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RÉSULTATS

CH : Perdre honorablement!

Martin St-Louis Martin St-Louis - Getty
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Mise à jour

Réglons une chose tout de suite : Juraj Slafkovsky n'a pas été victime d'une mise en échec sournoise assénée par Marco Rossi en fin de troisième période, mardi, au Minnesota.

Slafkovsky aurait pu se blesser. C'est vrai. Mais le premier choix du Canadien, un gros et grand gaillard de 6'3'' et près de 240 livres s'est retrouvé les quatre fers en l'air parce qu'il ne s'est pas méfié une seconde du petit Autrichien qui lui concède quatre pouces et plus de 50 livres.

Est-ce que la mise en échec de Rossi était nécessaire avec moins de 90 secondes à faire au match et une avance de 4-1 favorisant son équipe?

Non!

Mais elle n'était pas illégale. Encore moins dangereuse.

De fait, le geste de Slafkovsky aux dépens de Steven Fogarty en début de deuxième période était beaucoup plus dangereux que la mise en échec qu'il a encaissée en fin de rencontre. Slafkovsky a fauché son adversaire par-derrière en lui faisant sauter les patins. Ce genre de « jambette » attire souvent l'attention des responsables du bureau de la sécurité des joueurs qui ajoutent régulièrement des amendes aux pénalités imposées aux fautifs lors des parties.

En plus de s'exposer à une amende – il pourrait s'en tirer avec un avertissement considérant qu'il donne ses premiers coups de patin dans la LNH – Slafkovsky a offert une attaque massive au Wild qui venait de prendre les devants 2-0.

Le Wild n'a pas été en mesure d'en profiter – le Minnesota a marqué un but sur 11 tirs en trois attaques à cinq – mais il a maintenu le contrôle du jeu qu'il n'a jamais perdu du début à la fin de la période médiane.

Et oui, le Canadien a finalement perdu le match. Il a encaissé un revers de 4-1. Son premier du voyage de quatre matchs qu'il complétera, jeudi, à Winnipeg, face aux Jets.

Au-delà cette défaite, c'est le fait que le Canadien, après dix rencontres seulement, affiche déjà cinq victoires qui retient le plus mon attention.

Cinq victoires après les dix premières parties, c'est plus, c'est même beaucoup plus, que le nombre que lui offraient les prédictions les plus optimistes à l'aube d'une saison qui devait être catastrophique.

Cinq victoires après 10 matchs, c'est bon pour le moral des joueurs. Surtout ceux qui étaient là l'an dernier et qui ont dû patienter jusqu'à la 20e partie avant de célébrer leur cinquième gain.

C'est bon aussi pour le moral des partisans qui trouvent dans ces succès inattendus des sources d'espoir que des jours meilleurs s'en viennent vraiment.

Mais voilà : cinq victoires en dix matchs, ça ne vaut rien, ou presque, dans le cadre de la reconstruction actuellement orchestrée par le nouvel état-major du Tricolore.

Pour compléter le mieux possible le travail amorcé avec l'acquisition de Nick Suzuki, les sélections au repêchage de Cole Caufield, Kaiden Guhle, Jordan Harris, celle plus flamboyante encore de Slafkovsky, l'été dernier, et le pari que la direction a pris en faisant l'acquisition de Kirby Dach, le Canadien devrait perdre beaucoup plus souvent afin de terminer le plus loin possible au classement et mousser ses chances de gagner le gros lot du nom de Connor Bedard lors du prochain encan amateur.

L'équation est toute simple : le Canadien doit perdre aujourd'hui pour gagner plus souvent demain. Pas demain, comme dans demain matin! Mais bien demain comme dans un an, ou deux, ou trois.

Tout ça est bien beau.

Sauf que personne n'aime perdre. À commencer par Martin St-Louis. D'où l'importance de perdre honorablement. Si une telle chose est possible dans le merveilleux monde du sport.

C'est sans doute pour cette raison que St-Louis a encaissé la défaite de 4-1 aux mains du Wild avec autant de positivisme.

« On a joué une très bonne première période; on a joué un très bon match même si on a perdu le momentum en deuxième; je suis satisfait de l'équipe. Si on joue comme ça tous les soirs, on sera difficile à battre », que St-Louis a défilé dans ses commentaires d'après match mardi.

Tout a basculé en deuxième

Le Canadien a joué une bonne première. J'en conviens.

