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RÉSULTATS

Cayden Primeau : les grandes décisions approchent

Cayden Primeau Cayden Primeau - PC
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MONTRÉAL - Samuel Montembeault est passé des Panthers de la Floride au Canadien de Montréal par le biais du ballottage.

À Ottawa, les Sénateurs ont profité de la présence d'Anton Forsberg au ballottage pour le sortir de l'organisation des Jets. Des Jets qui l'avaient d'ailleurs acquis des Hurricanes de la Caroline après qu'ils l'eurent eux aussi offert à tous les clubs de la LNH. 

Et vous savez quoi? C'est aussi par le biais du ballottage que les « Canes » avaient pris une chance sur le gardien suédois « ballotté » par les Oilers d'Edmonton.

Montembeault et Forsberg, qui rendent de bons services au Canadien et aux « Sens », ne sont pas les seuls gardiens actifs dans la LNH cette année à avoir subi l'affront d'un séjour ballottage. Eric Comrie à Buffalo et Alex Stalock à Chicago pour ne nommer qu'eux ont aussi vécu cette expérience.

Et il y a pire.

Il y a Charlie Lindgren qui connaît les meilleurs moments de sa carrière avec les Capitals de Washington cette année, qui a été offert trois fois à tous les clubs de la Ligue, dont deux par le Canadien, et qui chaque fois a été boudé.

À 29 ans, alors qu'on ne l'attendait plus vraiment dans la LNH, le gardien qui attrape de la gauche affiche 12 victoires en 20 décisions (12-6-2), une excellente moyenne de 2,67 buts alloués par match et une efficacité de 90,7 %.

Pourquoi revenir sur les parcours sinueux qui ont mené ces gardiens devant le filet d'un club de la LNH?

Parce que ces parcours démontrent qu'il est parfois difficile de prendre des décisions éclairées sur la valeur d'un jeune gardien dans la LNH. Que des équipes auraient eu intérêt à afficher un brin ou deux de patience avant de placer un jeune gardien au ballottage; ou plus simplement de s'en départir.

Et aussi, et surtout, parce que c'est le parcours que pourrait devoir emprunter Cayden Primeau si le Canadien décide de ne pas lui offrir un poste avec le grand club l'an prochain.

Garnir la banque de données

Choix de septième ronde (199e sélection) au repêchage de 2017, Cayden Primeau est encore bien jeune à 23 ans.

À titre de gardien, il est plus jeune encore : il ne compte que 19 matchs d'expérience dans la LNH. Sa fiche de 3-10-2 en 15 décisions, sa moyenne de 4,19 buts alloués par rencontre et son efficacité de 87,3 % sont loin d'inspirer confiance.

Et ce n'est pas comme s'il brûlait la Ligue américaine non plus. Le grand gardien affiche un dossier négatif (6-7-5, 3,45 BA/M, 89,5 % d'efficacité) avec le Rocket cette saison. 

Vrai que le club-école du Canadien a perdu tout plein de joueurs venus en relève avec le grand club qui est décimé par les blessures. Vrai aussi que le Rocket a eu plus que sa part de blessés également ce qui est loin d'aider la cause des gardiens.

Mais quand même : malgré des sorties intéressantes et le bénéfice du doute, Primeau n'arrive pas à se défaire d'une réputation bien négative selon laquelle il accorde de mauvais buts trop souvent. 

Pour toutes ces raisons, celui que plusieurs considéraient comme le dauphin de Carey Price dans un passé encore récent a perdu du galon. De gardien d'avenir du Tricolore, il est devenu un candidat à s'établir dans la LNH comme second violon. Et encore…

Parce qu'il n'a que 23 ans, parce qu'il n'a disputé que 19 matchs dans la LNH et pis encore parce que les contraintes associées à la COVID-19 l'ont limité à 100 parties – fiche de 50-34-14 – disputées dans la Ligue américaine depuis qu'il est arrivé dans les rangs professionnels en 2019, il est encore très tôt, trop tôt sans doute, pour établir des conclusions solides quant au potentiel de Primeau dans la LNH.

