Après six défaites en prolongation et trois de plus en tirs de barrage, le Canadien a finalement exorcisé ses démons : il a finalement gagné un match au-delà les 60 minutes réglementaires.

Bon! Il faudra encore patienter avant de « célébrer » la première victoire en prolongation. Mais la victoire en tirs de barrage est acquise. Il faut bien commencer quelque part...

« On va peut-être pouvoir parler d’autre chose », que l’entraîneur-chef Dominique Ducharme a lancé après le match.

Ducharme ne parlait pas des chandails rétro rappelant les Nordiques – peu importante les nuances, le bleu sera toujours bien plus associé aux anciens Nordiques et aux Maple Leafs qu’au Canadien – avec lesquels son équipe avait encaissé quatre revers de suite depuis le début de la saison.

Le coach ne faisait pas plus référence au fait qu’on n’entendra plus beaucoup parler des Canucks puisque la victoire de samedi a mis un terme à la série de neuf duels opposant les deux équipes cette saison. Une série fructueuse pour le Canadien qui a amassé 15 points sur les 18 à l’enjeu alors que les Canucks se sont contentés de sept. Un écart important qui aidera – ou devrait aider – le Canadien à écarter les Canucks de la course aux séries si jamais la course se resserre davantage d’ici la fin de la saison.

Parce qu’il était évident que Ducharme parlait des damnées prolongations lorsqu’il a lancé : « on pourra peut-être parler d’autre chose », on peut lui relancer que ce sont ses joueurs qui en décideront.

Si le Canadien sortait gagnant ne serait-ce qu’une fois sur trois des matchs qui se prolongent au-delà les 60 minutes réglementaires, les défaites retiendraient beaucoup moins l’attention.

Sans oublier que la meilleure façon d’éviter de perdre en prolongation demeure de régler le cas de son adversaire en temps réglementaire. C’est aussi simple que ça!

Le Canadien a disputé sa dixième prolongation de la saison samedi soir au Centre Bell. Dix prolongations en 31 matchs c’est énorme. C’est près de 30 % alors que la moyenne de la LNH jusqu’ici cette saison – 113 matchs décidés au-delà les 60 minutes – est d’un peu moins de 24 %. S’il maintient le rythme actuel, le Tricolore ajoutera huit prolongations... avec les risques que cela comporte.

Des risques de défaites bien sûr, mais aussi les risques que ces occasions ratées en prolongation redeviennent le centre de l’attention après les matchs.

Encore samedi, le Canadien aurait pu se simplifier grandement la vie. Non seulement a-t-il marqué le premier but, mais il a largement dominé la rencontre comme le confirment les tirs au but (40-18) qui le favorisent largement et les tirs tentés (79-40) qui le favorisent plus encore.

Encore des erreurs coûteuses

Pourquoi s’être retrouvé en prolongation alors? Surtout que c’est le Canadien qui a dû revenir de l’arrière deux fois plutôt qu’une pour pousser ce match qu’il dominait pourtant en prolongation.

« Parce qu’on a payé "cash" les erreurs que nous avons commises », que Ducharme a candidement reconnu après la rencontre.

Il est là le problème.

Le Canadien a disputé une bonne première période. Il s’est contenté d’une timide avance d’un but alors qu’il a une fois encore été incapable d’ajouter à son avance, mais il jouait bien.

Mais en deuxième, il s’est fait poivrer un but en 22 secondes après que Nick Suzuki eut effacé le but qu’il avait marqué au premier tiers en se rendant coupable d’un affreux revirement derrière son but. Un revirement qui a offert le but égalisateur sur un plateau d’argent aux Canucks qui ont ensuite pris l’avance avec un but en attaque massive.

Après une solide fin de période médiane au cours de laquelle il a marqué deux fois pour reprendre les devants, le Canadien a encore tout bousillé en début de troisième. Il ne s’est pas contenté d’accorder un autre but dès la 22e seconde. Que non! Il a ouvert la porte à un autre 33 secondes plus tard.

Alors qu’ils disputaient un quatrième match en six soirs, après trois gains consécutifs acquis en prolongations et en tirs de barrage, et qu’ils savaient qu’ils allaient passer une partie de la nuit à bord d’un avion pour effectuer l’envolée de retour vers Vancouver, les joueurs des Canucks étaient prêts à perdre samedi. Avec six points en poche, ils étaient déjà contents. Rassasiés.

