Lane Hutson et Logan Mailloux sauvent la face

Après avoir laissé filer quatre avances d'un but pour finalement s'incliner 5-4 en tirs de barrage, samedi, à Ottawa, voilà que le Canadien s'est fait poivrer quatre buts sans riposte pour finalement s'incliner 5-4, mais cette fois en prolongation, lundi, à Detroit.

Deux effondrements pareils devaient normalement faire rager n'importe quel entraîneur-chef, rendre marabouts tous les joueurs de son équipe et soulever l'ire de leurs partisans.

Du moins il me semble.

Mais comme toute l'attention était centrée, lundi soir, sur l'entrée en scène de Lane Hutson et que le jeune défenseur américain a su profiter de son premier match en carrière pour faire très bonne première impression, les avances de 2-0 et 4-1 que le Canadien a bousillées sont passées pratiquement inaperçues.

Même que l'entraîneur-chef Martin St-Louis semblait tout à fait enclin à composer avec la remontée victorieuse des Red Wings qui « étaient difficiles à contrer parce qu'ils jouaient pour leur survie, qu'ils jouaient avec instincts et qu'ils trichaient un peu plus qu'à la normale ».

Ah bon!

J'ai bien hâte de voir si le coach du Canadien composera aussi bien avec les défaites, comme celles que son équipe a encaissées lors des deux derniers matchs, avec autant de zénitudes la saison prochaine.

J'ose espérer que non!

Et comme si la haute direction tenait à appuyer son entraîneur-chef et surtout à éviter que les déconfitures qui ont mené aux deux derniers revers ne viennent briser l'élan d'optimisme créé par l'arrivée de Hutson, elle a annoncé tout de suite après la rencontre le rappel de Logan Mailloux.

Rien de moins!

Après avoir reçu le feu vert que Gary Bettman devait lui offrir pour mettre un terme au purgatoire imposé par la LNH à la suite de ses démêlés avec la Justice suédoise il y a deux ans, Mailloux sera donc en uniforme, mardi soir, pour disputer son premier match dans la LNH dans le cadre du tout dernier de la saison du Tricolore.

Le grand Alain Choquette n'aurait pas fait mieux pour faire disparaître deux contre-performances du Tricolore.

Les plus grands spécialistes en gestion d'images auraient difficilement pu trouver un meilleur plan pour permettre au Canadien de renouer une dernière fois avec ses partisans, mardi, dans un Centre Bell où le Tricolore terminera donc sa saison sous le signe de l'espoir et non du désespoir.

Et si, en prime, Hutson et Mailloux disputent de forts matchs – ce que je leur souhaite soit dit en passant – et qu'ils contribuent directement ou indirectement à une victoire du Canadien, il faudra alors crier au génie!

Hutson : fidèle à sa réputation

Attendu comme un sauveur, Hutson a été fidèle à sa réputation.

Utilisé à profusion – 23 présences totalisant 21 min 54 s – le jeune arrière a prouvé être déjà prêt à déployer son talent offensif dans la LNH.

Dès sa deuxième présence, il a dansé à la ligne bleue avec la rondelle avant de plonger en zone ennemie pour orchestrer le jeu qui a mené au but de Brendan Gallagher qui a donné les devants 1-0 au Canadien dans le match.

Et qui lui a permis de récolter sa première mention d'aide.

Plonger en zone ennemie, Hutson l'a fait plusieurs fois, avec comme sans la rondelle, histoire d'aller appuyer l'attaque. Il l'a même fait en prolongation alors qu'il a frappé à la porte du but des Red Wings tout juste avant la contre-attaque qui a permis à Lucas Raymond de sceller l'issue de la rencontre et d'offrir aux Wings, une victoire dont ils avaient besoin pour rester dans la course aux séries. Une course à quatre – avec les Capitals de Washington, les Penguins de Pittsburgh et les Flyers de Philadelphie – pour obtenir la dernière des deux places réservées aux clubs repêchés.

« Le jeu à trois contre trois est fait pour lui. Mais à cinq contre cinq, ses touches étaient très bonnes. Il n'est pas gros, mais a un bon coup de patin. Il amène une belle énergie. Il est actif. Il a fait de bonnes passes en sorties de zone », a commenté, avec raison, St-Louis après le match.

