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RÉSULTATS

Coyotes : le plus dur reste à venir

Le Mullett Arena, domicile des Coyotes Le Mullett Arena, domicile des Coyotes - PC
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Si le ridicule tuait, les Coyotes seraient morts et on les aurait enterrés souvent au cours des 26 dernières années. Depuis que le Jets ont quitté Winnipeg pour devenir les Coyotes dans le désert de l'Arizona.

 

De la tutelle imposée par la LNH parce que les Coyotes n'avaient pas de propriétaires prêt à parier sur le succès du hockey dans le désert de l'Arizona à l'éviction du Gila River Arena par la ville de Glendale qui a mis un terme au bail qui liait la municipalité et le club de hockey, on croyait avoir tout vu.

 

Le portrait déjà affreux s'est enlaidi plus encore cette semaine lorsque les premières images des vestiaires de fortunes rafistolés pour les quatre premiers matchs disputés au Mullett Arena ont fait le tour de la planète hockey.

 

Des grands rideaux noirs à la place de murs. Un tapis étendu sur la glace d'une seconde patinoire adjacente à celle des Sun Devils et de leurs co-locataires. Vrai que ça faisait dur. Vrai que ça repoussait plus loin encore les limites du ridicule associé à cette équipe, à cette organisation.

 

Le Mullett Arena et ses 5000 places?

 

Une fois les hymnes nationaux chantés, la mise en jeu initiale déposée et le match Jets-Coyotes lancé, l'amphithéâtre semblait répondre aux attentes.

 

Il semblait même les dépasser.

 

Du moins à la télé.

 

La glace semblait belle et lisse. Les gradins étaient non seulement remplis, mais les partisans arborant des perruques «coupe Longueuil» en lien avec le nom de l'arena avaient visiblement du plaisir à encourager les Coyotes ou les Jets alors que plusieurs partisans venus du Nord pour l'occasion ou déjà installés dans le désert pour échapper à l'hiver qui s'en vient assistaient à ce match historique.

 

Le match était bon. L'atmosphère l'était tout autant. Peut-être plus même.

 

J'étais d'ailleurs jaloux de mes collègues venus des quatre coins de la LNH pour assister à cette rencontre. Venus évaluer les chances de réussite de ce énième nouveau départ des Coyotes.

 

Trois, quatre, voire cinq ans…

 

J'ai d'ailleurs hâte d'aller faire un tour là-bas.

 

J'ai hâte d'y aller pour voir si l'effervescence normale provoquée par le match historique de vendredi pétillera encore dans quelques semaines, quelques mois, quelques années.

 

Ce n'est pas le temps qui manquera.

 

Le plan d'Alex Meruelo est de partager le Mullet Arena avec les Sun Devils de l'Université de l'Arizona pour les trois prochaines années. Le temps qu'il puisse compléter la construction d'un nouvel amphithéâtre dans le cadre d'un projet global – condominiums de luxe, hôtel, centre commercial et plus encore – d'une valeur de 2 milliards $.

 

Alex Meruelo est assis sur une fortune estimée à 14,5 milliards $ par le magazine spécialisé Forbes. Il a donc les moyens de mettre ce projet en branle et de le compléter.

 

Il n'a toutefois pas encore le feu vert pour amorcer les travaux. Il doit obtenir des tas d'autorisations, conclure des tas d'ententes administratives avec la ville de Tempe, l'aéroport de Phoenix – le terrain où Meruelo veut établir ses Coyotes est survolé par les avions qui sont en approche finale ou viennent de décoller – et différents paliers de gouvernement.

 

Le site choisi est contaminé. Il faudra une bonne année pour le décontaminer. Et comme on est encore loin d'un premier coup de pelle, il semble évident que les Coyotes joueront au Mullett Arena une année de plus. Peut-être deux.

 

Les amateurs de hockey qui aimeraient vivre l'expérience d'un match au Mullett Arena ont donc beaucoup de temps à leur disposition pour amasser les dollars nécessaires pour s'offrir cette aventure dans le désert de l'Arizona.

 

Limiter les pertes à 30 millions $ par année

 

Au-delà les succès évidents de la première partie des Coyotes au Mullett Arena – partie qu'ils ont perdue 3-2 en prolongation – le plus dur reste donc à venir. Sur la glace, bien sûr. Mais sur le sable tout autant.

 

Et ça dépasse les images sombres des vestiaires de fortunes. Cette situation sera d'ailleurs réglée en décembre alors que les travaux complémentaires – le propriétaire Alex Meruelo a payé 30 millions $ pour ajouter une annexe au Mullet Arena afin de construire des vestiaires, des gyms et des bureaux – seront terminés.

 

Mais en décembre, alors que l'entraîneur-chef André Tourigny et ses Coyotes reviendront à Phoenix, les Coyotes seront déjà éliminés de la course aux séries. Il n'est pas acquis que l'espoir de gagner la loto Connor Bedard maintiendra autant l'attention des partisans des Coyotes que celle des partisans du Canadien ou des autres clubs établis dans des marchés de hockey.

 

Il sera alors intéressant de voir combien de sièges du Mullett Arena seront inoccupés.