Pourquoi alors leur ouvrir toute grande la porte comme le Canadien l’a encore fait samedi? Pourquoi répéter les mêmes erreurs qui l’avaient conduit tout droit vers des défaites lors des neuf premières parties décidées après les 60 premières minutes de jeu?

Tatar-Danault-Gallagher

Si le Canadien a finalement gagné en tirs de barrage, c’est parce que Corey Perry a marqué sur la toute première poussée de la séance de tirs de barrage et parce que Tomas Tatar, lors de la sixième vague, a déjoué Braden Holtby.

Comme quoi Tatar est capable d’y arriver lorsqu’il maximise ses forces au lieu de se donner en spectacle comme il l’avait fait à Vancouver le 8 mars dernier. Vous avez oublié? Avec l’obligation de marquer pour allonger la séance de tirs de barrage, Tatar s’était passé la rondelle entre les jambes pour tenter de surprendre le gardien Thatcher Demko qui avait plutôt assuré que cette tentative de Tatar lui avait grandement facilité la vie...

C’est aussi parce que Carey Price a joué un rôle de premier plan en tirs de barrage alors qu’il a été déjoué une seule fois – tout un tir de Brock Boeser – en plus d’effectuer trois arrêts sur des occasions qui auraient permis aux Canucks de fermer les livres s’ils l’avaient déjoué.

Price a aussi effectué un arrêt du tonnerre devant Boeser en prolongation afin d’éviter un septième revers de suite cette année. Cet arrêt en prolongation et ceux effectués en fusillade ont racheté une soirée un brin timide du gardien qui a accordé quatre buts sur 18 tirs. Une statistique qui n’a rien d’éclatant on en conviendra.

Cela dit, sans la performance sensationnelle du trio de Phillip Danault flanqué de Tatar et Brendan Gallagher, jamais Price n’aurait pu se racheter en prolongation et en fusillade. Jamais Perry n’aurait marqué en tirs de barrage.

Car sans la performance du trio des « anciens », le Canadien ne se serait jamais remis des erreurs qui ont permis aux Canucks de prendre une sérieuse option sur la victoire.

Gallagher a travaillé comme un cheval de trait du début à la fin du match. Il s’est fait frapper, il a frappé, il s’est mis le nez dans l’action à chacune de ses présences et se l’est fait frotter plus d’une fois. Il a donné le ton et les autres ont suivi. Quand il a marqué le but égalisateur en troisième, le cri qu’il a lâché – c’est bien un amphithéâtre vide, car on entend pratiquement tout ce qui se dit sur la patinoire – en disait long sur son niveau de satisfaction de voir tous ses efforts récompensés.

Tatar qui avait très mal paru, vendredi, sur le but gagnant des Canucks alors que J.T. Miller s’était moqué de lui avant de faire la même chose à Suzuki pour ensuite infliger au Canadien sa sixième défaite en prolongation de la saison, avait visiblement des choses à se faire pardonner.

Et il a pris les moyens pour y arriver.

Au-delà le but égalisateur (2-2) enfilé en période médiane et son but décisif qui a scellé la séance de tirs de barrage et stoppé la séquence gênante de son équipe, Tatar a disputé un match solide. Il y avait très longtemps, trop même, qu’on ne l’avait pas vu aussi impliqué pour vrai dans une partie. C’est une chose de patiner et de multiplier les vrilles ici et là sur la glace. C’en est une toute autre de travailler pour vrai au lieu de donner l’impression de le faire. Et samedi, Tatar, comme Gallagher et Danault, a travaillé pour vrai.

En l’absence de Tyler Toffoli qui a été gardé à l’écart de la formation en raison d’une blessure mineure, semble-t-il, Tatar était le joueur tout désigné pour combler le vide. Il l’a fait.

Son but à la régulière, son but décisif, la passe qu’il a ajoutée, tout comme les deux passes récoltées par Danault et le but important enfilé par Gallagher démontre l’importance de la contribution de ce trio. Leur différentiel combiné de plus 9 l’illustre davantage.

Je ne sais pas si c’est la blessure subie par Toffoli qui a forcé Ducharme a replacé ces trois joueurs ensemble après les avoir séparés il y a quelques matchs pour les secouer et secouer le reste de l’équipe.

Je ne sais pas si ce sont eux qui sont allés frapper à la porte du coach pour lui suggérer de les réunir afin de leur donner l’occasion de le remercier avec des présences de qualités et des buts importants en prime.

