Pour gagner dans la LNH, il faut que tes meilleurs joueurs soient aussi bons sinon meilleurs que les meilleurs joueurs de l’autre côté; il faut que ton gardien soit aussi bon sinon meilleur que le gardien à l’autre bout de la patinoire; il faut que les unités spéciales soient solides et il est toujours bon de dominer les mises en jeu.

Le Canadien s’est fait planter aux cercles de mises en jeu mardi soir contre les Red Wings de Detroit, qui sont très solides dans cette facette du jeu. Le Canadien s’est aussi fait planter au chapitre des unités spéciales alors que les Wings ont inscrit trois buts en cinq occasions alors que le Tricolore a fait chou blanc quatre fois de suite.

Pourtant c’est le Canadien qui est sorti gagnant du Centre Bell infligeant un revers de 4-3 à des Red Wings qui avaient bien besoin de gagner pour mousser leurs chances d’accéder aux séries pour une 25e saison de suite.

Pourquoi le Canadien a-t-il gagné alors?

Parce que ses meilleurs joueurs, ceux de la LNH qui sont en santé, ont pris les choses solidement en mains au lieu de laisser les joueurs de soutien et ceux venus en relève de la Ligue américaine le faire à leur place.

Après avoir disputé beaucoup trop de mauvaises parties au cours des dernières semaines, Max Pacioretty (deux buts) et Alex Galchenyuk (deux passes) ont disputé un vrai match de hockey. Ça ne se reflète pas seulement dans leur production respective. Ça se reflète surtout dans le fait qu’ils ont terminé la rencontre avec un différentiel de +4. Tout un contraste avec le -2 qu’ils affichaient après la défaite aux mains des Rangers samedi. Un plus gros contraste encore avec le -7 qu’ils ont cumulé contre Ottawa, Calgary et Anaheim il y a une semaine.

En passant, Pacioretty et Galchenyuk affichent maintenant 27 buts chacun. Ils pourraient répéter « l’exploit » de 2011-2012 alors que Pacioretty (33) et Erik Cole (35) avaient fracassé la barre des 30 buts.

Pacioretty et Cole étaient les premiers à atteindre ce plateau la même année depuis Vincent Damphousse (38) et Pierre Turgeon (38) en 1995-1996.

Même s’il n’a pas marqué – quelle chance il a ratée en troisième période – Tomas Plekanec a lui aussi disputé un meilleur match. Tout comme Andrei Markov et Alexei Emelin, qui en écopant une pénalité majeure pour une mise en échec illégale – on y viendra plus loin – a obligé Markov à passer près de 30 minutes sur la glace. Une commande ahurissante pour un gars de son âge.

Il ne faudrait pas non plus oublier le travail de Mike Condon. En dépit des trois buts sans riposte qu’il a accordés en période médiane – une très vilaine période pour le Tricolore en raison des pénalités en cascade dont il a écopé – Mike Condon a connu une solide sortie. Il a stoppé 39 des 42 tirs des Wings et a réalisé plusieurs gros arrêts. Des arrêts importants. Des arrêts sans lesquels le Canadien n’aurait pas gagné. Comme les meilleurs patineurs du Tricolore qui ont été meilleurs que ceux des Wings, Mike Condon a été meilleur que les deux gardiens envoyés dans la mêlée par Detroit.

Voilà ce qui explique pourquoi le Canadien a pu faire contrepoids aux batailles qu’il a perdues pour finalement gagner la guerre.

Bien simplement, les vétérans ont fait ce que les partisans sont en droit d’exiger d’eux : ils ont offert leur plein rendement.

Dans son entrevue accordée sur la patinoire à titre de première étoile de la rencontre, Max Pacioretty a d’ailleurs remercié les partisans pour leur appui au cours du match. « Je vous assure qu’on va tout donner d’ici la fin même si nous savons que nous sommes éliminés », a-t-il promis avant de retraiter au vestiaire.

Si le capitaine et ses coéquipiers tiennent promesse, ils échapperont aux critiques et aux huées qu’ils ont encaissées lors des derniers matchs. Des critiques et huées qui n’étaient pas associées aux résultats – du moins pas uniquement – mais bien au manque d’effort et d’implication dont ils se rendaient coupables.

Qu’a fait Michel Therrien pour s’assurer du retour en force de ses vétérans? L’entraîneur-chef les a-t-il sermonnés, savonnés, fouettés?

« Je n’ai pas à leur lancer de message. Tous nos joueurs sont bien conscients de la situation difficile dans laquelle on se retrouve. Ils ont disputé un match inspiré. Un match productif. Ils ont répondu de la bonne manière et on s’attend à ce qu’ils répondent de la même façon lors des prochaines parties », a expliqué Michel Therrien.

