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RÉSULTATS

Denis Gauthier savoure le repêchage de son fils Ethan, 28 ans après le sien

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Émissions spéciales sur le repêchage de la LNH :
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NASHVILLE – En 1995, ça ne faisait que deux mois que Denis Gauthier fréquentait sa future femme, Stéphanie, quand il a été repêché en première ronde par les Flames. Vingt-huit ans plus tard, ils vivront une expérience bien différente quand leur fils Ethan savourera ce moment.

Le robuste défenseur avait été repêché au 20e rang par Calgary pour lancer l'aventure de sa carrière professionnelle. Si on avait à prédire la destination de son fils, on commencerait par les Flyers (22e sélection) et les Maple Leafs (28e sélection). 

« Ça ne faisait pas assez longtemps que je le connaissais et je n'avais pas gravité dans le monde du hockey. Je ne réalisais pas tout ce que ça impliquerait. Cette fois, avec mon fils, je comprends davantage tout ce que ça prend pour se rendre là », a comparé Stéphanie, mardi, aux abords du Bridgestone Arena. 

Puisque les émotions s'empareront tranquillement du clan Gauthier, on a cru bon s'amuser en comparant les réalités bien distinctes deux époques. 

Pour son repêchage au milieu des années 1990 – ça ne fait quand même pas cinquante ans – Gauthier se souvient qu'il n'avait visité que deux équipes dont les Sharks de San Jose. Il avait aussi été invité à Montréal, un privilège qui était réservé aux espoirs locaux. 

Fiston a plutôt eu à se préparer pour une ronde d'entrevues exhaustives avec des questions plus poussées et des tests physiques décortiqués sous tous les angles. 

Le paternel était représenté par l'agent Gilles Lupien et ce rôle s'est également métamorphosé en raison de l'accès aux données. 

« Maintenant, il n'y a plus de cachettes. Avant, les équipes essayaient de trouver des choses qu'elles aimaient ou non. Aujourd'hui, les agents font du damage control sur ce que les équipes trouvent, ils se retrouvent plus en mode prévention. Les équipes ont reculé de trois, quatre ans pour appeler les entraîneurs bantam d'Ethan. L'agent doit parfois expliquer certaines choses, ils ont un travail de vente différent à effectuer », a exposé Denis Gauthier. 

Dans le cas de son fils, l'analyse a été dirigée vers sa production offensive. Des statistiques ont démontré que Gauthier avait affiché une excellente efficacité pour son utilisation, disons modeste, alors que le Phoenix de Sherbrooke était une puissance cette saison. Les organisations ont aussi voulu vérifier son impact quand il n'était pas jumelé à Joshua Roy. Encore là, les résultats ont prouvé sa valeur surtout qu'il jouait peu en avantage numérique. 

Autour d'Ethan, le travail de l'agent repose surtout entre les mains d'André Ruel et Dominic Ricard. Un revirement intéressant alors que Ruel a été l'entraîneur adjoint de Denis pendant une saison avec les Voltigeurs de Drummondville. 

« J'ai toujours eu une connexion importante avec lui. Je le vois comme un sage, je me réfère à lui. Quand je me demandais ce que j'allais faire la suite de ma carrière – je n'étais pas certain de vouloir arrêter - c'est lui que j'ai appelé en fin de soirée et on a parlé pendant deux heures. À la fin de la discussion, je savais quoi viser et j'ai un immense respect pour lui. Je suis content qu'Ethan puisse le côtoyer avec Dominic », a témoigné Gauthier. 

À ce propos, Gauthier est particulièrement fier de la connexion qui s'est développée avec son fils à travers les doutes et les questionnements de son année de repêchage. 

« Je ressentais une certaine fébrilité, mais je ne voulais pas transmettre de nervosité à Ethan. Je voulais conserver un calme durant les hauts et les bas. Ce fut un travail de communication constante avec Ethan dans la dernière année et je dois dire que ce fut une expérience vraiment plaisante. Ethan était ouvert à discuter et partager ses émotions, on a développé une belle complicité », a confié l'analyste à RDS. 