Malgré tout, le gardien « d'avenir » du Canadien se retrouvera au ballottage à la fin du prochain camp d'entraînement s'il n'arrive pas à se faire une place avec le grand club.

Cette éventualité, comme l'expérience vécue par Samuel Montembeault, démontre qu'il serait peut-être nécessaire de retarder d'un an ou deux les procédures de ballottage pour les jeunes gardiens qui frappent à la porte de la LNH.

Hughes veut voir Primeau plus souvent

Une telle révision n'étant pas pour demain, le Canadien aura une décision difficile à prendre dans le cas de Primeau. Avant d'en arriver là, l'état-major devrait donc offrir des départs dans la LNH, à son jeune gardien pour augmenter la banque de données qui servira à prendre des décisions sur son avenir.

À moins que cette décision soit déjà prise et que le Tricolore soit prêt à laisser partir Primeau. Comme les Panthers étaient prêts à perdre Montembeault.

Ça ne semble pas être le cas. Du moins pas encore.

Car croisé au Centre Bell avant la pause du Match des étoiles, le directeur général Kent Hughes a convenu du bien fondé de voir Primeau en action avec le Canadien et non seulement avec le Rocket. Il a même assuré que peu importe l'état de santé de Jake Allen et Samuel Montembeault, Cayden Primeau obtiendra des départs d'ici la fin de la saison régulière.

Combien? Le DG ne s'est pas avancé.

Hughes a esquissé une moue agacée lorsqu'on lui a fait remarquer que le Tricolore avait l'occasion de garnir sa banque de données lors du récent séjour de Primeau avec le grand club en raison de la blessure subie par Jake Allen.

Une occasion que le Canadien a loupée en limitant l'utilisation de Primeau à la seule troisième période du match contre les Panthers de la Floride. Des Panthers qui ont marqué un but en sept tirs à ses dépens pour sceller l'issue d'une rencontre que l'adversaire venu de la Floride avait déjà bien en main avec une avance de 5-2 après 40 minutes de jeu.

Lors des sept autres matchs, Primeau a été limité au rôle de réserviste de Samuel Montembeault.

Pourquoi?

Le gardien québécois a très bien fait pour justifier son utilisation. Les « risques » associés à des affrontements contre des clubs menaçants offensivement comme les Rangers, les Jets, les Maple Leafs et les Bruins ont certainement poussé l'état-major à éviter de placer Primeau face à des situations difficiles. On peut le comprendre.

L'intention de battre les Panthers pour les éloigner le plus possible des séries – le Canadien a en banque le premier choix non protégé de la Floride lors du prochain repêchage – peut aussi expliquer la stratégie d'avoir donné le départ à Montembeault.

En jouant de prudence comme il l'a fait, le Canadien n'a toutefois rien fait pour mousser la banque d'analyse sur laquelle il devra se baser dans quelques mois s'il doit soumettre Primeau au ballottage parce que Jake Allen et Samuel Montembeault seront campés devant lui dans la hiérarchie des gardiens du Tricolore.

Au fait : Montembeault et Allen seront-ils toujours avec le Canadien à la fin du prochain d'entraînement?

Si l'on se fie aux propos tenus par Kent Hughes lors de son bilan de mi-saison, Samuel Montembeault y sera certainement. S'il n'est pas blessé bien sûr. Car le directeur général a indiqué que son gardien québécois était à Montréal pour y rester.

Allen?

Le fait que le Canadien lui ait consenti un contrat de deux ans d'une valeur totale de 7,7 millions $ qui entrera en vigueur la saison prochaine témoigne de la confiance que lui voue l'état-major.

Un gardien d'expérience comme Allen, avec une bonne réputation comme celle associée au vétéran du Tricolore, à un salaire annuel moyen de 3,85 M$ sous le plafond, pourrait intéresser des équipes en quête d'un solide numéro deux.

Cela dit, avant de se départir d'un Jake Allen, le Canadien serait bien avisé de s'offrir le plus de données (LNH) possible sur Cayden Primeau. Il lui reste 32 matchs pour le faire. Bien hâte de voir si l'état-major les utilisera vraiment. Et combien de fois il le fera.