MONTRÉAL - C’est en revivant les émotions partagées avec ses proches bien plus qu’en fixant une banale rondelle installée dans un coin de son bureau qu’André Tourigny savourera les souvenirs heureux associés à sa première victoire en carrière au Centre Bell à titre d’entraîneur-chef dans la LNH.

 

« J’ai vu ma mère avec les larmes aux yeux avant le match. J’ai hâte d’aller la rejoindre dans quelques minutes en compagnie de ma sœur. J’ai vu les visages de mes chums qui étaient assis près de notre banc pendant le match. J’ai pensé à mon père qui est resté à la maison. J’ai pensé aussi aux gens de Rouyn – il a dirigé les Huskies pendant 10 saisons (2003 à 2013) avant d’accepter un poste d’adjoint avec l’Avalanche du Colorado – à mon monde à Nicolet. Ces émotions me touchent bien plus qu’une rondelle », a lancé l’entraîneur-chef québécois après sa victoire de 6-3 aux dépens du Canadien.

 

Ce gain des Coyotes n’a pas été aussi facile que le score final le laisse entendre.

 

De fait, c’est Karel Vejmelka qui aurait dû recevoir la rondelle du match tant il a mangé du caoutchouc mardi soir. Le gardien des Coyotes a effectué 36 arrêts, plusieurs difficiles, quelques-uns acrobatiques sans oublier quelques autres un brin ou deux chanceux pour permettre à ses coéquipiers et son entraîneur-chef de savourer une deuxième victoire en deux soirs – gain de 5-3 à Ottawa lundi – et un sixième gain lors des sept derniers matchs.

 

Les Coyotes ont profité d’un très mauvais début de rencontre du Canadien et de son gardien – Jeff Petry et Samuel Montembeault ressemblaient davantage au défenseur et au gardien qu’ils étaient sous Dominique Ducharme qu’à ce qu’ils ont offert à Martin St-Louis depuis son arrivée – pour s’offrir une avance de 2-0 avant même que la quatrième minute du match soit complétée.

 

Encore Caufield!

 

Avec moins de deux minutes à écouler en période médiane, c’était rendu 5-1 Arizona. L’issue du match semblait scellée lorsque Cole Caufield y est allé de deux buts en huit secondes pour raviver les espoirs.

 

ContentId(3.1403124):Canadiens : Un 2e en 8 secondes pour Caufield! (LNH)
bellmedia_rds.AxisVideo

Deux buts en huit secondes, c’est vite en simonac!

 

Mais ce n’est pas assez vite pour devancer Peter Mahovlich qui détient le record des deux buts les plus rapides marqués par un même joueur du Canadien (cinq secondes) depuis le 20 février 1971. C’est aussi une seconde moins vite que les deux buts enfilés par Stéphane Richer en novembre 1987.

 

En passant, Nels Stewart des Maroons de Montréal en 1931 et Daron Quint, en 1995, lors de sa saison recrue avec les Jets de Winnipeg, partagent le record des deux buts les plus rapides dans l’histoire de la LNH : soit quatre secondes.

 

Mais peu importe ces records déjà difficiles à égaler et pratiquement impossibles à améliorer, Caufield a une fois encore démontré à quel point le changement d’entraîneur-chef l’a survolté.

 

Limité à un but et huit points à ses 30 premiers matchs de la saison, Caufield a marqué dix buts et totalise 19 points dans les 15 matchs disputés sous les ordres de Martin St-Louis. Il est maintenant deuxième chez le Canadien avec sept matchs de deux points ou plus – Nick Suzuki domine avec 13 – et six de ces sept matchs de deux points et plus sont survenus après le changement d’entraîneur-chef.

 

Propulsé par les deux buts de Caufield en fin de période médiane et par l’énergie de la foule qui s’est alors mise à croire à une possible remontée, c’est encore le Canadien qui a donné le ton en début de troisième période.

 

Il a raté une occasion en or dès sa première poussée en zone ennemie. Il en a bousillé quelques autres en plus de se frotter à un gardien – Karel Vejmelka – nettement plus en forme que Samuel Montembeault qui en était à son cinquième départ consécutif, à une troisième sortie en quatre soirs. Victime de quatre buts sur sept tirs, le gardien québécois a cédé sa place à Cayden Primeau en période médiane. Le jeune homme a bien fait en repoussant 10 des 11 tirs qu’il a affrontés.

 

Vous trouvez les chiffres des tirs au but bien inégaux? Vous avez entièrement raison. Le Canadien a non seulement obtenu 20 tirs de plus que les Coyotes (39-19), mais il a cadré autant de tirs (39) que les joueurs des Coyotes en ont décochés.

 

Ce n’est pas rien.

