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RÉSULTATS

Ligue américaine : Brian Lashoff, la formidable exception

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LAVAL – Les joueurs « étiquetés » Ligue américaine sont souvent des bourlingueurs de carrière. Une fois leurs espoirs épuisés avec l'organisation qui leur a donné leur première chance, ils scrutent le paysage en quête d'une destination où les possibilités d'avancement seraient plus réalistes.

Ils étaient plusieurs à personnifier ce stéréotype en fin de semaine au Match des étoiles à Laval. Tenez, entrez avec nous dans le vestiaire des représentants de l'Association Ouest.

Tout au fond, à droite, il y a Riley Barber. Le nom vous dit peut-être quelque chose : il a passé la moitié d'une saison avec le Rocket et joué neuf matchs avec le Canadien en 2019-2020. Barber fête aujourd'hui son 29e anniversaire. Il joue maintenant pour les Stars du Texas, sa cinquième équipe dans la LAH.

Dans un coin, juste à côté, David Gust. Depuis qu'il est sorti de l'Université Ohio State, il a porté quatre maillots différents en six saisons. Dans le casier voisin, son coéquipier avec les IceHogs de Rockford, Brett Seney, en est à sa troisième équipe à 26 ans. Le petit barbu en face de la porte? T.J. Tynan. Dix saisons, cinq équipes.

Bref, vous voyez le genre.

Les exceptions sont rares, plus rares encore que les marqueurs de 50 buts à Montréal, mais il y en a. On en a trouvé une dimanche dans ce vestiaire peuplé d'éternels nomades, un magnifique marginal du nom de Brian Lashoff.

Nommé au Match des étoiles en tant que capitaine honoraire de l'équipe de l'Ouest, Lashoff est arrivé à Laval avec un bagage de 612 matchs dans la Ligue américaine. Déjà, c'est digne de mention. Ils sont à peine une centaine à avoir été aussi durables dans cette exigeante porte d'entrée vers les ligues majeures. Mais ce n'est pas là son véritable fait d'armes. Où il sort du lot, c'est qu'il a joué tous ces matchs avec la même équipe, les Griffins de Grand Rapids, club-école des Red Wings de Detroit.

Si vous trouvez ça banal, sachez que dans l'histoire de la Ligue américaine, seulement deux joueurs ont disputé plus de matchs en passant toute leur carrière avec la même équipe. Bill Needham (981) l'a fait avec les Barons de Cleveland et Arnie Kullman (753) avec les Bears de Hershey. Le premier a principalement fait carrière dans les années 1960, l'autre une décennie plus tôt.

« Vraiment? », s'étonne Lashoff, ne pouvant s'empêcher de rire devant notre trouvaille. « C'est vrai que de nos jours, avec la façon dont les contrats sont ficelés, beaucoup de gars ont tendance à se promener. Pour moi, ça a juste adonné différemment. Je n'ai jamais fait partie d'une transaction et on a vécu des bonnes années à Grand Rapids. La loyauté, c'est important pour moi. J'ai toujours été bien traité dans cette organisation et j'ai tenté de le lui rendre à ma façon. »

Les Red Wings sont les seuls à avoir détecté le potentiel de Lashoff après sa troisième saison dans la Ligue junior de l'Ontario en 2009. Ils lui ont fait signer un contrat d'entrée avec un boni à la signature de 20 000$. Quatre ans plus tard, il marquait un but à son tout premier match dans la LNH contre les Blue Jackets de Columbus. L'année suivante, à 23 ans, il passait sa première – et seule – saison complète dans la LNH.

Dans les trois années suivantes, le grand défenseur a joué 16 matchs dans la LNH contre 168 dans la Ligue américaine. C'est généralement à cette étape de leur carrière que les jeunes joueurs commencent sérieusement à se demander si le gazon ne serait pas plus vert ailleurs. Lashoff, pas plus fou qu'un autre, s'est posé la question.

« C'est sûr que ça m'a passé par la tête. Je me suis demandé si la meilleure chose pour moi était de rester ou d'aller tenter ma chance ailleurs. Mais le succès était toujours au rendez-vous à Grand Rapids et les occasions de jouer dans la LNH continuaient de se présenter. C'est ce qui m'a incité à rester. »  

Depuis sa deuxième conquête de la Coupe Calder en 2017, Lashoff a signé deux contrats de deux ans et un autre d'une durée d'un an avec les Wings. « Si je devais être identifié comme un grand frère qui était là pour épauler les plus jeunes, c'est là que je voulais le faire et nulle part ailleurs, raisonne-t-il en rétrospective. Même à 27 ou 28 ans, je me sentais encore redevable aux Red Wings d'avoir cru en moi en sortant du junior. »

Cette saison, pour la première fois de sa carrière, il est lié à l'organisation par un contrat de la Ligue américaine qui le rend inadmissible à un rappel avec l'équipe première. À 32 ans, il est en paix avec l'idée qu'il accrochera un jour ses patins avec 136 matchs à son actif dans la LNH.

Sa femme, native comme lui d'Albany dans l'État de New York, est détentrice d'un doctorat en biochimie et travaille pour une compagnie de biotechnologie au Michigan. Le couple a une fille qui est née dans le « Great Lake State » et ne se voit plus quitter ce qui est devenu son chez soi.

Lashoff se voit jouer pendant encore quelques années. Il aimerait ensuite conserver un rôle au sein de l'organisation des Red Wings, quelque chose en lien avec le développement des jeunes. Il y a pire comme mentor.