La persévérance de Jacob Newcombe face à son cancer a fait grandir les Eagles du Cap-Breton

MONTRÉAL – Quand il a appris qu'il souffrait d'un cancer, Jacob Newcombe a puisé sa motivation dans son éventuel retour au jeu. Depuis qu'il a renoué avec l'action, les Eagles du Cap-Breton rayonnent à ses côtés avec un dossier de 17-8-1. Retour sur cette histoire de persévérance. 

À la fin juillet, trois mois après avoir fêté son 18e anniversaire, Newcombe a reçu le diagnostic déstabilisant d'un cancer, un lymphome non hodgkinien. Toute une bombe, sur le plan personnel, alors qu'il s'apprêtait à entamer sa première saison complète au Cap-Breton. 

De son côté, Louis Robitaille, le nouvel entraîneur des Eagles, n'était pas encore arrivé à destination quand il a été informé via le directeur général, Sylvain Couturier, qui a lui-même composé avec deux cancers.  

« Jacob a tout de même décidé de se présenter à l'école de hockey pour la communauté, il voulait être impliqué. Personne ne le savait sauf ses proches, Sylvain et moi. De voir qu'il était là, malgré son cancer, à partager sa passion avec les jeunes, c'était gros comme geste, c'est venu me chercher », a raconté Robitaille. 

Plusieurs autres moments émotifs ont suivi. 

Lorsque Newcombe - avec le crâne dégarni de cheveux - a été présenté à la foule à l'ouverture locale, quand les Eagles ont lancé l'initiative des bracelets NEWC91 ainsi que les chandails 91 Strong ou bien les autocollants 91 sur le casque des joueurs. 

Mais rien n'aurait pu battre la soirée de son retour, le 18 janvier, contre son ancienne équipe, les Saguenéens de Chicoutimi. Sans oublier que, par un hasard extraordinaire, les Eagles avaient dû reporter leur match thématique contre le cancer à cette date.

« Quand ils ont annoncé sa présence sur la formation partante, j'ai eu des frissons. Tout le monde s'est levé dans l'aréna et il a été applaudi pendant quelques minutes », s'est rappelé Tomas Lavoie.  

« C'était sa soirée! On était tous très contents qu'il soit revenu, ça nous a donné de l'énergie positive. C'est juste motivant de voir ça, tout ce qu'il a traversé », a ajouté le grand défenseur. 

Robitaille ne s'en cache pas, il a été fasciné par la détermination de Newcombe dans le but de porter l'uniforme à nouveau. En apprenant que le jeune homme avait complété, avec succès, les six séquences de chimiothérapie, Robitaille voulait d'abord s'assurer de son bien-être mental. 

« Il est venu pratiquer et il m'a dit ‘Est-ce que je joue demain?' J'ai répondu que je pensais davantage à la semaine prochaine, qu'on voulait lui donner plus de pratiques. Mais il avait un but en tête! Et disons que, depuis son arrivée, le coach est bien content aussi! », a confié Robitaille qui a pris le temps de remercier Yanick Jean et l'organisation des Saguenéens pour leur grand support dans cette histoire de solidarité. 

Newcombe a prouvé qu'il était prêt pour ce défi et que ça lui faisait le plus grand bien. À ses 11 premiers matchs, il a amassé 11 points. Il a également réussi un épatant match de 4 buts le 8 mars pour une récolte de 24 points en 26 parties après avoir manqué quatre mois d'action. 

Quand on demande à Lavoie de repenser à ce que Newcombe a accompli, sa réponse ne tarde point. 

« C'est inspirant et c'est comme s'il n'était jamais parti, comme s'il n'avait manqué aucun match », a-t-il visé. 

Durant ses traitements, Newcombe est retourné dans sa région natale, près de Halifax. Ainsi, quand les Eagles étaient de passage à Halifax, Newcombe participait à l'échauffement d'avant-match et il renouait avec ses copains. Il a également pu patiner avec quelques équipes du coin pour conserver la forme en plus d'accompagner les Eagles pour des voyages.  

« Quand il se sentait bien, il embarquait sur la glace, c'est ce qu'il aime le plus au monde. C'était son échappatoire pour ne pas penser à ça. Et quand il était avec nous, il n'a jamais voulu avoir la sympathie des autres. Il voulait juste être un joueur de hockey, un jeune qui s'amuse avec ses coéquipiers », a exposé Robitaille en vantant le caractère et le leadership de Newcombe.

Surtout à cet âge, personne ne mérite de composer avec un cancer. Inévitablement, Newcombe devait sentir l'inquiétude chez ses parents et ses proches. Mais l'attaquant gaucher a été en mesure de s'accrocher à son objectif. 

Depuis qu'il a pu concrétiser cet autre grand accomplissement, Newcombe a déterminé avec Robitaille qu'il était temps de tourner la page dans le sens que le cancer est derrière lui. 

Cela dit, ce n'est pas une cachette que l'organisation a parfois évoqué la situation de Newcombe pendant son absence. 

« On y a fait allusion quand on avait beaucoup de voyagement et de fatigue. Du style ‘On sait qu'on vit des moments exigeants, mais pensez à quel point Jacob voudrait être là », a décrit Robitaille. 

« Parfois, on a une petite blessure ou on ressent de la fatigue, mais on repense à ce que Jacob a traversé et ça nous donne une motivation. La fatigue et les petits bobos peuvent prendre le bord après ce qu'il a vécu », a convenu Lavoie. 

La détermination de Newcombe a incité ses coéquipiers à jouer pour lui et le logo sur leur chandail. En séries, ça ne garantit rien surtout que le duel de première ronde s'annonce corsé contre l'Océanic de Rimouski. 

Mais Robitaille a trouvé les bons mots au fil de l'une de ses réponses. 

« Ça nous a peut-être aidé à grandir ». 

Difficile de prédire jusqu'où ça mènera les Eagles sur la glace ce printemps, mais l'exemple inspirant de Newcombe influencera les joueurs et les dirigeants pour le reste de leur vie. 

Il ne reste qu'à souhaiter une conclusion aussi positive à Émile Chouinard, du Drakkar de Baie-Comeau, qui compose, lui aussi, avec un cancer.