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Démission de Gilles Courteau : le vrai travail commence

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MONTRÉAL - Souhaitée depuis quelques semaines, applaudie depuis dimanche après que le commissaire eut décidé que la pression qui l'étouffait et étouffait les membres de sa famille dictait sa décision, la démission de Gilles Courteau ne règle pas tout.

Vraiment pas!

Oui! Gilles Courteau devait démissionner. Et s'il ne l'avait pas fait, les dirigeants des équipes de la LHJMQ auraient dû le pousser à la porte même si sa retraite, déjà annoncée, devait débuter à la fin de la saison.

Pourquoi? Parce qu'il a menti devant des ministres et des députés en commission parlementaire. Mais aussi, mais surtout, parce que c'est sous son règne que se sont produits des actes aussi dégradants qu'illégaux dans le cadre d'initiations barbares multipliées au fil des ans.

Je ne tiens pas Gilles Courteau responsable de ces initiations barbares. De ces initiations qui étaient des passages obligés il y a un quart de siècle. Des initiations qui étaient la norme. Qui faisaient même rire tout le monde alors qu'elles auraient dû être dénoncées haut et fort.

Tous ceux et celles qui ont fermé les yeux ou qui ont simplement bêtement regardé ailleurs, tous ceux et celles – pères, mères, amis, blondes parfois devenues fiancées, ensuite épouses et finalement jeune maman et j'ajoute ici les journalistes qui auraient dû en faire plus eux aussi – qui savaient et qui ont accepté parce c'était ce qu'on faisait « dans le bon vieux temps » sont aussi coupables que Gilles Courteau.

Mais Gilles Courteau était le commissaire alors. Il l'était encore dimanche matin. Et bien qu'il n'ait jamais encouragé ces initiations, qu'il ne les ait jamais acceptées et qu'il ait fait bien plus de bien que de mal aux milliers de jeunes hockeyeurs qui ont évolué dans sa ligue, c'est sous son règne que ces barbaries se sont multipliées. 

À titre de grand patron, il devait donc partir.

Mais voilà! Maintenant qu'il est parti, les politiciens et les observateurs qui cherchaient un coupable ne doivent pas simplement applaudir en prétendant qu'ils ont réglé le problème. Ils ne doivent pas seulement balayer le scandale qui a mené à la démission de Gilles Courteau sous le tapis pour vite amorcer une autre croisade vers d'autres scandales à dénoncer, d'autres coupables à accuser, à congédier ou à forcer à démissionner.

Car le vrai travail commence.

Il faudra comprendre ce qui est arrivé pour prendre les moyens afin que ça n'arrive plus jamais. Car oui, bien que ces initiations barbares ne soient heureusement plus la norme et qu'elles ne fassent plus rire personne, des cas isolés sont encore répertoriés.

Et pas seulement au hockey qui a le dos large depuis quelques mois et qui est le seul sport d'équipe lapidé sur la place publique alors que tous les autres sports d'équipe ont leurs lots de squelettes à cacher. Alors que des cas de violences physiques et psychologiques viennent aussi ternir trop de sports individuels et mettre en péril l'avenir à long terme de jeunes athlètes, filles ou garçons. 

Et si on veut s'en tenir au hockey – ne serait-ce que pour aider les victimes déboutées par un tribunal ontarien qui n'a pas accepté le recours collectif intenté pour des raisons tout à fait justifiées sur le plan légal – il serait temps il me semble, il serait surtout très important même, que les commissaires Dave Branch – à la tête de la OHL depuis 1979 – et Ron Robinson – à la tête de la WHL depuis 2000 – soient soumis au même genre d'attention dirigée sur Gilles Courteau au cours des dernières semaines.

Après tout, le recours collectif intenté par l'ancien joueur de la LNH Daniel Carcillo, un recours initialement dévoilé par le collègue Rick Westhead de TSN et repris le mois dernier par le collègue Martin Leclerc de Radio-Canada après le rejet du recours par les tribunaux, évoquait de plus nombreux cas d'initiations brutales, barbares, dégradantes et illégales dans les deux autres circuits de la Ligue canadienne de hockey que dans la LHJMQ.

Ce qui est loin d'être une forme de réconfort est-il besoin d'ajouter.

Cela dit, comment se fait-il que ces histoires horribles dénoncées par nos deux collègues et qui ont soulevé, avec raison, l'indignation générale au Québec n'aient pas soulevé le même genre de tsunami dans le reste du Canada (ROC)?

Parce qu'il était le commissaire de la LHJMQ, parce que la « Q » comme on l'appelle dans le monde du hockey était « sa ligue » depuis plus de 35 ans, Gilles Courteau méritait l'attention dont il a été l'objet. Et comme je l'ai déjà indiqué, il devait partir.

Les commissaires Branch et Robison devraient être soumis au même genre d'attention. Qu'on leur pose le même genre de questions. Qu'on leur demande ce qu'ils savaient sur ces affaires; ce qu'ils ont fait pour les enrayer, s'ils ont fait quelque chose. Qu'on les pousse vers la sortie ou qu'ils ouvrent eux-mêmes la porte comme l'a fait Gilles Courteau, dimanche, s'ils ont fermé les yeux eux aussi au lieu de prendre les mesures qui devaient être prises.

Car le problème des initiations barbares n'est pas plus limité au Québec, qu'il est limité au hockey... ou même au monde du sport en général.