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RÉSULTATS

« Le meilleur des mondes » pour Ethan Gauthier

Ethan Gauthier, Denis Gauthier et Kaylen Gauthier Ethan Gauthier, Denis Gauthier et Kaylen Gauthier - RDS, Ghyslain Bergeron
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DRUMMONDVILLE - « Il est où Ethan Gauthier? »

L'attaquant des Voltigeurs, le p'tit gars de la place, est populaire à Drummondville. Du Centre Marcel-Dionne, jusqu'au Dairy Queen situé trois coins de rue plus loin.

« C'est un nouveau commanditaire cette année. Le propriétaire a offert une crème glacée à toute l'équipe quand on est allé là l'autre jour. Il a servi tous les joueurs et il était super gentil, mais à la fin, ce qu'il demandait c'est : "C'était lequel Ethan? J'aimerais ça prendre une photo avec lui" », racontait l'entraîneur-chef Sylvain Favreau lorsque rencontré mercredi par le RDS.ca.

« C'est lui, le poster boy de l'équipe. »

Pourquoi? D'abord parce que le hockeyeur de 18 ans est un espoir prometteur du Lightning de Tampa Bay, qui a fait de lui la 37e sélection du dernier repêchage de la LNH. Mais aussi et surtout parce qu'il est le p'tit dernier d'une lignée bien connue en ville.

Son père Denis, une ancienne gloire des « Rouges » qui détient encore le record d'équipe pour le plus de buts inscrits par un défenseur en une saison (25 en 1995-1996), a son no 21 suspendu au plafond de l'aréna qu'il fréquente encore presque quotidiennement à titre de consultant. Son frère aîné, Kaylen, a fièrement défendu le logo pendant presque trois saisons complètes avant d'aller le rejoindre chez le Phoenix de Sherbrooke pour compléter son stage junior.

Le no 21 de Denis Gauthier suspendu au plafond du Centre Marcel-Dionne.

« C'est sûr que c'est spécial d'être un peu le héros local, la p'tite vedette locale, mais je ne veux pas utiliser ça pour m'enfler la tête et en faire grand cas. Je veux m'impliquer, je veux que le monde me reconnaisse pour les bonnes raisons. Je veux laisser ma marque à Drummondville, avec les Voltigeurs, et redonner à la communauté », insiste l'ailier droit acquis à fort prix du Phoenix l'été dernier.

« Je suis chanceux de pouvoir le faire chez moi. Il y a probablement une tonne de gars qui aimeraient ça vivre ces moments-là dans leur ville. »

Drummondville, c'est chez lui depuis 2009, année à laquelle son paternel a accroché ses épaulettes après les avoir usées à bon escient durant 11 saisons dans la LNH avec les Flames de Calgary, les Coyotes de Phoenix, les Flyers de Philadelphie et les Kings de Los Angeles.

De retour dans cette localité du Centre-du-Québec, où il a rencontré la femme de sa vie et où il réside encore, Denis a aussitôt offert d'épauler son ancien club junior à titre d'entraîneur adjoint. Naturellement, Kaylen et Ethan, alors respectivement âgés de 7 et 4 ans, ont suivi papa à l'aréna. Aussi souvent que possible.

« Ma Ligue nationale, c'était ici à Drummondville, se remémore Ethan. J'ai grandi en étant un fan fini des Voltigeurs. Pendant une couple d'années, je ne manquais jamais un match à domicile. »

Et quand le calendrier scolaire coopérait, c'est aux séances d'entraînement qu'il assistait... et participait. À sa façon.

« J'aidais les gars de l'équipement : je remplissais des bouteilles, je pliais des bas... Je faisais un peu la job d'adjoint au gérant de l'équipement. Je me sentais impliqué, je trouvais ça le fun. »

« Je vois encore sa p'tite face de jeune qui observe tout », extrait de ses souvenirs le directeur général des Voltigeurs de l'époque, Dominic Ricard, qui est aujourd'hui l'agent et conseiller d'Ethan, de concert avec André Ruel, un autre ancien du club qui a déjà dirigé Denis.

« Il avait ses petits bâtons et il les tapait. Quand il y avait un peu de temps de disponible, il embarquait sur la glace, poursuit Ricard. [...] On le voyait tout de suite quand il était petit : juste de la façon qu'il patinait la tête haute et qu'il maniait la rondelle, il avait déjà l'air d'un joueur de hockey. »

C'est ce qu'il est devenu. Au point où plusieurs années plus tard, alors qu'il devait choisir où il poursuivrait son apprentissage, son potentiel est tombé dans l'œil du Programme de développement américain. Flairant la bonne affaire, l'institution a tenté d'utiliser la citoyenneté américaine de Gauthier, né à Phoenix en 2005, à son avantage.

