C’est ce soir à Baie-Comeau que Claude Bouchard dirigera un premier match derrière le banc des Cataractes de Shawinigan. Le Jonquiérois s’amène avec une équipe en première position de sa section forte d’un dossier de 35-16-4. Il reste 13 matchs en saison régulière à Bouchard pour mettre les Cats à sa main et entrer en séries éliminatoires avec un vent favorable. Quand on regarde la situation, on se dit que Martin Bernard, congédié mercredi matin, n’a pas fait un si vilain travail. Son équipe a certes connu des matchs difficiles mais il n’en demeure pas moins qu’elle se situait dans le top-4 de la LHJMQ. Cependant, comme l’a dit le directeur général Martin Mondou : « Ça allait au-delà de la fiche de l’équipe, c’était plutôt dans la façon de jouer! ».

Les entraîneurs le savent tous, ils sont embauchés pour être congédiés. Habituellement condamnés à gagner, dans le cas de Bernard, la victoire n’a pas fait foi de tout. Dans son cas on peut dire qu’il n’a pas été suffisant de juste « mettre des deux points sur le tableau »... Ce congédiement me rappelle deux histoires semblables dans la LHJMQ, deux histoires qui ont donné raison aux dirigeants de l’époque.

Val d’Or en 1998

En 1997-1998, les Foreurs de Val-d’Or étaient considérés comme l’équipe à battre en début de saison. La plupart des experts leur concédaient le championnat de la saison régulière. Après tout, l’équipe alignait les Jean-Pierre Dumont et Steve Bégin, sans oublier l’excellent Roberto Luongo devant le filet.  Lors de la période des Fêtes, à l’époque, le directeur général Michel Georges avait ajouté des éléments importants : Karol Bartanus, Christian Drolet et Didier Trembay notamment. La troupe alors dirigée par Richard Martel ne jouait pas du mauvais hockey mais la direction a cru qu’il fallait un électrochoc pour terminer la campagne. Lors d’un séjour de l’équipe à Drummondville, à la mi-février, Michel Georges a congédié Martel pour le remplacer par Gaston Therrien. Celui qui avait démissionné quelques semaines plus tôt de son poste avec les Huskies a hérité d’une équipe qui a finalement terminé avec un dossier de 7-1-1 au cours des neuf derniers matchs sous sa gouverne. Quelques semaines plus tard, les Foreurs remportaient la première Coupe du Président de leur histoire.

Verdun en 1992

Si on remonte un peu plus loin dans l’histoire, en 1991-1992, le Collège Français de Verdun mise aussi sur une belle machine de hockey mais cela n’empêche pas les dirigeants de l’époque de montrer la porte de sortie au vétéran entraîneur-chef Gérard Gagnon après 56 matchs et un dossier de 35-17-4 presque la même fiche que les Cataractes cette année. À cette époque, ce sont les Robert Guillet, Karl Dykhuis et le gardien de but Eric Raymond qui sont les pierres angulaires de cette formation installée au premier rang de la section Lebel. L’onde de choc est forte aux quatre coins de la LHJMQ et on s’explique mal le congédiement d’un entraîneur avec une équipe qui mise sur neuf points d’avance au sommet du classement général sur les Draveurs de Trois-Rivières.  Un autre vétéran entraîneur, Claude Thérien, s’amène en relève et conduit finalement l’équipe au championnat de la saison régulière et des séries éliminatoires. En 13 matchs à la barre du CF, Thérien avait signé 12 victoires et un match nul. L’électrochoc avait porté fruit!

Reste à voir maintenant si les Cataractes et Claude Bouchard auront le même succès que les Foreurs de 1998 et le Collège Français de 1992. À 48 ans, Bouchard est un gars qui compte beaucoup de millage avec 390 matchs derrière la cravate comme entraîneur-chef et plusieurs autres comme adjoint d’entraîneurs expérimentés comme Denis Francoeur, Eric Veilleux et Yanick Jean. Bouchard aura mis plus de 10 ans à attendre pour obtenir cette seconde chance. Après tout, il a amené son équipe (Foreurs de 2000-2001) à la finale de la Coupe Memorial à sa saison recrue, peu d’entraîneurs peuvent se vanter d’avoir réussi ce tour de force...