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C’est dans une rue de Cap-Rouge ou de Saint-Augustin-de-Desmaures que Jonathan Marchessault et Alex Chiasson ont commencé à jouer au hockey ensemble.

À l’époque, ils ne défendaient certainement pas les couleurs des Golden Knights de Las Vegas ou de Capitals de Washington. Mais comme tous les petits culs de leur quartier en banlieue de Québec, comme tous les petits gars et les petites filles qui jouent au hockey dans la rue, Marchessault et Chiasson s’imaginaient sûrement en train de jouer en finale de la coupe Stanley.

Voisins de quartier depuis leur tendre enfance, grands amis depuis toujours, Jonathan Marchessault et Alex Chiasson passeront du rêve à la réalité lorsqu’ils sauteront sur la patinoire du T-Mobile Arena lundi soir pour donner le coup d’envoi à la finale de la coupe Stanley.

Marchessault est l’un des fers de lance de l’attaque des Knights. Chiasson occupe un rôle plus effacé chez les Capitals. Mais près de vingt ans après leur rencontre initiale, les deux Québécois atteignent ensemble le plateau sur lequel ils ont si souvent rêvé d’évoluer.

L’ennui, et il est gros, c’est qu’un seul des deux copains sortira gagnant de ce plateau. L’autre, malgré le fait de s’être rendu si près du but, ruminera un affreux sentiment d’échec pendant plusieurs semaines. Plusieurs mois. Peut-être même, plusieurs années...

« On se connaît depuis assez longtemps pour savoir à quel point nous tenons à gagner tous les deux. À quel point on déteste perdre tous les deux. Nous sommes très proches. J’ai été son garçon d’honneur à son mariage. Il sera le mien lorsque mon tour viendra de me marier. Mais rendu là, il faudra trouver une façon de mettre l’amitié de côté pour un moment. On s’est envoyé un message de bonne chance par texto. Rien de plus. Et je ne crois pas qu’il y en aura d’autres en cours de finale », a indiqué Chiasson dimanche lors de la journée médiatique orchestrée par la LNH.

Ça ne veut pas dire que Marchessault sera coi pour autant. Chiasson le sait mieux que n’importe quel joueur des Capitals. Des joueurs qui l’apprendront peut-être assez vite cela dit.

« Jo parle pas mal sur une patinoire. Il ne se gêne pas pour commenter et tenter de te déconcentrer. Je sais à quoi m’attendre », a indiqué Chiasson.

Natif de Montréal, Alex Chiasson s’est retrouvé en banlieue de Québec lorsque son père y a été transféré par la compagnie qui l’employait.

« Il était à Cap-Rouge et moi à Saint-Augustin, mais nos maisons étaient à moins de cinq minutes en vélo. Parce que nous étions de deux villes voisines, on a commencé à jouer un contre l’autre à nos débuts dans le hockey mineur. Son père coachait son équipe. Mon père coachait la mienne. Mais dès le niveau atome AA, on s’est retrouvé ensemble. On s’est toujours suivi ensuite. Nos parents s’échangeaient des "lifts" en voiture. J’ai des tas de photos de nous plus jeunes qui jouaient au hockey. On était toujours ensemble », racontait Chiasson.

Et lundi?

« En tant qu’amis on n’a pas le choix d’être fiers et heureux l’un pour l’autre. On s’entraîne l’été avec Patrice Bergeron et Antoine Vermette qui ont tous les deux gagné la coupe. Cette année ce sera le tour d’un de nous deux. On est rendu au plus haut niveau du hockey professionnel. C’est gros. Mais même si on veut gagner tous les deux, 20 ans de souvenirs, ça ne peut pas s’effacer », a conclu Alex Chiasson.

J’ai longtemps regardé Chiasson après qu’il eut conclu sa dernière phrase. Je n’ai jamais été en mesure de déceler s’il l’avait lancé en tant qu’affirmation, en tant que question, ou en tant que crainte. On aura un commencement de réponse dès lundi, dans le cadre du premier match.

Comparaison Capitals/Golden Knights