Le coach aurait sans doute aimé lui offrir du temps d'utilisation en attaque massive. Un aspect qui devrait être un tremplin de premier plan pour Hutson.

Mais comme le Canadien n'a pas obtenu la moindre supériorité numérique, il faudra attendre à mardi pour le voir à cinq contre quatre.

Mais ça, c'est si le Canadien pousse ses adversaires à la faute. Ce qu'il n'a pas fait beaucoup encore hier soir étant bien plus souvent aux trousses des Wings que les Wings ne l'étaient des siennes.

En passant, c'était la sixième fois cette saison que le Canadien n'obtenait pas un seul avantage numérique. Et c'est bien plus de sa propre faute que de celle des arbitres...

Implication défensive

Pour le reste, vrai que Hutson est petit. Il est très petit même alors que Rafaël Harvey-Pinard et Jake Evans semblent bien gros à ses côtés.

Mais dans le cadre de son premier match, son petit gabarit, pas plus que son âge et son manque d'expérience, n'a semblé le ralentir. Ou le placer sur la défensive.

Parlant de défensive, Hutson ne sera jamais un Rod Langway. Mais ce n'est pas pour devenir un mur défensif que le Canadien l'a sélectionné en deuxième ronde (62e sélection) au repêchage de 2022. Et c'est sans l'ombre d'un doute pourquoi St-Louis l'a confié à David Savard pour son premier match. Il ne faudrait pas se surprendre que Savard agisse encore comme « parrain » mardi alors que les Wings compléteront leur doublé contre le Canadien, au Centre Bell.

Cela dit, s'il s'est rendu coupable de quelques erreurs en zone défensive – il a suivi Patrick Kane jusqu'à la ligne bleue laissant Samuel Montembeault et Savard seuls sur le jeu qui a permis aux Wings de marquer leur premier but – Hutson a démontré une grande implication.

Ce qui est très positif.

Il a d'ailleurs tout fait pour venir aider la cause de son gardien sur la poussée victorieuse des Wings. Et s'il a pu regagner son territoire en vitesse, il n'a pas eu assez de temps pour compliquer le travail de Raymond qui a marqué sous ses yeux.

« Je n'ai rien à lui reprocher sur le premier but. Il disputait un premier match avec nous. Il ne connaît pas le système que les autres appliquent depuis 80 matchs. Et nous n'étions pas exposés défensivement quand il était sur la patinoire », a d'ailleurs plaidé St-Louis.

Quel genre de défenseur deviendra Hutson dans la LNH?

Il sera un atout offensif. C'est évident! À quel point? À la hauteur des records établis dans les rangs universitaires américains, dont l'un du grand Brian Leetch?

Donnons-lui au moins le temps d'arriver, de se familiariser avec le hockey professionnel, d'aller peut-être jouer quelques matchs, voire une saison à Laval, avant de faire un premier tour de la LNH. Après tout ça, on pourra commencer à se demander ce qu'il deviendra.

Entre les lignes

– Fort de sa récolte de trois passes, Evans est devenu le neuvième joueur du Tricolore à récolter trois points dans un même match cette saison...

– Le nom d'Evans s'ajoute à ceux de Nick Suzuki et Sean Monahan qui ont réalisé l'exploit trois fois, de Cole Caufield, Mike Matheson et Juraj Slafkovsky (deux fois chacun) et de Gallagher, Kaiden Guhle et Jordan Harris...

– Aucun joueur du Canadien n'a récolté plus de trois points dans un même match jusqu'ici cette saison...

– Le Tricolore présente une fiche de six victoires et huit revers dans le cadre des 14 matchs qui se sont décidés en prolongation jusqu'ici cette année...

– Après avoir gagné ses deux premières prolongations de la saison – gains des 4-3 contre Columbus le 26 octobre et de 3-2 contre Boston le 11 novembre – Montembeault vient d'encaisser un sixième revers de suite en prolongation...

– Le Canadien a encaissé sa première défaite de la saison (14-0-1-0) après s'être offert une avance de trois buts dans un match...

– Sans grande surprise, le Canadien a encaissé 15 revers cette saison (0-14-1-0) lorsqu'il a accordé quatre buts consécutifs à ses adversaires comme il l'a fait lundi à Detroit...

– Le Canadien est aussi invaincu lorsqu'il a marqué quatre fois de suite dans un même match ce qu'il a fait à sept reprises jusqu'ici cette saison...