 « Ils l'ont approché, révèle Ricard. Ils lui ont fait une présentation, mais on a fait ça par [la plateforme] Teams parce que c'était durant la pandémie. Ils n'ont pas pu aller visiter là-bas, mais quand même, l'option était là. Et c'est gros, beaucoup de leurs joueurs sont repêchés dans la LNH. Jack Hughes, Cole Caufield et beaucoup d'autres ont joué là. »

Mais il y avait un mais, sentait Ricard. L'attrait de jouer dans la LHJMQ, et pourquoi pas dans l'uniforme des Voltigeurs, était irrésistible pour celui qui était vu comme la future première sélection du repêchage 2021.

« Ce qui a influencé mon choix, c'est que j'ai grandi en regardant du junior. Mon père, mon cousin (Julien Gauthier, un choix de premier tour dans la LNH aujourd'hui avec les Islanders de New York) et mon frère sont passés par là. C'est vraiment l'affaire qui a le plus influencé mon choix parce que j'ai deux exemples devant moi qui sont passés par ce chemin-là et qui ont réussi à se rendre dans la grande ligue », justifie-t-il avec recul.

« Ce n'est pas que je ne voulais pas sortir de ma zone de confort. Mais quand tu rentres dans le junior à 16 ans, tu as une année et après ça c'est ton année de repêchage LNH. Je savais un peu dans quoi je m'embarquais. Ça, c'est le plus gros [argument] qui explique ma décision. Mais c'est sûr que veut, veut pas, je m'accrochais aussi au rêve de jouer à Drummondville. »

Les Voltigeurs y rêvaient aussi. Se hissant du 8e au 2e rang de sélection en vertu d'un échange bouclé trois jours avant l'encan avec les Eagles du Cap-Breton, ils ont finalement repêché l'attaquant Tyler Peddle après avoir vu le Phoenix s'approprier les droits de Gauthier. Ils allaient devoir remettre ça à plus tard. Au 10 juin dernier pour être plus précis.

C'est à ce moment que le retour à la maison de Gauthier a été officialisé à la suite d'une transaction complétée par le nouveau directeur général des « Volts » Yanick Lemay, qui a dû céder plusieurs choix de repêchage au Phoenix, dont trois de première ronde.

« Il y en avait d'autres équipes intéressées à Ethan Gauthier dans la dernière période d'échanges, note Ricard. Émotionnellement, il y a plusieurs choses qui le ramenaient à Drummond, mais pour André et moi il fallait s'assurer que ce soit la bonne chose pour lui.

« On est allé manger au restaurant avec lui et on lui a dit : "Là, éloigne-toi des émotions, on va juste parler hockey et business". »

Le fin mot de l'histoire? Drummondville, pour son côté hockey, mais aussi son lien émotif puissant. Bien sûr.

« C'est le meilleur des mondes », est convaincu Ricard.

Car en plus de coucher presque chaque soir dans son lit, de manger avec ses parents et de côtoyer son père sur la patinoire, Gauthier s'est joint à une équipe qui aborde la présente saison et la prochaine avec de grandes ambitions et dans lesquelles il est attendu qu'il joue un grand rôle.

Ethan Gauthier

« Ne regarde pas ailleurs, c'est toi! »

« On reçoit un joueur qui a beaucoup d'expérience », fait remarquer Sylvain Favreau, qui a pris les commandes derrière le banc des Voltigeurs après avoir remis sa démission aux Mooseheads de Halifax au cours de l'été.

« Il a joué avec de bons vétérans et de bons joueurs de hockey à Sherbrooke, mais il vit présentement une transition. Je lui dis tout le temps : "C'est toi LE gars maintenant. Dans les années passées, tu étais peut-être le gars de soutien qui apprenait des Joshua Roy, Jacob Melanson et Jakub Brabenec, mais maintenant, ne regarde pas ailleurs, c'est toi! »

De retour de son premier camp professionnel à Tampa, où il a joué un premier match hors-concours, Gauthier s'habitue à ses nouvelles couleurs, celles qu'il endossait si fièrement il n'y a pas si longtemps, chaque fois qu'il enfilait son maillot de Sean Couturier, la vedette du club de son enfance.

« Je ne cacherai pas que mes deux premières games ici ont été un peu difficiles. J'étais tellement excité et fébrile que ça m'a un peu coupé le rythme », reconnaît celui qui a néanmoins récolté trois buts et cinq passes en huit rencontres jusqu'ici, connaissant notamment un premier match de quatre points en carrière dans la LHJMQ.

« Quand je vais le réaliser pleinement et prendre le dessus, je suis confiant de pouvoir accomplir de belles choses ici à Drummondville. »

Pour son club. Dans sa ville. Avec son père.

« Je me rappelle encore de ma première pratique [avec les Voltigeurs]. Quand j'ai sauté sur la glace et que je l'ai vu embarquer ensuite, ça me rappelait un peu mes années Atome BB. C'était la dernière année qu'il m'avait coaché. Ça faisait bizarre au début, mais ce sont de beaux moments qu'on va se rappeler toutes nos vies. »