MONTRÉAL – Elliot Desnoyers regardait la deuxième journée du repêchage avec intérêt et il savait que la 135e sélection appartenait aux Predators de Nashville. Voilà pourquoi il a d’abord cru à un bogue, au retour d’une pause publicitaire, quand il a vu que son nom était affiché à l’écran, à ce rang, avec un logo des Flyers de Philadelphie. 

« Je ne comprenais pas trop. Pendant une seconde, je me suis demandé s’il y avait eu une erreur. Ma famille a commencé à crier sur Zoom et ç’a explosé de joie. Après, j’ai compris qu’ils avaient avancé. C’était un beau moment », a raconté Desnoyers une semaine après cette journée spéciale pour plusieurs raisons. 

Desnoyers n’était pas répertorié comme un choix hâtif, mais ça demeure intéressant de voir que les Flyers ont échangé deux sélections de septième ronde pour ne pas l’échapper à un rival. 

« Ça me donne une certaine confiance par rapport à leur intérêt envers moi. Ils trouvent que je vais cadrer dans leur style de jeu. Ce sera à moi de leur démontrer qu’ils n’ont pas fait un mauvais choix », a-t-il réagi à ce sujet. 

Le recruteur des Flyers, Martin Gendron, a convenu que l’intérêt du club à son endroit était puissant. À vrai dire, il était devenu une priorité pour cette organisation qui avait vu plusieurs joueurs classés devant Desnoyers, sur leur liste, être repêchés. 

« Notre top-60 est parti très vite. On se parlait sur Zoom et on se disait ‘Ah non, f... un autre de choisi », a exposé, au RDS.ca, Gendron ce qui rendait prioritaire l’idée de grimper avant qu’il ne soit trop tard. 

Il faut préciser que l’évaluation de Desnoyers variait passablement selon les classements. Il a autant été répertorié au 94e échelon qu’au 177e rang sur une autre prévision. Le tout s’explique notamment par le fait que Desnoyers évoluait avec les dominants Wildcats de Moncton la saison dernière. 

Par conséquent, il a surtout été confiné à un rôle sur le troisième trio. Un contexte qui n’a pas aidé à mousser sa candidature auprès de tous les recruteurs. 

« Il aurait pu jouer dans le top-6 n’importe où ailleurs dans la LHJMQ. Ses stats auraient été différentes et ç’a joué en notre faveur en quelque sorte. On a pu déceler son talent offensif, malgré du peu de temps de glace de qualité à sa disposition », a décrit Gendron. 

« C’est sûr que si tu regardes ses points (11 buts et 24 aides en 61 parties) avec son gabarit (cinq pieds onze pouces et 172 livres), il faut l’avoir vu live plusieurs fois pour bien l’apprécier. Mais moi et Todd Hearty (un autre recruteur qui surveille le Québec), on a été en mesure de le vendre facilement », a-t-ajouté. 

Desnoyers sait bien que c’était la réalité avec laquelle il devait composer et il ne s’en plaint guère. 

« Oui, c’est plus difficile de se prouver en jouant derrière plusieurs gars de premier plan dans la LHJMQ. Dans un sens, je n’ai peut-être pas pu exposer tout mon potentiel. Les Flyers peuvent avoir fait un bon coup. Ils ont fait leurs devoirs, comme on dit », a-t-il reconnu. 

Le jeu des comparaisons

Elliot DesnoyersUtilisé surtout à l’aile avec Moncton, Desnoyers patrouille le centre avec les Mooseheads de Halifax depuis le début de cette saison bien particulière. Ils sont nombreux à lui prévoir une éclosion offensive, mais il retient avant tout l’attention pour son exécution des détails. 

« C’est pour ça que les entraîneurs l’adorent. À son âge, il est déjà capable d’assumer tous les rôles. Il a de bonnes chances de percer rapidement dans notre organisation. Il remporte ses batailles près de la bande, il gagne ses mises au jeu, il peut jouer à l’aile, il est capable de marquer, mais il fait des jeux défensifs », a noté Gendron qui lui a trouvé un comparable désormais très enviable. 

« Il me fait parfois penser à des gars dans la lignée de Yanni Gourde, un petit athlète trapu efficace. Il va monter vers 185-190 livres et il va pouvoir bien se débrouiller. » 

Au moment de le décrire à ses collègues, Gendron avait ce plan en tête pour cet espoir. 

« Il pourra jouer sur notre quatrième trio à un jeune âge et accomplir le travail de manière fiable. Après, le reste lui appartiendra pour gravir les échelons », a présenté Gendron.   

« Comme n’importe qui, je vais devoir faire mes preuves. Mais je pense que j’ai toujours été bon pour être attentif aux détails et rendre les autres meilleurs autour de moi. Ça pourrait me permettre de monter éventuellement dans la formation et les entraîneurs n’auront pas peur de miser sur moi », a indiqué Desnoyers qui voit des ressemblances, dans son ardeur au travail et ses qualités de meneur, avec Brendan Gallagher. 

Ce « filon » exploité par les Flyers a été suggéré activement par John Torchetti que Gendron a connu auparavant dans l’organisation du Wild.

« Il a été son entraîneur à Moncton et l’aimait tellement qu’il l’aurait repêché encore plus haut. C’est un kid que tout le monde vend facilement, aucun drapeau rouge dans son cas », a souligné Gendron. 

Son père et son oncle ont joué dans la LHJMQ et le conjoint de sa mère dans la LNH

Le monde du hockey est encore plus petit que ça. Il s’avère que Gendron a joué avec David Desnoyers, le père d’Elliot, et Hugues Laliberté, son oncle, au sein du Laser de St-Hyacinthe dans la LHJMQ. Elliot Desnoyers

Ce n’est clairement pas la raison de sa sélection, mais ça procurait quelques informations supplémentaires à son égard. 

« Ça validait son background, il vient d’une famille de sportifs. David était un guerrier sur la glace et sa mère, Martine Laliberté, est aussi une grande sportive », a confié Gendron. 

Son père était un défenseur qui ne reculait pas devant le jeu très robuste de l’époque, malgré son gabarit de cinq pieds dix pouces. 

« Le hockey était différent, mais c’était un très bon meneur et je retiens un peu de lui pour ça. Il a travaillé fort pour ses coéquipiers et pour faire avancer ses équipes. Il a toujours été là pour me conseiller, on discute de plusieurs aspects et ça m’a aidé à grandir comme joueur », a commenté le patineur de 18 ans. 

Comme il le dit lui-même, « il baigne » dans une famille de hockey depuis son enfance. Ses parents sont séparés, mais le conjoint de sa mère est Pascal Trépanier qui a joué 229 parties dans la LNH.  

« Elle apprend encore beaucoup de détails avec lui. Ils vont regarder mes matchs ou ceux de la LNH et il va lui décortiquer des éléments. C’est parfois drôle d’entendre ma mère me parler d’aspects très précis qui ne sont pas maîtrisés par toutes les mères », a soulevé, en souriant, Desnoyers et on ose ajouter plusieurs pères dans ce lot. 

La beauté de la chose, c’est que le nouveau membre de l’organisation des Flyers se fera un plaisir de partager son apprentissage à ses deux petits frères qui ne manquent pas de talent, eux non plus.