COLLABORATION SPÉCIALE

 

Avec une cinquième victoire consécutive, le CH est méconnaissable depuis l’arrivée de Martin St-Louis derrière le banc. L’équipe qui accordait le premier but soir après soir et baissait les bras au moindre signe d’adversité a fait place à une formation dynamique qui a une réelle chance de l'emporter soir après soir.

 

Il est évidemment trop peu trop tard pour toute forme de succès cette saison, mais St-Louis a offert aux partisans une raison de supporter l’équipe à nouveau et ça commence avec le regain de vie des deux joueurs qui représentent le futur de l’organisation: Nick Suzuki et Cole Caufield. Malgré leur énorme potentiel, les deux jeunes joueurs n'arrivaient pas à se démarquer sous la tutelle de Dominique Ducharme.

Caufield, qui possède déjà l’un des meilleurs tirs de la LNH, semblait timide, hésitant, et parfois carrément invisible, ne marquant qu'un seul but à ses 30 premiers matchs, tandis que Suzuki connaissait des performances en montagnes russes, pouvant autant obtenir 13 points en neuf matchs que marquer un seul point en 10 rencontres. Depuis le changement derrière le banc, les deux joueurs mènent la charge offensivement pour un club qui est méconnaissable et offrent finalement des lueurs d'espoir dans une saison difficile.

 

Nick Suzuki s’établit comme premier centre

 

Avec un contrat de 8 ans en poche qui commence la saison prochaine, il est facile d’oublier que Nick Suzuki n’a toujours que 22 ans. Il est néanmoins le visage du futur et du présent pour le Tricolore. L’organisation espère qu’il réussira où Alex Galchenyuk, Jesperi Kotkaniemi, et de nombreux autres ont échoué en s’établissant comme un centre de premier plan dans la LNH, quelque chose que l’on n’a pas vu à Montréal depuis de longues années. Suzuki a connu une saison difficile, à l’image du Canadien, mais ses performances avec St-Louis derrière le banc nous rappellent pourquoi il est un talent si excitant pour l’avenir du Bleu-Blanc-Rouge.

 

Il est facile de se laisser emporter dans le jeu des comparaisons, mais Suzuki a souvent vu son style de jeu être comparé à celui de Patrice Bergeron, et avec raison. Il est encore trop tôt pour dire qu’il atteindra les mêmes hauteurs que le centre des Bruins, mais Suzuki est un centre qui a le potentiel d’exceller aux deux bouts de la patinoire et il le montre à tous ceux qui auraient pu en douter au cours des derniers matchs.

 

Graphique SuzukiSuzuki est presque imbattable dans le cercle des mises au jeu dernièrement, surtout en zone défensive, avec un taux de réussite de près de 70 %. Il continue aussi à être actif dans les lignes de passes, brisant régulièrement les jeux adverses et permettant au CH de contre-attaquer ou d’arrêter une tentative de sortie de zone adverse et prolongeant la pression offensive pour Montréal.

 

Offensivement, le jeune centre a presque doublé le nombre de passes qu'il complète vers l’enclave par match, un des meilleurs indicateurs de performances pour un fabricant de jeu. L’échantillon est évidemment petit, mais une moyenne de 1,9 passes vers l’enclave par match le placerait dans le top 50 de la LNH dans cette catégorie, où il serait entouré de joueurs comme Kirill Kaprizov (1,9) et Mikko Rantanen (1,8). Suzuki prouve qu’il a tous les outils pour être un véritable centre numéro un. Reste à voir s’il pourra maintenir ce rythme pour les mois et les années à venir.

 

Un Cole Caufield revigoré

 

Caufield joue nettement plus en confiance lors des huit derniers matchs et ce n’est pas un hasard qu’il a finalement de la stabilité chez ses compagnons de trios. Sous les ordres de Ducharme, Caufield était sans cesse déplacé dans l’alignement. Soir après soir, il était jumelé avec des joueurs différents et pouvait passer du 1er au 4e trio en un instant. En 30 matchs avec Ducharme, il a disputé au moins 10 minutes de jeu à forces égales avec 11 combinaisons de joueurs différentes, mené par l’unité Toffoli-Suzuki-Caufield, qui n’a joué que 58:15 ensemble, soit moins de deux minutes par match en moyenne. Il s’est aussi retrouvé trop souvent avec des joueurs comme Mathieu Perreault, Artturi Lehkonen, Laurent Dauphin, et autres attaquants de 3e et 4e trio qui n’ont pas le flair offensif nécessaire pour maximiser les talents de Caufield.

 

En huit rencontres avec son nouvel entraîneur, Caufield a déjà évolué plus de 50 minutes aux côtés de Nick Suzuki et Josh Anderson, les deux autres meilleures pièces offensives de l’organisation. Entouré de joueurs dynamiques, l’attention de la défensive adverse ne peut plus être concentrée sur Caufield et se divise plutôt entre les trois menaces sur la glace, facilitant la tâche pour tout le monde. Un trio stable aide aussi à créer une chimie entre les trois joueurs, quelque chose qui était impossible pour Caufield sous les ordres de Ducharme.

 

Les trois joueurs ont aussi des talents complémentaires. Suzuki est le fabricant de jeu avec une excellente vision qui reste responsable défensivement, Caufield est le franc-tireur qui peut décocher sans avertissement de n’importe où dans la zone offensive et Josh Anderson a une combinaison unique de vitesse et de puissance qui donne des maux de tête aux défenses adverses. La connexion Suzuki-Caufield est particulièrement encourageante. Des 15 passes complétées vers la zone payante par Suzuki au cours des 8 dernières rencontres, huit ont été reçues par Caufield.

 

Graphique CaufieldCe trio permet au jeune ailier de briller, mais contrairement à mes premières impressions, il ne tire pas vraiment plus régulièrement qu’avant, passant de 4,6 tirs tentés par match sous les ordres de Ducharme à 4,9 avec St-Louis. C’est sa sélection de tir qui a changé pour le mieux.

 

En début de saison, Caufield semblait hésitant et se retrouvait trop souvent en périphérie, avec près de 60% de ses tirs tentés qui provenaient de l’extérieur de l’enclave, facilitant la tâche des gardiens adverses et limitant l’efficacité de son lancer foudroyant. Après tout, environ 75 % des buts marqués chaque saison dans la LNH viennent de l’enclave, quelque chose que Martin St-Louis comprend clairement et Cole Caufield a reçu le mémo.

 

Au cours des huit dernières rencontres, c’est près de 80 % de tous ses tirs tentés qui sont décochés de l’enclave, incluant chacun de ses six buts. Il ne continuera évidemment pas à marquer sur 25% de ses tirs, mais avec autant de tirs venant de la zone payante soir après soir, il sera difficile de le garder à l’écart de la feuille de pointage.