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RÉSULTATS

Si le Canadien a besoin d'un défenseur, Logan Mailloux semble mûr pour un essai

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LAVAL – Le temps est-il venu pour le Canadien d'offrir à Logan Mailloux un premier essai dans la Ligue nationale?

Ceux qui ont le pouvoir de prendre cette décision feront bientôt connaître leur réponse. Peu importe la nature de celle-ci, les conditions sont réunies pour que la question soit étudiée sérieusement.

D'une part, le grand club risque d'avoir besoin de renfort. Dimanche, contre les Blues de St. Louis, Jordan Harris a quitté le match après avoir encaissé un violent contact initié par Samuel Blais. L'équipe cite depuis une blessure au haut du corps qui sera évaluée sur une base quotidienne. Kaiden Guhle a à son tour été ébranlé à la fin de cette rencontre. Aucun détail n'a été communiqué sur son état de santé.

Si Mailloux devait être convoqué pour palier l'une ou l'autre de ces absences, il le serait sur la base de la qualité de son jeu et non de sa réputation ou de son statut de choix de première ronde. C'est l'autre facteur à prendre en considération dans cette équation. Après un début de saison approximatif, le défenseur de 20 ans cartonne présentement dans la Ligue américaine.

Ses chiffres sont impressionnants. En récoltant trois points dans une victoire contre les Marlies de Toronto samedi, il a porté son total à 32 en 45 parties. C'est la cinquième plus haute marque pour un défenseur dans toute la LAH. À sa position, une seule recrue, la pépite des Kings de Los Angeles Brandt Clark, fait mieux. Depuis la nouvelle année, il a terminé une seule de ses 15 rencontres avec un bilan défensif négatif.  

Autant son entraîneur que l'un des vétérans qui l'ont épaulé dans sa progression le confirment : ces données ne sont pas un mirage. Mailloux joue présentement le meilleur hockey de sa jeune carrière professionnelle. Pour Jean-François Houle, si le Canadien doit venir piger dans son club-école, « c'est sûr qu'il serait dans la discussion ».

« Beaucoup mieux. Beaucoup mieux que c'était en début de saison, a dit Houle lundi matin lorsque questionné sur le jeu de Mailloux dans son territoire. En début de saison, comme pour tout jeune joueur qui arrive dans la Ligue américaine, c'est un apprentissage. Je pense qu'il était -10, -11 à un moment donné. Il s'est replacé. Il est beaucoup mieux défensivement. [...] Je trouve qu'il s'est amélioré extrêmement en seulement quelques mois. »

Le vétéran Tobie Paquet-Bisson approuve. « Je le dis souvent, dans sa progression cette année, Log a démontré beaucoup de maturité. Au début de l'année, il avait des bonnes games, il avait des vieilles games. Au niveau professionnel, c'est la constance qui est importante pour se rendre dans la LNH. Sa progression, elle a été incroyable pour vrai. »

Ajustements tous azimuts

« Qu'est-ce qu'une "vieille game"? », vous êtes-vous peut-être demandé à la lecture du dernier paragraphe. « C'est quand t'es creux en ta... », explique gracieusement Paquet-Bisson. « Mais on en parle souvent avec Francis Bouillon : au niveau professionnel, même quand tu n'as pas un bon match, il ne faut pas que tu aies un impact négatif sur ton équipe. »

C'était un peu ça, dit-il, le problème de Mailloux – il inclut aussi le nom de William Trudeau dans la discussion – en début de saison. « Si tu n'as pas un bon match, fais les petits détails, n'essaie pas de trop en faire. T'as une shot, fais juste l'envoyer au filet. Je pense que c'est ça qu'ils sont allés chercher. »

Mailloux estime qu'il a eu besoin d'une vingtaine de matchs pour saisir les nuances de son nouvel environnement et commencer à appliquer les correctifs nécessaires. « J'ai commencé à modifier ma façon de jouer, à jouer avec plus d'assurance même sans la rondelle. Je faisais avorter plus de jeux, je me faisais davantage confiance. »

À l'extérieur de la glace aussi, l'avant-dernier choix de la première ronde au repêchage de 2021 a dû se mettre à l'heure du hockey professionnel. Les comportements qui étaient jugés acceptables à London, au niveau junior, attiraient maintenant l'attention pour les mauvaises raisons.

« Ça peut être arriver à l'heure, ou même un peu avant tout le monde, juste pour être plus sharp. Ou simplement se présenter à tous les jours. Même si, dans une pratique, ça ne te tente pas, tu frappes un gars, tu te mets dedans. Pour Logan, je pense que ça a été pas mal clair ce qu'il lui manquait. »

Houle parle d'un jeune qui « avait besoin d'être un peu plus responsable ».

« Les joueurs plus âgés lui ont parlé, lui ont montré comme ça se passe, Ce n'est pas évident, l'horaire dans la Ligue américaine, le voyagement, les matchs qui s'enchaînent. Il faut apprendre à vivre avec ça, à inclure le hors glace, la façon dont tu manges, ce n'est pas évident. Pour [Joshua] Roy, [Riley] Kidney, [Jared] Davidson, ça a été la même chose. »

Et aujourd'hui? « Super, dit Houle. Il a pris beaucoup de maturité. »

Depuis Xhekaj

Mailloux a semblé atteindre un nouveau palier dans sa progression à partir du moment où Arber Xhekaj est devenu son partenaire après sa rétrogradation. Il a amassé 14 points en 17 matchs durant cette période. Lorsque Xhekaj était retourné à Montréal, Houle s'était dit intrigué de voir comment se débrouillerait sa recrue sans son partenaire fusionnel.

La réponse a été positive. En huit matchs au cours desquels il a été jumelé tantôt à Paquet-Bisson, tantôt à Olivier Galipeau, Mailloux a récolté huit points, cadré 25 tirs et affiché un différentiel de +5.

« J'avais dit que ça allait être un défi pour lui de démontrer qu'il était capable de le faire sans Xhekaj et je pense qu'il a démontré qu'il était capable. Ça ne dérange pas avec qui il joue », conclut son entraîneur trois semaines plus tard.

« On formait un bon duo ensemble, on se complétait bien, on s'aidait l'un l'autre. Mais je l'ai déjà dit, je ne pense pas que je jouais bien simplement parce qu'il était là et vice versa. On est deux bons joueurs chacun à notre façon, » relativise l'auteur d'onze buts cette saison.

Il ne faudrait pas faire le saut si les deux amis étaient très bientôt réunis dans le même vestiaire, celui du Centre Bell cette fois. « Je préfère ne pas trop y penser, répond Mailloux face à ce scénario hypothétique. Si ça arrive, ça arrive. Mais ça pourrait être un autre gars qui reçoit l'appel aussi. »

Il a raison. Justin Barron, qui tente de retrouver sa confiance à Laval depuis le 22 janvier, est un autre candidat potentiel. Trudeau, qui a une saison de plus que Mailloux dans son bagage professionnel, est une autre option à considérer.

Indépendamment du choix que feront ses patrons, Mailloux n'a jamais été aussi méritoire de leur considération.   

« Ça reste à voir s'ils sont prêts à lui donner une chance tout de suite ou s'ils veulent attendre un peu, établit Houle. Il est encore jeune. S'ils ont les défenseurs dont ils ont besoin en haut, ils n'ont peut-être pas besoin de précipiter les choses.»

Mais Mailloux a fait sa part, croit-il. « Je pense que bientôt, il serait prêt. Je pense qu'il a démontré qu'il est capable de jouer à un haut niveau avec de la constance. »