Andrei Markov ne pourra jamais faire partie du « Big Three » du Canadien de Montréal. Cet honneur appartient pour toujours à Serge Savard, Larry Robinson et Guy Lapointe.

Maintenant qu’il partage le deuxième rang des défenseurs les plus productifs de l’histoire du Canadien avec ses 572 points, il serait peut-être temps d’élargir les cadres du « Big Three » et d’ajouter le nom de Markov en créant le « Fab Four » des meilleurs défenseurs de l’histoire moderne du Tricolore.

« Je suis fier de mes accomplissements »

Avec l’ovation monstre qu’ils lui ont offerte pour auréoler sa passe «historique» récoltée sur le but d’Artturi Lehkonen, le troisième du Canadien qui filait alors allègrement vers un gain facile de 4-1 aux dépens des Stars de Dallas, les partisans du Tricolore ont semblé donner leur aval à cette idée.

« C’était grandiose et j’ai vraiment apprécié. Nos partisans sont toujours derrière nous. Parfois ils nous huent, mais c’est pour nous fouetter. Nous pouvons toujours compter sur leur appui », a commenté Markov en affichant le flegme qui le caractérise depuis qu’il est débarqué dans le vestiaire du Canadien en septembre 2000.

« C’est un grand honneur d’être associé à ces défenseurs. Je suis fier d’être parmi eux », a ajouté Markov quand on lui a demandé de qualifier sa présence au sein de ce groupe sélect.

Leurs coupes Stanley

N’eut été des blessures très sérieuses – deux reconstructions de l’articulation du genou droit et une lacération aux tendons du pied droit lors du tout premier match de la saison 2009-2010 – qui l’ont limité à disputer 65 matchs seulement en trois saisons, Markov aurait dépassé Lapointe il y a longtemps déjà et aurait fracassé le plateau des 1000 matchs en carrière – il est à 985 – depuis plus longtemps encore.

Bon! Markov ne serait pas encore sur les talons de Larry Robinson qui occupe le premier rang chez les défenseurs du CH avec ses 883 points. Mais à défaut de pouvoir un jour le rejoindre, il aurait comblé une partie du large fossé qui le sépare du grand Larry.

Une fois les première, deuxième et troisième vagues d’entrevues complétées, j’ai demandé à Markov s’il pensait parfois à ces parties ratées en raison des blessures et aux nombreux points dont elles l’ont privé au fil des années.

« C’est évident que j’y pense parfois. Ces blessures ont marqué une période de ma carrière. Une période difficile. Mais pour être bien honnête, je pense bien plus aux coupes Stanley que ces grands défenseurs ont soulevées au cours de leur carrière qu’aux points que j’ai de plus que certains et de ceux qui me séparent de Robinson. On joue pour la coupe Stanley tu sais, pas pour nos statistiques personnelles », que le vétéran de 38 ans a ajouté.

Et ces blessures : des blessures qui l’ont frappé alors qu’il atteignait le sommet de sa courbe de production et d’efficacité dans la LNH. Ont-elles parfois miné son moral au point de croire qu’il ne pourrait jamais retrouver sa forme et ses moyens? De croire qu’elles pourraient le contraindre à jouer à demi-régime, voire de l’obliger à mettre un terme hâtif à sa carrière?

« C’est sûr que des idées noires viennent te hanter quand tu dois traverser des épreuves comme celle-là. Je me suis toujours astreint à travailler très fort pour me remettre de ces blessures. Mais on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Je suis fort content d’avoir pu surmonter ces épreuves et vivre ce que je vis encore aujourd’hui. »

Concert d’éloges

Max Pacioretty considère que les blessures qui ont miné la carrière de Markov ont contribué à la rendre meilleur.

« Je n’ai jamais vu de ma carrière un joueur s’entraîner autant que lui. Il passe des heures interminables dans le gymnase à trimer dur. C’est d’ailleurs pendant ces périodes de remise en forme après les graves blessures qu’il a subies que je le voyais travailler le plus fort », a indiqué le capitaine.

Un capitaine qui a entonné un concert d’éloges auquel ses coéquipiers ont ajouté leurs voix.