Mais peu importe la raison de ce retour aux sources, il semble clair que ces trois joueurs ont bien plus à offrir lorsqu’ils combinent leurs efforts que lorsqu’ils tentent de le faire avec d’autres coéquipiers... aussi bons soient-ils.

D’autres joueurs ont bien joué. Jonathan Drouin a récolté sa 19e passe de la saison, sa huitième lors des 10 derniers matchs. Drouin patine avec aisance et confiance depuis 14 matchs. Soit depuis le changement d’entraîneur-chef dont il semble l’un des grands bénéficiaires. Drouin doit trouver le moyen d’ajouter des buts aux deux qu’il revendique pour vraiment s’imposer au niveau qu’il est en mesure de le faire. Il est d’ailleurs passé à un cheveu d’y arriver en prolongation alors qu’il s’est fait voler un but par la mitaine de Holtby.

Mais de la façon dont il joue présentement il est un actif important au lieu d’être un passif comme il l’a été trop souvent au fil de ses premières saisons.

Sortis du gymnase où ils avaient passé les derniers matchs en raison de l’absence de Toffoli et pour remplacer Xavier Ouellet au sein du troisième duo de défenseurs, Artturi Lehkonen et Victor Mete ont bien paru.

Le premier a été très actif en zone ennemie alors que le deuxième s’est signalé avec quelques bonnes relances offensives et plus d’éviter des cafouillages défensifs.

Tirs de barrage : sélections et résultats

Envoyé pour donner le ton à la séance de tirs de barrage, Perry a marqué pour la première fois en deux tentatives cette saison avec le Canadien. Il revendique maintenant 34 buts – dont 14 buts décisifs – en 102 tentatives en carrière.

Drouin a suivi : Il a été blanchi pour une quatrième fois cette saison – seul joueur envoyé dans chacune des séances de tirs de barrage – et compte maintenant sept buts (deux décisifs) en 25 tentatives.

Suzuki qui avait été le seul du Canadien à marquer lors des trois premières fusillades a été stoppé facilement par Holtby. Suzuki a un but en trois tentatives cette année en un en quatre tirs de barrage en carrière.

Jesperi Kotkaniemi a perdu la rondelle sur son premier tir de barrage de la saison. Il est zéro en deux en carrière.

Meilleur joueur du Canadien dans cette facette du jeu, Paul Byron s’est fait stopper pour une deuxième fois de suite cette année. Il est maintenant 10 en 22 depuis le début de sa carrière.

Tatar a marqué son but décisif à sa deuxième occasion cette année. Il compte maintenant neuf buts – dont 5 décisifs – en 29 occasions en tirs de barrage.

Dans le cas de Price, il a été victime d’un but en cinq tirs. Il a maintenant accordé six buts en 14 tirs affrontés lors des quatre fusillades qu’il a disputées.

Entre les lignes

Bien qu’il n’ait pas disputé un grand match, Price a amélioré sa fiche déjà reluisante face aux Canucks aux dépens de qui il a maintenant signé 17 victoires en 23 rencontres en perdu seulement deux fois en temps réglementaire (17-2-5)...

Holtby qui n’avait pas joué depuis huit matchs a encaissé sa huitième défaite de la saison (4-6-2). C’était sa troisième aux mains du Canadien contre qui il n’avait perdu que cinq fois (deux en temps réglementaire) en carrière (14-2-3) avant de se joindre aux Canucks...

Gallagher a enfilé son 185e but en carrière pour devancer Vincent Damphousse au 28e rang des marqueurs dans l’histoire du Tricolore. La prochaine cible de Gallagher : Saku Koivu qui occupe le 27e rang avec 191 buts...

Rejoint et dépassé par Gallagher, Vincent Damphousse a profité du forfait de Toffoli pour demeurer l’auteur de la séquence la plus productive contre une même équipe en une saison depuis 1992-1993. À l’époque, l’ancien capitaine avait marqué six buts et récolté 15 points en sept matchs face aux Whalers de Hartford. Toffoli, qui revendiquait huit buts et 13 points en huit matchs contre les Canucks, n’a pu améliorer sa fiche samedi...

Avec sa victoire arrachée en prolongation, le Canadien a prolongé à 18 sa série de matchs consécutifs sans défaite en temps réglementaire (14-0-1-3) aux dépens des Canucks. Une séquence amorcée le 16 novembre 2015...

Seuls les Penguins de Pittsburgh, avec 19 matchs de suite sans revers en temps réglementaire (15-0-2-2) face aux Oilers d’Edmonton, connaissent une séquence active plus fructueuse que celle du Tricolore...