Mais en deuxième, le Tricolore a perdu bien plus que le momentum. Il a perdu le match en étant complètement dominé par un adversaire qui a fait oublier la piètre première période qu'il venait de disputer. Jake Allen a été très généreux sur le premier but en accordant un très vilain retour d'abord pour ensuite mal réagir face au tir qui a suivi. Ses coéquipiers ont été tout aussi généreux en multipliant des erreurs, en cessant de patiner, en ouvrant la porte à des jeux qui ont mené aux deux autres buts du Wild.

Oui, les arbitres et responsables des reprises dans la salle de contrôle de Toronto ont eu besoin d'une minute ou deux avant de déterminer si Rossi avait bel et bien touché à la rondelle à la hauteur des épaules et non plus haut sur la passe qui a mené au deuxième but du match de Kirill Kaprisov.

Un but qui donnait les devants 3-0 au Wild. Un but qui scellait l'issue du match et prolongeait à neuf la séquence de revers consécutifs du Canadien au Minnesota. Une séquence au cours de laquelle le Wild a enfilé 44 buts. C'est 28 de plus que le Tricolore.

En troisième, un but en avantage numérique, un beau but à part ça de Suzuki, le troisième en deux matchs pour l'attaque massive du Tricolore a permis de sauver les meubles.

Du moins un peu.

En fait, ce but a permis de perdre... honorablement.

Un coach protecteur!

Après les 10 matchs disputés depuis le début de la saison, les huit rencontres préparatoires et les 37 qu'il a dirigées l'an dernier lorsqu'il est venu en relève à Dominique Ducharme, on commence à connaître St-Louis.

On réalise que son nouveau rôle d'entraîneur est loin de lui avoir fait oublier sa réalité de joueur.

Ça saute aux yeux et aux oreilles surtout dans la manière de St-Louis de protéger ses joueurs en évitant de les critiquer trop vertement et trop ouvertement.

Ce n'est certainement pas parce qu'il joue du hockey de premier plan que Mike Hoffman a succédé, mardi, à Jonathan Drouin et Evgenii Dadonov sur la galerie de presse à titre de vétéran rayé de la formation.

Pourtant, St-Louis souligne régulièrement à quel point il considère que « Hoff » joue avec conviction.

Il a été très diplomatique dans sa gestion de Drouin qui a pourtant ouvert la porte de sortie du vestiaire en se faisant discret trop souvent lors des matchs qu'il a disputés.

En passant, il l'a été encore mardi.

Et c'est en raison de questions trop insistantes à son goût sur le statut de Dadonov qu'il a rayé de la formation et qui est maintenant non disponible que St-Louis a affiché ses premiers signes d'impatience à l'endroit des journalistes.

En passant, oui le Canadien aimerait échanger Dadonov ou un autre vétéran attaquant. Mais des informations glanées ici et là autour de la Ligue confirment que même si le CH est prêt à garder une bonne portion des salaires des joueurs dont il aimerait se défaire – vous pouvez placer le nom de Dadonov et de plusieurs autres ici – les autres formations ne sont pas intéressées.

Du moins pour le moment.

Le poids des critiques et des défaites...

Mardi après le match, bien que Josh Anderson, un gros attaquant à qui le Canadien a offert un gros contrat parce qu'il devrait normalement marquer sa part de gros buts, n'ait pas décoché le moindre tir en direction de Marc-André Fleury, St-Louis a encore défendu un vétéran.

« Je n'ai rien à reprocher à "Andy" pour le match qu'il vient de disputer », que le coach a dit.

Saint-Louis a-t-il raison ou tort d'agir ainsi?

Il a raison même si on a le droit de considérer que ses plaidoyers en défense de ses joueurs sont parfois un brin généreux.

Car l'ancien joueur qui est caché tout juste sous son survêtement d'entraîneur se souvient sans doute des réactions qui déferlaient dans le vestiaire lorsqu'on coach envoyait un ou des joueurs se faire lapider de critiques sur la place publique en lançant lui-même la première pierre.

Ces réactions négatives venant du vestiaire, St-Louis doit les réduire au minimum, voire les éviter. Car dans un contexte où le Canadien doit perdre cette année et perdre souvent, un coach qui déteste perdre sait mieux que quiconque que les défaites pèseront lourd lorsqu'elles commenceront à s'accumuler.

Pour éviter d'ajouter plus de poids encore à celui déjà lourd de ces revers en offrant lui-même des évaluations négatives, ou trop négatives, de ses joueurs, j'ai l'impression qu'on devra s'habituer à entendre un discours positif et peut-être même jovialiste du coach pour un bout de temps.

Pour combien de temps?

Difficile à dire. Mais il faudra certainement patienter au moins jusqu'à ce que la reconstruction soit assez avancée pour décréter qu'il est maintenant temps de gagner et non seulement de perdre honorablement!