 

Et bien qu’il ait décoché 65 tirs, donc 26 de plus que leurs adversaires, les joueurs du Canadien ont aussi asséné 19 mises en échec de plus (30-11). Des résultats qui démontrent que le Canadien a donné pas mal plus d’ennuis aux Coyotes que le score final le laisse croire.

 

Comme un peu tout le monde, André Tourigny connaissait peu, voire pas du tout, Karel Vejmelka lorsqu’il est débarqué en Arizona l’été dernier.

 

« Il est arrivé comme joueur autonome. On ne savait pas à qui on avait à faire. Il est passé par le camp de développement. Il est ensuite allé au camp des recrues et s’est taillé une place après le vrai camp. Il a connu un bon début de saison avant de connaître un passage à vide. On s’est alors demandé s’il avait frappé un mur. Ce n’est pas comme si on l’avait vu évoluer dans les rangs juniors et dans les mineures. On ne savait pas à quoi s’attendre. Mais il est revenu en force et nous donne de l’excellent hockey », a raconté Tourigny en donnant du crédit au gardien tchèque âgé de 25 ans. Un gardien initialement repêché par les Predators de Nashville (4e ronde) en 2015.

 

Efficacité redoutable

 

Sans rien enlever à la performance de Karel Vejmelka dans la victoire et sans trop vouloir imputer à Samuel Montembeault le poids de la défaite, les Coyotes ont été beaucoup plus opportunistes que le Canadien. Ils ont su profiter des erreurs du Tricolore et des largesses de leur gardien. Ils ont su maximiser leurs occasions de marquer ce que le Canadien est loin d’avoir fait.

 

Mais bon! Le Canadien mérite qu’on souligne une fois encore le fait qu’il n’a pas abandonné. Que même en arrière 5-1 en deuxième période et malgré le déficit de deux buts qu’il avait à combler au dernier tiers, il ne s’est pas écrasé comme il le faisait bêtement en début de saison.

 

Histoire de démontrer l’opportunisme des Coyotes, ils ont marqué six fois sur 19 tirs, mardi, au Centre Bell. Ce qui leur confère une efficacité de 31,6 %. C’est énorme!

 

À leurs six derniers matchs, les Coyotes ont marqué 35 fois en 147 pour une efficacité de 23,8 %. Ça aussi c’est énorme.

 

En sept matchs disputés depuis le début du mois de mars, les Coyotes ont inscrit 37 buts. C’est non seulement le plus haut total dans la LNH, c’est aussi neuf buts de plus que les 28 enfilés en 10 rencontres disputées au mois de février.

 

« On a doit avoir le meilleur taux d’efficacité de l’histoire de la Ligue », a convenu André Tourigny qui n’avait toutefois pas l’intention de bouder un tel plaisir.

 

« C’est un juste retour des choses de voir les rondelles entrer comme ça depuis quelques matchs. En début de saison, nous étions incapables d’acheter un but. Les gars jouent avec moins de pression. En début de saison, ils se décourageaient lorsque les buts ne venaient pas. Là, ils gardent confiance et les résultats sont là. Ça fait une grosse différence », assurait le coach des Coyotes.

 

Après une séquence de 11 revers consécutifs – un seul en tirs de barrage – pour amorcer la saison et une fiche d’une victoire seulement après 15 rencontres (1-13-0-1), les Coyotes jouent pour ,500 (15-15-0-2) depuis le 17 décembre.

 

La confiance associée aux victoires a aussi permis aux Coyotes d’éviter de se faire rejoindre et dépasser par le Canadien qui semblait sur le point de renverser la vapeur en troisième période.

 

« On est déjà passé par là. On sait qui on est comme équipe. On ne nous donne pas de victoire. Il faut aller les chercher. Il ne faut pas arrêter d’attaquer parce qu’on n’a pas le genre de club comme Tampa qui peut décider de fermer le jeu pour protéger son avance. On a eu quelques secondes plus difficiles, mais les gars ont su garder le contrôle », que Tourigny a conclu visiblement satisfait de sa première escale à Montréal à la barre d’un club de la LNH.

 

Dans le cadre d’une saison difficile, à quelques jours d’éventuelles transactions qui pourraient secouer son équipe et miner ou à tout le moins ralentir le rythme victorieux des dernières semaines, André Tourigny a beau jeu de savourer les bons moments qu’il traverse avec son équipe.

 

Car bien qu’ils puissent compter sur un leader sensationnel comme Clayton Keller, sur des jeunes joueurs talentueux comme Lawson Crouse, Nick Schmaltz et Berrett Hayton et de vétéran comme Anton Stralman qui sert de parrain dans le vestiaire, les Coyotes sont encore loin des équipes qui peuvent se targuer de pouvoir lutter pour se tailler une place en séries.