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Martin St-Louis a effectué un pivot sympathique avec les médias

Martin St-Louis, l'entraîneur Martin St-Louis, l'entraîneur - Getty, RDS
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MONTRÉAL – Martin St-Louis a écrit sa légende grâce à sa détermination devant les refus des équipes de la LNH et son courage devant les géants de son époque. Mais vous souvenez-vous du chapitre selon lequel le petit numéro 26 était grognon devant les médias?

Avec le clan du balado Esprit Sportif, une collaboration Urbania et RDS, on a foncé dans un angle moins exploré à propos de l'entraîneur du Canadien. On a voulu comprendre le pivot de St-Louis le menant désormais à s'amuser avec sa responsabilité médiatique plus chargée que celle du premier ministre du Québec.

St-Louis ne s'acquitte pas uniquement de ce mandat de manière professionnelle, il prend le temps de réfléchir, décortiquer et même divertir avec son répertoire d'analogies aussi vaste que ses trucs pour s'imposer sur la patinoire.

Lorsque le nouvel état-major du Tricolore a surpris la scène montréalaise – où il ne manque pourtant pas de rumeurs et spéculations – en annonçant la nomination de St-Louis pour remplacer Dominique Ducharme, plusieurs doutes ont surgi.  

Sa carrière, digne d'un film, ne changeait pas que son expérience comme entraîneur se limitait à des équipes pee-wee et bantam. L'audace des dirigeants Kent Hughes et Jeff Gorton était saluée, mais accompagnée de craintes.

À cela s'ajoutait la « certitude » que St-Louis perdrait éventuellement sa patience devant les médias. En coulisses, les journalistes se disaient que le feu qui brûle en lui le mènerait à s'enflammer. Entre collègues, on se demandait s'il savait dans quel bateau il s'embarquait?

Cette anecdote, vécue par un collègue de RDS qui n'est pas attitré au hockey, devrait vous expliquer le raisonnement – qui s'est avéré faux – des journalistes.

Il y a quelques années, par une journée typique de saison régulière, St-Louis était de passage au Centre Bell en tant que joueur de l'équipe adverse. Ce vaillant collègue avait obtenu l'affectation de couvrir l'entraînement.

Après le point de presse accordé par St-Louis, il a voulu poursuivre la conversation avec l'attaquant afin d'établir un contact avec lui. C'est alors que St-Louis, après quelques instants, l'a regardé, avec ses yeux perçants, en lançant une phrase sèche du style « Je peux m'en aller maintenant, l'entrevue est finie! ». De quoi vouloir fondre dans le plancher de béton du Centre Bell...

On dirait qu'une mouche sympathique a piqué St-Louis tellement il a effectué un volte-face.

Pour expliquer ce revirement, il fallait aller à la source et sonder Chantal Machabée. La vice-présidente communications hockey lui a donné l'heure juste dès la première rencontre.

Elle lui a dit et je la cite « Attache ta tuque! Ce sera souvent deux fois par jour et pendant plusieurs minutes. Mais Martin était ouvert à l'idée, il voulait collaborer parce qu'il trouvait qu'on juge beaucoup les équipes sportives sans connaître le véritable contexte. Il veut donner plus d'informations pour que les gens aient une meilleure idée de la réalité ».

Cette ouverture d'esprit a permis d'établir un respect entre St-Louis et les partisans et tout autant avec les médias.

Personnellement, j'ai ma petite théorie là-dessus. C'est facile de sentir que St-Louis est un homme de famille et un gars du peuple, avec les millions en plus, mais la même authenticité.

Je déduis que St-Louis veut se comporter respectueusement devant les médias pour rendre fier son père, un gentilhomme sans prétention qui est un grand fan de hockey. Et sans doute aussi pour faire honneur à sa mère, décédée durant les séries de 2014, qui aurait été là pour le remettre à l'ordre s'il n'avait pas affiché le respect qu'elle souhaitait.

Les Québécois, même ceux qui ne raffolent pas du hockey, se reconnaissent en St-Louis. Il a surmonté une multitude d'épreuves, il est si naturel dans ses réponses, il demande de l'aide à Chantal. Tout ça le rend humain.

 
Bien sûr, St-Louis est connu pour son amour des métaphores comme celle de « trouver la bonne chaise », d'amener « ta game dans la game » ou l'application Waze pour le développement de Juraj Slafkovsky.

Le pilote du Canadien a fait sourire tant de gens avec ses formules préférées, mais il prend son rôle très au sérieux.  À un point tel qu'il refuse parfois des congés médiatiques proposées par son alliée.
 
Elle en vient à dire que St-Louis est son client le plus facile. Contrairement à certains joueurs, elle n'a pas à le traîner vers les médias.

Comme joueur, St-Louis répondait avec son jeu. Comme entraîneur, il a compris qu'il peut exercer une influence devant les médias.

Les partisans acceptent donc mieux la reconstruction actuelle et sa présence pourrait aider le Canadien à attirer des joueurs autonomes. Un facteur « St-Louis » pour faire compétition avec la météo du sud des États-Unis ou les impôts moins élevés qu'au Québec.

Le Tricolore a usé d'audace en confiant les rênes du club à St-Louis. Les dirigeants n'ont pas recyclé l'un des entraîneurs qui renaît toujours avec une autre organisation.

Ceci dit, rien ne garantit le succès éventuel. Pour l'instant, St-Louis a été un cadeau du ciel pour les partisans et les journalistes. Ça lui revient de prouver sa pertinence à long terme, mais comme le soulignait Daphnée Malboeuf, l'animatrice du balado, St-Louis est un maître pour accomplir ce qu'on juge hors de sa portée.