Le Canadien a finalement signé sa deuxième victoire de l’année, un gain de 4-0 face aux Sharks, mais c’était loin d’être une domination comme le pointage pourrait le faire paraître. Jake Allen était en pleine forme, arrêtant les 45 tirs des joueurs des Sharks en route vers son premier blanchissage de la saison. Sans lui, on aurait sans aucun doute eu droit à un match beaucoup plus serré. La victoire va évidemment faire du bien au club, mais les problèmes du CH sont loin d’être réglés.

 

En particulier, le jeu en territoire central est problématique depuis le début de la saison. Montréal semble incapable de gagner la bataille au centre de la glace. Ça vient coûter le Tricolore autant dans leur capacité à générer de l'attaque que dans leur performance défensive.

 

Toutes les statistiques mentionnées sont à 5 contre 5, sauf si spécifié autrement.

 

Une zone pas si neutre

 

Bien qu’on l'appelle la zone neutre, c’est loin d’être le cas depuis le début de la saison, alors que Montréal est constamment surclassé par ses adversaires. Le CH semble absolument incapable de créer de l’espace et les poussées offensives meurent avant d’avoir une chance de percer en territoire adverse. Montréal complète moins de passes en zone neutre par match que tout autre club dans la LNH cette saison et a l’un des pires taux de revirement de la ligue, en plus d’être victime de plusieurs hors-jeu.

 

Montréal en zone neutre

 

Avec du jeu brouillon de la sorte, il est difficile de bâtir de la vitesse pour attaquer le territoire adverse, ce qui était pourtant l’une des forces du CH au cours des dernières années. Montréal préfère plutôt dégager la rondelle en fond de territoire, alors qu’ils ont le 9e taux de dégagement le plus élevé à 56,4%, c’est-à-dire que moins de la moitié des entrées de zone du CH se font en contrôle de la rondelle. Ce style de jeu peut être efficace, comme l’ont prouvé les Hurricanes, qui ont le taux le plus élevé de la LNH au cours des dernières années, couplé avec un échec avant énergique qui est le cœur de leur stratégie offensive. On ne peut en dire autant du Tricolore.

 

Zone offensive: aucune pression soutenue

 

Offensivement, le problème est évident pour qui que ce soit qui a vu Montréal jouer cette saison. Incapable de générer sa vitesse habituelle en zone neutre, le Tricolore doit créer son offensive autrement, mais rien ne fonctionne. Le dump-and-chase et l’échec avant ne sont pas très efficaces lorsqu’un club se classe dans le bottom-5 pour les rondelles libres récupérées en zone offensive. Même chose pour le cycle offensif, alors que Montréal est l’un des pires clubs de la LNH pour installer une présence soutenue en territoire adverse.

 

Montréal en zone offensive

 

Les passes sont mollasses, avec près de la moitié de leurs tentatives qui n’atteignent pas leur destinataire. Couplé au pire taux de revirement de la LNH, le Canadien semble en mode survie plus souvent qu’autrement. Même lorsque le jeu s’arrête et que Dominique Ducharme peut profiter d’une mise en jeu offensive, le CH en sort perdant plus de 60% du temps (60,4% pour être exact). Tous ces ratés sont des opportunités parfaites pour l’adversaire de dégager le territoire ou d’amorcer une relance.

 

En parlant de relance…

 

Zone défensive: excès de vitesse

 

Les problèmes dans les deux autres zones du CH ne perdent pas de temps à se manifester en territoire défensif. Ils sont extrêmement vulnérables à la vitesse de leurs adversaires. Que ce soit les revirements en territoire offensif qui permettent une contre-attaque rapide ou le jeu faible au centre de la glace, Montréal accorde libre passage à leurs adversaires à la ligne bleue, alors que le CH accorde plus de chances en entrée de territoire que toute autre équipe dans la LNH cette saison. En fait, des 16 buts accordés à forces égales par Montréal cette saison, 8 ont été marqués sur une relance offensive. C’est simplement inacceptable.

 

Se faire prendre à contrepied aussi régulièrement est plus qu’un problème stratégique, c’est un manque d’effort. Les hommes de Dominique Ducharme doivent s’impliquer plus fortement en repli défensif et apporter du soutien à leurs défenseurs et leur gardien. Ce n’est pas comme si le CH avait affronté la crème de la crème de la LNH: 6 des 8 matchs étaient contre des équipes qui n’ont pas fait les séries l’an dernier.

 

Ce calendrier plutôt favorable continue pour les trois prochaines semaines, alors que le CH affrontera encore des clubs qui ont raté les séries pour 6 des 8 prochains matchs. Avec cette compétition favorable et deux victoires à ses trois derniers matchs, c’est l’opportunité parfaite pour le Tricolore de reprendre sa saison en main avant que le déficit au classement devienne insurmontable.