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RÉSULTATS

Congédier à défaut de transiger

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Incapable de trouver un gardien susceptible de donner des chances réelles de gagner match après match aux Devils et de racheter les bévues normales des jeunes joueurs autour de qui son équipe est bâtie, Tom Fitzgerald a congédié son entraîneur-chef Lindy Ruff.

Pas question ici de défendre le bon vieux Lindy qui a sans doute une part de responsabilités à porter dans les insuccès des Devils.

Mais l'an dernier, après avoir entendu les partisans des Devils qui ont perdu les deux premiers matchs de la saison implorer son congédiement en entonnant des «Fire Lindy» dans les gradins du Prudential Center – Ruff a mené son équipe à une séquence de 16 gains et un petit revers.

Les Devils ont ensuite filé vers une saison de 112 points qui leur ont permis de terminer au deuxième rang de la section métropolitaine.

Mieux encore, beaucoup mieux encore pour les partisans des Devils, l'équipe de Lindy Ruff a éliminé les Rangers en première ronde des séries. Une série qui s'est rendue à la limite des sept matchs, mais quand même.

La sortie expéditive – cinq matchs – aux mains des Hurricanes en deuxième ronde n'a pas étouffé le moindrement les célébrations associées à la victoire aux dépens des Blue Shirts. Il faut comprendre ici que battre les Rangers en séries représentait, pour les Devils et leurs partisans, un exploit aussi important que l'élimination du Canadien pour les anciens Nordiques et leurs partisans.

Loin d'avoir donné suite aux appels des partisans des Devils en début de saison l'an dernier, Tom Fitzgerald a même récompensé Lindy Ruff en octobre dernier en officialisant la signature d'un contrat de plusieurs saisons quelques heures avant le match d'ouverture.

D'où le mélange d'incompréhension et de scepticisme associé à l'annonce, en fin d'après-midi lundi, que Travis Green prenait la relève à son patron.

Blessures et mauvais buts

On dit souvent, avec raison, qu'il est plus facile de congédier un entraîneur que d'échanger les 23 joueurs qu'il dirige.

Dans le cas qui nous occupe, on peut ajouter que Tom Fitzgerald a trouvé plus facile de congédier Lindy Ruff que de conclure la ou les transactions qui l'auraient aidé à propulser les Devils là où tout le monde les voyait en début de saison, c'est-à-dire en séries.

Quand on pense aux succès des Devils l'an dernier, on pense tout de suite à Jack Hughes et à la saison de 43 buts et 99 points qu'il a connu. Aux 80 points et au différentiel de plus-33 de Nico Hischier. Aux huit buts en avantage numérique de Dougie Hamilton qui a récolté 28 de ses 74 points aux cours de supériorités numériques qu'il orchestrait avec brio.

Aux performances plus qu'efficaces de John Marino (+21), Ryan Graves (+34) et Jonas Siegenthaler (+27) à la ligne bleue.

On oublie toutefois les saisons, un brin surprenantes, de Vitek Vanecek et Akira Schmid devant le filet.

En relève à un MacKenzie Blackwood encore miné par les blessures, Vanecek a signé 33 victoires (33-11-4) l'an dernier. Il a maintenu une moyenne fort respectable de 2,45 buts alloués par match et un pourcentage d'efficacité tout aussi respectable de 91,1 %.

Vanecek a toutefois été supplanté en fin de saison par le jeune géant Akira Schmid.

Le jeune Suisse a d'ailleurs été sensationnel en séries. Il a joué un rôle de premier plan dans le cadre de l'élimination des Rangers qu'il a blanchis deux fois. De fait, Schmid n'a accordé que deux buts aux Blueshirts dans les quatre victoires signées contre eux.

Schmid et ses jeunes coéquipiers ont fait mal paraître les Rangers et leurs grosses acquisitions à la date limite des transactions : Patrick Kane, Vladimir Tarasenko et Niko Mikkola. Trois joueurs qui sont loin d'avoir été mauvais en séries, mais qui n'ont pas été en mesure de venir à bout des Devils.

Jusqu'ici cette année, Vitek Vanecek, Akira Schmid – de retour du club-école en relève à Vanecek qui est blessé – et Nico Daws affichent tous des moyennes de buts accordés par match supérieures à trois.

Ils affichent tous des efficacités inférieures à 90 %.

Jack Hughes a raté 16 matchs en raison d'une blessure. Nico Hischier : 11. La saison de Dougie Hamilton a pris fin après 20 rencontres. C'est loin d'avoir aidé.

Les différentiels des défenseurs ont plongé dramatiquement : Marino (-11), Siengenthaler (-5).

Tout ce que Lindy Ruff a fait de bien et de bon l'an dernier autant en saison régulière qu'en séries et les stratégies qu'il mettait de l'avant ne peuvent pas être tombés à plat cette année sans raison?

Et la raison, de l'extérieur du vestiaire en tout cas, semble bien plus associée aux blessures et aux trop nombreux mauvais buts accordés par les gardiens, qu'à la seule responsabilité du coach.

Si Tom Fitzgerald avait trouvé les moyens nécessaires pour convaincre les Flames de lui échanger Jacob Markstrom pour mieux protéger la cage des Devils, il n'aurait sans doute pas été contraint à congédier un coach qu'il appréciait tellement en début de saison qu'il l'a récompensé avec un contrat à long terme.

Comme l'a toujours dit Bob Hartley avec une franchise qui l'honore : « Montre-moi un bon gardien et je te montrerai un bon coach! »

Sans gardien capable de multiplier les arrêts importants et surtout de limiter au minimum les mauvais buts accordés pour l'aider à « faire comprendre et passer son message », Travis Green peinera lui aussi à relancer les Devils.

D'autant que Green, qui avait pourtant les mains pleines avec les Canucks, a finalement été chassé de Vancouver parce qu'il peinait à obtenir le rendement attendu de cette jeune et talentueuse équipe.

Si Tom Fitzgerald n'arrive pas à trouver une solution devant le filet – peut-être qu'elle viendra de Schmid une fois encore, on verra – le congédiement de Lindy Ruff deviendra bien plus un constat d'échec pour le directeur général que pour son ancien entraîneur-chef… et celui qui vient de le remplacer.

On verra!