« Andrei méritait les applaudissements »

« C’est plaisant de voir qu’il reçoit enfin l’attention qu’il mérite. "Markie" est le genre de joueur qui évolue toujours sous le radar. Qui n’est pas reconnu à sa juste valeur par les amateurs et les journalistes. C’est le meilleur joueur de hockey avec qui j’ai joué dans ma carrière. Sa vision, la qualité de ses passes, son sens du jeu, son intelligence sur la glace le placent dans une catégorie à part. Il est non seulement respecté, mais jouit d’une admiration de la part des joueurs dans ce vestiaire. Une admiration qui s’étend aux quatre coins de la LNH. Quand un gars arrive à Montréal, il a hâte de jouer avec Markov pour profiter de ses passes savantes. Quand on parle de Markov ailleurs dans la LNH, c’est pour témoigner de l’admiration sur l’ensemble de son jeu», a témoigné Pacioretty.

Le capitaine a même insisté sur les notions de physiques associées aux passes de Markov qui sait donner des effets particuliers aux rondelles selon qu’il les dirige vers un coéquipier gaucher ou droitier et à sa manière de faire tourner la rondelle le moins possible lorsqu’il offre des tirs sur réception à ses partenaires défenseurs.

« Vous n’arrivez pas à saisir toutes ces subtilités du haut de la galerie de presse », s’est permis d’ajouter le capitaine.

Quand des collègues lui ont fait remarquer qu’il était totalement possible de saisir le talent de Markov et la qualité de son jeu du haut de la passerelle», Pacioretty a poursuivi : « Ça ne vous donne quand même pas l’idée du niveau de difficulté des jeux qu’il effectue. Je suis vraiment heureux que la passe qu’il a récoltée ce soir me donne l’occasion de parler de lui et d’encenser la qualité de son jeu ».

Un exemple pour les jeunes

Claude Julien, qui a dirigé un tout jeune Markov avant de retrouver le vétéran qu’il est devenu lors de son embauche le 14 février dernier, a joint sa voix au concert d’éloges amorcé par son capitaine.

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« La plus grosse différence entre le Markov que j’ai connu lors de mon premier passage à Montréal et celui que j’ai retrouvé est que celui d’avant, tout comme moi, avait plus de cheveux sur la tête », a lancé Claude Julien fier de sa blague…

« Pour le reste, c’est le même joueur de hockey qui sait bien se préparer, qui prend son travail à cœur. Lors de son arrivée à Montréal, on voyait déjà tout le potentiel qui l’habitait », a ajouté Julien qui s’est dit très touché par l’ovation accordée par les partisans. Une ovation à laquelle il a d’ailleurs pris part puisqu’il a applaudi son défenseur au même titre que les amateurs.

« C’est tellement mérité. Andrei Markov a toujours tout donné pour cette organisation. Il continue d’ailleurs à tout donner. Je suis fier et content à la fois qu’il ait reçu un tel honneur ce soir. Il a mérité ce respect des fans d’une façon effacée, car il n’a jamais été le genre de gars à attirer les projecteurs sur lui. C’est donc vraiment plaisant de voir que les amateurs réalisent à quel point il est bon», a souligné l’entraîneur-chef du Canadien qui a gardé son plus beau compliment pour la fin : « La plus belle qualité d’Andrei est sans doute qu’il donne le bon exemple à suivre aux jeunes de notre organisation ».

En plus de souligner leur appréciation du grand talent de Markov par le biais de leur ovation, les partisans présents au Centre Bell se sont-ils levés d’un trait pour l’inviter à prolonger sa carrière à Montréal?

« Je ne suis pas son agent, mais je peux vous assurer qu’Andrei aime Montréal, que Montréal aime Andrei et que tous les joueurs au sein de ce vestiaire l’aiment également. Pour ma part, j’espère l’avoir à mes côtés le plus longtemps possible », a commenté le capitaine Max Pacioretty.

Quant au principal intéressé, il s’est contenté de répondre quelque chose comme : « on verra! » préférant s’attarder sur les défis qui l’attendent, lui et ses coéquipiers, d’ici la fin de la saison régulière et en séries.

Mais il est clair qu’en jouant comme il le fait encore cette année, Markov prouve qu’il mérite un contrat d’une, voire deux, saison à un salaire annuel oscillant autour des 5 millions $.

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À bout de patience