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Le lancement de la Force de Montréal particulièrement couru

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MONTRÉAL – Il y a longtemps qu'une conférence de presse n'avait pas suscité autant d'attention. Les caméras de tous les réseaux de télévision francophones y étaient.

Des personnalités de différents milieux sportifs se sont même déplacées pour l'occasion. Bref, il y avait de l'électricité dans l'air au Casino de Montréal mardi avant-midi alors que la nouvelle équipe locale de la Premier Hockey Federation (PHF) dévoilait son nom : la Force de Montréal.

Trois des joueuses sous contrat avec le club – dont l'ex-membre de l'équipe nationale Ann-Sophie Bettez – sont également apparues avec les chandails qui seront portés pour cette première saison et les couleurs s'inspirent ouvertement de celles des défunts Maroons de Montréal.

C'est donc dire que pour la première fois depuis la disparition des Canadiennes et de la Ligue canadienne de hockey féminin en 2019, il y aura du hockey professionnel féminin qui sera disputé dans la métropole. La première rencontre à domicile aura lieu le 26 novembre à l'Auditorium de Verdun, mais l'équipe ne jouera pas que là.

La Force entend effectivement disputer plusieurs de ses matchs locaux partout en province : à Saint-Jérôme, Sept-Îles, Rivière-du-Loup ou encore Québec. Le président Kevin Raphaël a aussi indiqué être en pourparlers avec un « petit aréna » (comprendre le Centre Bell) afin d'organiser un match qui permettrait de redonner à la communauté.

« Je veux que nous soyons une force dans la communauté, a dit Raphaël en impromptu de presse. Je pense que le hockey féminin grandit et nous voulons être un agent de changement pour que [le sport] grandisse encore plus.

« Nous voulons parcourir le Québec pour nos matchs à domicile, mais nous voulons aussi faire des cliniques pour rencontrer les jeunes joueuses du hockey mineur, celles du Cégep et des universités pour leur dire qu'il y a une porte ouverte ici pour elles. »

« C'est un moment important pour le sport, a renchéri la commissaire de la PHF Reagan Carey. C'était important de s'implanter dans un endroit où le hockey est aimé et respecté. Et c'était encore plus important de le faire avec les bonnes personnes. »

En plus de la Force, la PHF compte six équipes – le Pride de Boston, les Beauts de Buffalo, le Whale du Connecticut, les Riveters de (Newark), les Whitecaps du Minnesota et le Six de Toronto – qui se disputent la coupe Isobel depuis 2015. La saison dernière, chacun des clubs a participé à 20 matchs de saison régulière. Les six équipes ont ensuite pris part aux éliminatoires, mais les deux premières au classement accédaient toutefois directement aux demi-finales. C'est le Pride qui a été couronné après avoir battu le Whale 4-2 en finale.

De grandes absentes

Autant il y avait énormément de gens pour assister au dévoilement du nom et des couleurs de la Force, autant il y avait de grandes absentes, et ce n'est pas seulement parce qu'elles s'apprêtaient à jouer quelques heures plus tard le dernier match de la ronde préliminaire au Championnat du monde de hockey féminin présenté au Danemark.

En effet, la Force et les autres formations de la PHF ne comptent que sur une poignée des joueuses les plus connues du sport. La quasi-totalité des athlètes des équipes nationales canadienne et américaine est regroupée au sein de la Professionnal Women Hockey Players Association (PWHPA), qui organisera encore cette saison une série de matchs hors-concours sans véritable enjeu.

« C'était important pour moi de faire ce saut-là, de jouer pour un championnat dans une ligue qui est établie, a mentionné Bettez, qui est également membre de la PWHPA. [Cette décision] faisait du sens pour ma carrière. »

Bettez a d'ailleurs été citée en exemple par l'ancienne entraîneuse de l'équipe nationale Danièle Sauvageau pour expliquer la nécessité de la création d'une équipe comme la Force.

« Nous avons perdu peut-être une génération d'athlètes avec le fait que Montréal et même le Canada n'avaient pas une structure comme celle-là, a précisé Sauvageau. Cette initiative nous permet d'avoir des joueuses qui restent dans le système et qui vont continuer de poursuivre leur développement, alors c'est une excellente nouvelle. »

À ce titre, le président Raphaël est conscient que certains amateurs pourraient être déçus d'apprendre qu'une joueuse comme Marie-Philip Poulin ne sera pas de l'aventure. C'est pourquoi il entend s'inspirer d'une recette qui a fait ses preuves dans le passé.

« La première chose qu'il faut, c'est que les gens voient que c'est leur équipe et leurs joueuses, a martelé Raphaël. Il faut que les gens pensent à leur petite sœur ou leur cousine qui avait perdu l'opportunité de jouer au hockey parce qu'il n'y avait plus de ligue professionnelle après l'université. C'est cette authenticité-là que je veux amener. »

Seul l'avenir dira si la décision de disputer des matchs locaux aux quatre coins de la province sera la bonne pour ancrer l'équipe dans la communauté, mais Raphaël est convaincu que chaque ville du Québec rêvera un jour d'avoir son petit bout de la Force.