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RÉSULTATS

Sauver la face!

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MONTRÉAL - Et vous : dans quel camp êtes-vous?

 

Dans celui qui clame haut et fort que Jonathan Drouin méritait pleinement d'être cloué au banc du début à la fin du match de samedi, à Tampa, pour un retard de deux minutes à une réunion d'équipe vendredi?

 

Dans celui qui considère que Martin St-Louis a été trop sévère à l'endroit d'un joueur qui dispute sans doute ses derniers matchs en carrière dans l'uniforme du Canadien et qui, en prime, était une cible facile?

 

Peu importe! Car comme dans n'importe quoi, les deux camps ont des points très valides à avancer pour défendre leur position.

 

L'important dans cette affaire n'est pas de déterminer qui a raison et qui a tort. L'important en ce moment est de sauver la face. De s'assurer que tout ce que le Canadien a fait de bien et de bon depuis le début du calendrier régulier ne soit pas effacé par une fin de saison désolante autant sur la glace qu'à l'extérieur de la patinoire.

 

Lancer que le Canadien s'enlise en ce moment est un euphémisme.

 

Il a non seulement perdu neuf de ses dix derniers matchs (1-7-0-2), mais il vient d'accorder 26 buts à ses quatre derniers matchs.

 

Pour éviter que son équipe abandonne et que les dégelées s'accumulent d'ici le 13 avril, qu'un laisser-aller général s'installe dans le vestiaire pour le dernier droit du calendrier, Martin St-Louis devait trouver une façon de réveiller son club. La mesure disciplinaire à l'endroit de Drouin lui a permis de le faire.

 

En acceptant son sort comme il l'a fait, en assumant ses responsabilités tout en spécifiant qu'il s'était présenté avec deux minutes de retard à la réunion parce que son réveil est demeuré silencieux, Drouin a lui aussi sauvé la face. En prenant la parole, il a pu mettre un frein à toutes les spéculations qui déferlaient pour expliquer son retard.

 

Il a aussi affirmé que c'était la première fois en neuf ans dans la LNH qu'il ratait une réunion d'équipe. Cela a aussi permis de balayer du revers de la main le fait qu'il ne devait pas en être à une première offense pour écoper pareille sanction.

 

Avait-t-il d'autres prises contre lui? Drouin et St-Louis sont les seuls à avoir réponse à cette question.

 

Mais chacun à leur façon, le coach et son joueur mal aimé ont été en mesure de plaider leur cause et de sauver la face. Du moins, c'est mon avis.

 

Il restera à Drouin de revenir en force pour se faire pardonner un peu. Et si Martin St-Louis lui offre du temps d'utilisation de qualité au lieu de le confiner à un quatrième trio et à lui faire sauter des tours de temps en temps, on comprendra que l'incident était vraiment isolé et que la page est tournée.

 

La réponse tombera mardi.

 

Un gros caillou qui coule à pic

 

Et comme le Canadien croisera le Lightning de Tampa Bay pour une deuxième fois de suite mardi et que c'est à Boston qu'il poursuivra sa semaine de travail, jeudi, il sera important de trouver une façon de sauver la face sur la glace également.

 

Ce qui sera plus facile à écrire qu'à faire.

 

On a beau broyer de la roche avec le plus de puissance possible, il ne sera jamais possible d'en extraire assez d'eau pour se désaltérer.

 

Et en ce moment, le Canadien est un gros caillou qui coule à pic.

 

Samedi à Tampa, des 12 attaquants à la disposition de Martin St-Louis, quatre seulement étaient des joueurs de la LNH. Et comme Jonathan Drouin a passé la partie au banc, Nick Suzuki, Josh Anderson et Mike Hoffman étaient les seuls à imposer cette forme de leadership.

 

Contre une équipe qui pourrait se rendre à une quatrième finale de la coupe Stanley consécutive, les chances du Tricolore dans ces circonstances étaient minces.

 

Si le Lightning avait offert une solide performance, les chances du Tricolore auraient été nulles. Mais les «Bolts» se sont économisés. Loin d'avoir doublé le Canadien au chapitre de l'effort, ils ont laissé leur talent les mener à la victoire.

 

Parce que son équipe en arrache et qu'elle n'a certainement pas besoin d'être rabaissée par un coach qui devrait commencer à en avoir plein le bas du dos de perdre, je comprends très bien pourquoi Martin St-Louis a tenu à louanger l'effort de son équipe.

 

Mais dans les faits, on n'a jamais senti le Canadien en contrôle dans ce match. Que ce soit après le premier but de la rencontre de Mike Hoffman, et plus encore après les deux buts consécutifs de Gurianov et Ylonen qui ont donné les devants 3-2 au Tricolore en période médiane, on sentait que c'était une question de temps avant que Tampa ne reprenne le dessus.

 

Comme c'est arrivé en troisième.

 

Les 26 buts marqués en fil des quatre derniers matchs font mal. Bon! Les Panthers ont gonflé ce chiffre avec les neuf buts enfilés jeudi dernier en Floride.

 

Je veux bien.

 

Le fait d'avoir limité le Lightning à cinq buts – le dernier dans un filet désert – représente donc une nette amélioration il faut croire.

 

Redonner un sens aux défaites

 

Mais depuis le 28 février lors de sa victoire de 3-1 aux mains des Sharks, à San Jose, le Canadien a accordé au moins trois buts à chacune de ses parties. Il est rendu à 47 à ses dix derniers matchs.

 

C'est énorme.

 

Et bien qu'on puisse lui pardonner un tas de choses en raison des blessures qui ont transformé le Canadien en gros clubs de la Ligue américaine, il a décoché 258 tirs de moins que ses adversaires au fil des 12 derniers matchs. Comme quoi, il a passé bien plus de temps à patiner après la rondelle que de temps à la contrôler.

 

Vrai que ça ne l'a pas empêché de gagner à San Jose et à Pittsburgh – le Canadien a déjoué toutes les statistiques dans ce match au cours duquel les Penguins ont décoché 40 tirs de plus que lui – mais cela met en évidence une tendance lourde qui est très loin d'être favorable en ce moment.

 

Je sais!

 

On répète depuis le début de la saison que les défaites sont en fait des victoires pour le Canadien puisqu'elles haussent les chances de Kent Hughes et de ses recruteurs de sortir gagnants du prochain repêchage.

 

Mais il y a des moyens de perdre.

 

En gardant les matchs serrés, en s'offrant vraiment des chances de surprendre l'adversaire, ce qui n'était pas le cas à Tampa samedi soir tant les «Bolts» se contentaient de très peu, les joueurs du Canadien donnaient un sens aux revers.

 

En ouvrant toutes grandes des brèches défensives comme ils le font maintenant, ils effacent, du moins en partie, tout ce qu'ils ont fait de bon cette année.

 

Il est donc grand temps pour le Tricolore de prendre les moyens pour sauver la face au fil des 12 derniers matchs de la saison… et ce même s'il ajoute une douzaine de défaites aux 43 – 37 en temps réglementaires – qu'il a encaissées jusqu'ici.