« C'est sûr que j'ai une immense fierté envers mes trois enfants. Mais ce parcours, c'est celui d'Ethan. Il a travaillé, il a fait des sacrifices, il avait une ouverture à accepter les critiques et les conseils de moi, sa mère, de Kaylen ou de discuter avec sa sœur Kellyann pour se libérer de certaines frustrations. Ce fut un beau travail d'équipe et voilà pourquoi j'ai hâte à son repêchage : pour sentir que tout ceci a culminé à ce moment », a-t-il enchaîné. 

Bien sûr, on ne vous apprend rien ici, il y a un monde de différence entre les centaines de prévisions publiées avant le repêchage et les deux petites listes qui apparaissaient dans les journaux dans les années 1990. 

Grâce à sa carrière, Gauthier se retrouve avec une panoplie de contacts et de connexions au sein des équipes de la LNH. Cela dit, il connaît trop ce milieu pour souhaiter que son fils soit repêché par l'une de ces équipes. 

« Je suis trop réaliste face à ce milieu. Je ne veux pas de fausse sécurité parce que j'ai été dans de belles situations qui ont mal viré et à l'inverse, de moins faciles, qui ont bien finies », a-t-il dit. 

De toute manière, comme Gauthier le précise, il y aura un beau filon à raconter qu'Ethan soit repêché par l'une de ses anciennes équipes (les Flames, les Coyotes, les Flyers et les Kings) ou ailleurs. 

Tout de même, Gauthier admet qu'une sélection en première ronde serait spéciale. Elle représenterait une immense récompense pour ses sacrifices. De plus, ça surviendrait le jour du 20e anniversaire de mariage des parents d'Ethan. 

Ethan arrive parmi les derniers, signe qu'il sortira en 1re ronde ?

À Edmonton, en 1995, Gauthier n'était accompagné que de 5 personnes : Stéphanie, sa mère, son mari, un ami de la famille chez les Voltigeurs et son agent. 

Le contraste est énorme pour Ethan alors qu'il sera entouré d'une délégation de 35 personnes à Nashville. Denis et sa femme tenaient à vivre ce moment avec leurs proches qui ont voyagé de Calgary, Drummondville, Québec, Ottawa et Sherbrooke. 

Le moins que l'on puisse dire, c'est le voyagement n'a pas été de tout repos. Attachez vos tuques pour ce petit récit de rebondissements. 

« On est partis de chez nous, à Drummond, à 2 h 15 (dans la nuit de dimanche à lundi) pour aller chercher ma belle-mère, ma belle-sœur et rejoindre d'autre monde », a d'abord entamé Gauthier. 

En arrivant à 4 h 30 à l'aéroport Montréal-Trudeau pour le premier vol prévu à 7 h vers Atlanta, le monsieur où Ethan habite en pension a lancé « Que va-t-il nous arriver comme mésaventure aujourd'hui? » 

Deux minutes plus tard, les voyageurs apprenaient que leur vol était retardé à midi. « Il nous a jinxés », s'amuse à dire Gauthier. 

Étant donné que la connexion à Atlanta vers Nashville devenait impossible, Gauthier et ses proches ont décidé de louer trois véhicules pour effectuer la route d'Atlanta vers Nashville. 

« Ç'a été l'enfer (1 h 30 d'attente) en plus pour récupérer nos valises et se rendre au terminal des locations de voiture. Je pensais souvent à ma mère, qui est âgée de 85 ans », a ajouté Stéphanie. 

Au moins, en arrivant à Nashville plus de 20 heures plus tard, l'imposante délégation a retrouvé le sourire en entendant la musique et surtout en voyant les deux magnifiques logements loués pour l'occasion. 

« Ça ressemble à ce qu'on voulait le vivre, être avec du monde. Ethan a accompli de très belles choses, mais il a été aidé et encouragé par tant de gens. On voulait saisir l'occasion surtout que c'est à Nashville parce que notre gang a encouragé nos garçons au hockey », a expliqué Gauthier avec pertinence. 

Par un concours de circonstances, Ethan et ses agents sont arrivés parmi les derniers de la délégation. Ils voyageaient ensemble et ils ont dû repousser leur départ de lundi à mardi matin en raison de vols retardés. 

Qui sait, peut-être qu'en arrivant dernier, Ethan sera choisi en première ronde.