Une niche pour Byron

Parce que Brendan Gallagher est toujours indisposé par les contrecoups du grand écart – façon polie d’écrire la split! – qui le confine à l’infirmerie depuis le match du 5 mars dernier à Winnipeg, Paul Byron obtient une belle chance à la droite de Pacioretty et Galchenyuk.

Une chance dont il profite au maximum. Byron s’est fait voler un but par Jimmy Howard qui a effectué une belle glissade sur sa droite pour priver le petit attaquant d’un 11e but cette saison alors qu’il a décoché un tir sur réception d’une passe savante de Max Pacioretty à l’embouchure du filet des Wings.

Bien que petit de taille – il doit certainement être le plus petit et léger joueur de la LNH – Byron est très rapide. « Il est aussi très bon pour contenir les adversaires et s’emparer des rondelles libres », a ajouté Michel Therrien.

Des qualités qui lui permettent de justifier sa présence au sein d’un premier trio qu’il n’occuperait pas si le Canadien n’était pas aussi démuni sur le flanc droit. Et je ne parle pas ici seulement des blessures.

Débarqué dans le vestiaire du Canadien par le biais du ballottage, Paul Byron s’est vraiment fait une niche dans le vestiaire du Tricolore. Pas au sein d’un premier trio, on en conviendra tous. Et peut-être pas au point d’obtenir les trois années de contrat dont Marc Bergevin lui a fait cadeau il y a un mois. Mais une niche de joueur régulier capable d’aider la cause de son équipe.

Star d’un soir

Auréolé de la première étoile la semaine dernière dans la victoire surprise de 4-3 aux dépens des Ducks d’Anaheim, Mike Brown a été promu au rang d’étoile dès le lendemain.

Parce que les journalistes et les amateurs n’avaient pas grand-chose à se mettre sous la dent, un tsunami de sympathie a propulsé Brown vers un contrat en vue de la saison prochaine. Sorti de nulle part à la date limite des transactions, Brown était soudainement un joueur essentiel aux succès du Canadien pour les années à venir.

J’exagère à peine!

Mardi soir, on a vu que la star d’un soir est un joueur honnête, sans doute, mais dont les quelques travers expliquent pourquoi il s’est fait larguer des équipes dont il a défendu les couleurs au cours de sa carrière.

Après que son équipe eut été victime de deux buts marqués pendant la pénalité majeure écopée par Alexei Emelin, Brown s’est rendu coupable de deux pénalités inutiles : une pour rudesse et une autre pour double-échec alors qu’il a tenté d’attirer avec lui au cachot Niklas Kronwall qui a simplement tendu l’autre joue avec un sourire.

L’indiscipline démesurée de Brown a coûté un but à son équipe. Pis encore, son obstruction évidente – il a poussé la jambière du gardien Howard pour le déstabiliser devant sa cage – a privé son équipe d’un but. Je ne crois pas qu’on l’ait ensuite revu sur la patinoire. Avec raison!

Comme je l’écrivais la semaine dernière, le Canadien comme tous les clubs de la LNH tente avec raison de mettre la main sur un agitateur capable de patiner et de jouer au hockey. Je souhaite donc au Canadien et à ses partisans de trouver un Mike Brown, sans nécessairement que ce soit... Mike Brown.

Revenons à Emelin. Le défenseur a écopé une pénalité majeure pour une mise en échec sévère à l’endroit de Dylan Larkin en début de deuxième période. Larkin jouait la rondelle, mais il ne l’avait pas en sa possession d’où la sanction pour obstruction. Pourquoi une pénalité majeure et non une mineure? Parce qu’Emelin y est allé un brin fort et parce que le joueur des Wings était loin de la bande, ce qui a donné plus d’ampleur aux contrecoups de la mise en échec.

Du côté de la LNH, on jugeait en soirée hier que la décision rendue sur la patinoire était la bonne et qu’il n’y avait pas de motif d’étudier davantage le jeu afin de réfléchir au bien-fondé d’imposer une sanction supplémentaire.

Emelin s’en est donc tiré avec deux buts marqués pendant son absence et quelques taloches assénées par Justin Abdelkader. Le défenseur a même obtenu l’absolution de son coach Michel Therrien qui considérait « dure mais légale » la mise en échec qui a ouvert la porte à la remontée des Wings.

Le Canadien a donc fait mal aux Wings qui avaient bien besoin des deux points à l’enjeu hier. En prime, il s’est fait quelques amis – ça risque d’être très éphémère – du côté de Philadelphie et de Boston alors que les joueurs des Flyers et des Bruins, de même que leurs partisans, ont bien aimé le coup de main de l’adversaire de Montréal.

C’est ça qui est ça…

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