 

Occupé à pleine capacité, l'amphithéâtre projette une image beaucoup plus intéressante qu'un Gila River Arena occupé par 5000 partisans. Ça fera d'ailleurs changement de voir les Coyotes jouer devant plus de sièges occupés que de sièges vides.

 

Mais si les 5000 places ne sont pas toutes occupées, cela soulèvera encore des questions sur la viabilité du hockey en Arizona.

 

Quand on parle avec des membres de l'organisation des Coyotes, il semble clair que le propriétaire sait non seulement dans quoi il s'embarque, mais qu'il a établi ses plans pour mener son plan à terme.

 

Les Coyotes perdent bon an mal an autour de 30 millions $. Peut-être un peu plus. L'organisation a ajusté à la hausse les prix des billets pour maintenir le niveau de pertes annuelles autour des 30 millions $.

 

Le directeur général Bill Armstrong a un mandat clair : il doit éviter de gaspiller des millions $ sur des joueurs autonomes à moins que ce soit par le biais de transactions lui permettant de faire le plein de choix au repêchage.

 

Parce qu'ils n'ont que 5000 sièges à offrir à leurs partisans, les Coyotes feront bien plus le plein de choix au repêchage que de victoires au fil des prochaines saisons. L'objectif n'est pas de gagner maintenant, mais bien de développer une équipe qui sera en mesure de gagner lorsque viendra le temps d'emménager dans le prochain amphithéâtre.

 

C'est pour cette raison que tous les joueurs ou à peu près sont disponibles en Arizona. Le présent ne compte pas, ou si peu. L'avenir à court terme ne compte pas beaucoup plus. On est «All In» sur l'avenir à long terme.

 

Le Footprint Center n'est pas une option

 

Suspendu pour une année et condamné à payer une amende de 10 millions $ en raison d'un comportement de «tortionnaire», Robert Sarver, le propriétaire des Suns de Phoenix, a décidé de vendre son équipe.

 

Celui, celle ou ceux qui achèteront l'équipe de la NBA recevront aussi les clefs du Footprint Center, le domicile des Suns.

 

La transaction devrait s'élever à quelque chose comme 3 milliards $.

 

C'est beaucoup d'argent. Mais comme Alex Meruelo peut se permettre ce genre de folie, l'idée de faire l'achat des Suns et de ramener les Coyotes là où ils se sont établis à leur arrivée à Phoenix semble intéressante. D'autant que l'amphithéâtre vient d'être rénové.

 

Cette option n'est toutefois pas envisagée. Du moins pas encore selon une source chez les Coyotes.

 

Car bien que fraîchement rénové, le Footprint Arena n'est pas plus propice au hockey que le America West Arena ou le US Air Centre – comme il s'appelait lors de la cohabitation des Suns et des Coyotes – ne l'était.

 

Il y a toujours 4000 à 4500 sièges qui offrent une vue obstruée. Le qualificatif obstrué est un euphémisme, car les amateurs assis à une extrémité de l'amphithéâtre perdent de vue les joueurs et la rondelle dès qu'ils franchissent la ligne bleue.

 

On pourrait toujours procéder à une rénovation majeure, mais selon ce qu'on m'a dit, c'est à Tempe que Meruelo veut investir ses milliards et trouver enfin du domicile fixe et viable pour ses Coyotes.

 

Mais c'est encore très loin tout ça.

 

Ce qui aide le propriétaire des Coyotes c'est que Gary Bettman et la LNH tiennent à prolonger l'aventure en Arizona afin de prouver un jour que c'était une bonne décision de s'y établir.

 

Au grand dam de Québec et des fans de hockey de la capitale qui n'ont jamais bénéficié de la même patience et de la même confiance de la part du commissaire et des principaux propriétaires qui l'entourent.

 

La région de Phoenix a beau être le 10e plus gros marché des États-Unis, être une région magnifique qu'il fait bon visiter, qu'il fait bon habiter, être pour les «Snow Birds» de l'Ouest du Canada ce que la Floride est pour les «Snow Birds» du Québec et de l'Est du pays, il est difficile de croire que le hockey de la LNH en Arizona n'est pas rendu à sa toute dernière chance.

 

Chez les Coyotes, on est convaincu que cette fois sera la bonne. Le propriétaire a les moyens de ses ambitions. Il tient à s'établir dans cette région. Il tient aussi et surtout à voir les pertes accumulées au fil des dernières et des prochaines années se transformer un jour en profits.

 

On est convaincu qu'une fois la traversée du désert complétée au Mullet Arena, l'équipe jeune et en pleine ascension ravivera la ferveur du hockey dans la région. Que les joueurs autonomes de premier plan au grand plaisir de leurs épouses – Phoenix

est la ville qui vient en tête de liste lorsque les épouses des joueurs sont appelées à dresser leurs destinations de prédilection autour de la LNH – endroit où les femmes des joueurs veulent s'établir selon un sondage – joueront du coude pour venir s'établir à Tempe comme ils le font depuis quelques années pour s'établir à Tampa.

 

Ça reste toutefois à prouver!