum 40 désavantages numériques).

 

Évidemment, je ne suggère pas que Danault devrait complètement abandonner son côté offensif pour devenir un centre purement défensif. C’est plutôt un exemple de l’impact qu’il peut avoir lorsque les responsabilités offensives d’un centre de premier trio ne reposent pas sur ses épaules. Avec Suzuki qui va fort probablement prendre le rôle de premier centre en 2021-22, Danault serait le 2e ou 3e pivot pour le CH s’il est de retour, dépendamment des progrès de Jesperi Kotkaniemi.

 

Et c’est là où les choses se compliquent.

 

Une question d’argent

 

Bien que Danault est le plus gros dossier à régler pour Marc Bergevin cet été, il est loin d’être le seul. Tomas Tatar, Corey Perry, Eric Staal, Joel Armia, Jon Merrill, et Erik Gustafsson sont eux aussi joueurs autonomes sans compensation, tandis que Artturi Lehkonen et KK sont joueurs autonomes avec compensation. Selon Capfriendly, le CH dispose présentement d’un peu plus de 14 millions $ de marge de manœuvre sous le plafond salarial avec une grande partie de la profondeur du club qui doit être resignée ou remplacée.

 

Pour son prochain contrat, il serait très étonnant de voir une figure en dessous de 5 millions $ annuellement. Selon plusieurs rapports, Danault aurait refusé un contrat de cette valeur annuelle exacte sur une période de 6 ans plus tôt cette saison. C’est également l’entente exacte paraphée par Jean-Gabriel Pageau avec les Islanders. Pageau est non seulement un bon comparatif côté contrat, mais également pour leur performance sur la glace. En fait, le centre des Islanders est essentiellement un Danault-lite.

 

Phillip Danault vs Jean-Gabriel Pageau

 

Pageau n’hésite pas à sacrifier son corps pour bloquer des tirs, mais sinon défensivement c’est avantage Danault à tous les chapitres. Il a un bien meilleur bâton défensif et excelle pour briser les jeux adverses en bloquant les lignes de passes, en plus de remporter plusieurs batailles pour la rondelle le long des bandes. Ces talents lui ont valu une place dans le top-7 des votes pour le trophée Selke lors de chacune des trois dernières saisons.

 

Offensivement, Pageau est un meilleur franc-tireur, avec 40 buts lors des 2 dernières saisons contre 18 pour Danault, mais c’est avantage au numéro 24 pour les mentions d’aides (53-30 au cours de la même période). Bref, deux joueurs qui excellent défensivement et peuvent apporter une production offensive secondaire.

 

L’entente de Pageau est sans aucun doute un point de départ pour les deux camps. De là, il sera intéressant de voir quels compromis seront faits des deux côtés. Est-ce que Danault est prêt à accepter un rôle réduit pour rester à Montréal, puisqu’il est assez clair que le rôle de premier centre ne lui appartient plus? À quel point Bergevin est-il prêt à surpasser la marque des 5 millions $ par année pour un joueur qui idéalement serait un 3e centre? Est-ce que le directeur général du CH tentera de créer plus d’espace sous le plafond salarial en échangeant quelques contrats comme ceux de Jonathan Drouin ou Paul Byron?

 

Il faut aussi penser à plus long terme que seulement cette saison. Au cours des deux prochaines années, Nick Suzuki, Alexander Romanov, et Cole Caufield auront besoin de nouveaux contrats qui viendront sans doute avec des augmentations notables. Bref, une tonne de variables dont Marc Bergevin doit peser le pour et le contre d’une nouvelle entente avec une des pièces maîtresses du CH au cours des dernières saisons.

 

Il ne fait aucun doute que le CH est un meilleur club avec Phillip Danault dans l’alignement, là n’est pas la question. Il faut plutôt se demander, est-ce la bonne décision pour le club à long terme? Marc Bergevin n’a que quelques semaines pour prendre une décision finale.

 

Qu’en pensez-vous? Est-ce que le Canadien devrait mettre Phillip Danault sous contrat? Si oui, à quel prix? Faites-nous savoir dans les commentaires.