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La cible dans le dos des Patriotes

Simon Lafrance (au centre) célébrant un but avec ses coéquipiers des Patriotes. Simon Lafrance (au centre) célébrant un but avec ses coéquipiers des Patriotes. - Simon Lahaye / SAPS
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MONTRÉAL – Marc-Étienne Hubert est passé par là. Il sait de quoi il parle. Défendre un titre, « ce n'est pas vraiment évident ».

En 2002, ses coéquipiers et lui des Patriotes de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) ont échoué. Leur statut de champion canadien, ce n'est qu'en 2003 qu'ils sont parvenus à le récupérer.

« Quand t'arrives champion l'année d'après, tout le monde veut te battre, témoigne celui qui a pris les commandes du programme de l'UQTR en 2013. Tout le monde arrive et offre un rendement de 12 sur 10 au niveau de l'effort, de la préparation et de la concentration. Il n'y a pas de game où tu peux te reposer. »

Malgré le retour de 14 de ses vétérans couronnés champions de la Coupe U en avril dernier, l'entraîneur-chef admet donc qu'il avait ses doutes à l'aube de la présente campagne.

« On se demandait comment le groupe allait réagir. Vont-ils être aussi affamés? Ont-ils encore le goût de faire tous les sacrifices que ça prend? C'est énorme les sacrifices qu'il faut faire au niveau universitaire pour réussir ses études et performer à ce niveau-là dans son sport. Est-ce que le groupe était encore assez affamé pour faire ça? Est-ce que? Est-ce que? Est-ce que?

« Les gars disaient oui, oui, oui, mais on attendait quand même de valider ça en les voyant sur la glace et dans les pratiques. »

Ses joueurs ont finalement vaincu leurs sept premiers opposants, prolongeant ainsi une série victorieuse amorcée le 27 février 2022 et entretenue au fil d'un parcours éliminatoire composée uniquement de matchs à élimination directe jusqu'à la conquête du trophée le 3 avril.

« La mentalité était claire, affirme l'un de ces vétérans, l'attaquant Simon Lafrance. Oui, l'année passée a été une saison assez historique pour le programme. Ç'a été une saison le fun, on va se le dire. Mais du moment qu'on est arrivé pour la nouvelle saison, la mentalité était victoire, victoire, victoire. Et je pense qu'on l'a prouvé. »

Les Patriotes ont subi leur premier revers le 5 novembre contre les Ridgebacks de l'Université Ontario Tech. Dans les trois matchs qui ont suivi, ils se sont inclinés à deux reprises, traversant alors leur unique véritable passage à vide de la saison.

« Quand t'es confiant en tes moyens, des fois tu peux te faire jouer des tours et c'est peut-être un peu ça qui est arrivé, suppose Lafrance. On a juste eu un wake-up call, on est revenu sur terre et après ça je pense que ç'a bien été. [...] On a juste réalisé qu'on n'était pas meilleurs que n'importe qui. »

Les Patriotes ont par la suite conclu leur calendrier avec 13 gains en 15 rencontres, et ce malgré l'absence de plusieurs piliers. Du 12 au 22 janvier, alors que des blessures privaient déjà l'équipe des vétérans Félix Lauzon et Jérémy Martin, elle a de plus dû se débrouiller sans son meilleur pointeur (Lafrance), son capitaine (Zachary Lavigne) et son défenseur le plus productif (Justin Bergeron), tous partis conquérir l'or avec la formation canadienne aux Universiades à Lake Placid.

« Nomme-moi une équipe de hockey sur la planète qui peut perdre cinq joueurs clés en même temps et continuer à gagner des games? Ce n'est pas donné à tous », signale Hubert, qui a été contraint d'employer une formation de 10 attaquants et 5 défenseurs en plusieurs occasions au cours de cette période.

« Les gars se sont investis et engagés à fond pour maintenir les succès de l'équipe et les standards qui étaient établis. Ça, pour un coach, c'est vraiment révélateur du niveau d'engagement de l'équipe. »

Sa troupe a ainsi bouclé sa saison avec un dossier de 21-4-1 qui lui a assuré un premier championnat du calendrier régulier de l'Ontario University Athletics (OUA) depuis 2016 et au passage un laissez-passer au premier tour des éliminatoires.

Simon Lafrance (no 13) célébrant un but avec ses coéquipiers des Patriotes.

Un gardien à déjouer, un « sniper » à désarmer

C'est contre les Ravens de l'Université Carleton que les Patriotes amorceront leurs séries en quart de finale ce soir au Colisée Jean-Guy-Talbot de Trois-Rivières. Pendant que les joueurs de l'UQTR profitaient d'un congé de 10 jours sans match propice à la récupération, mais aussi aux études en cette période d'examens, les Ravens ont quant eux complété le balayage d'Ontario Tech samedi dernier. Les Mariciens sont donc reposés à quelques heures de ce duel deux de trois, mais il y a un hic.

« Ça peut être traître », prévient Lafrance, le meilleur pointeur de l'OUA avec 16 buts et 38 points en 23 rencontres.

« On affronte un adversaire qui arrive avec du momentum de playoffs et qui vient de passer une ronde après avoir battu une bonne équipe 4-0 et 4-0 », se méfie de son côté Hubert.

Mark Grametbauer, un ancien gardien de la LHJMQ qui défend le filet des Ravens depuis quatre ans, incarne à lui seul ce « momentum ». Aucun des 87 tirs d'Ontario Tech au premier tour ne l'a déjoué.

Puis, il y a la menace de Parker Aucoin, le meilleur buteur de l'OUA en saison régulière avec 24 buts en 24 matchs et le deuxième pointeur du circuit avec 33 points.

« C'est un sniper, catégorise Lafrance. Quand tu comptes un but par match, ça veut dire que tu fais de bonnes choses. Tu ne peux pas lui donner d'espace, c'est un poison. »

« Quand il est sur la glace, il faut s'assurer qu'on a des yeux tout le tour de la tête parce qu'il est toujours prêt à décoller, prêche Hubert. C'est un gars qui a beaucoup, beaucoup de touche offensive autour du but. Ça ne lui prend pas beaucoup de temps et d'espace pour la mettre dedans. On ne peut pas se permettre un mauvais shift contre lui. »

En trois matchs contre les Ravens cette saison, les Patriotes ont limité Aucoin à deux buts, s'imposant lors des deux premiers affrontements à domicile (5-2 et 3-2) et s'inclinant lors du dernier (5-4) sur la patinoire de Carleton.

« On s'attend à les voir jouer dans leur identité ; c'est-à-dire une équipe qui travaille fort à chaque présence, qui est intense et qui est physique, dépeint Hubert. Que ce soit en saison ou en séries, ils n'ont qu'une façon de faire. On sait ce qui s'en vient. On a un adversaire de haut niveau pour notre première ronde de séries. »

« Ce ne sera pas une série facile, loin de là, anticipe Lafrance. Ça fait quatre ans que je suis dans ligue et chaque fois que je joue contre Carleton, c'est une guerre de tranchées, ce sont des matchs durs à gagner. Ça va être une série qui va se jouer sur les détails. Si on fait ce qu'on a à faire, on risque d'être correct. »

Le match no 2 de cette série aura lieu vendredi à Ottawa. Si nécessaire, la rencontre décisive sera jouée le lendemain à Trois-Rivières.

Les deux autres équipes québécoises à évoluer dans l'OUA, les Redbirds de McGill et les Stingers de Concordia, s'affronteront quant à elles dans un autre duel quart de finale s'amorçant ce soir.