Encore Bobrovsky! Encore en prolongation!
Les Panthers de la Floride avaient promis qu'ils seraient plus disciplinés : les Golden Knights de Vegas ont pourtant marqué deux fois sur les six attaques massives offertes par la Floride.
Inversement, les Panthers ont été blanchis lors des cinq supériorités numériques qu'ils ont obtenues. Ils affichent un désolant 0 en 11 depuis le début de la finale.
Les Panthers se sont rendus coupables de 24 revirements jeudi soir. Dix-sept de plus que les Golden Knights.
Vrai qu'ils ont connu un bon début de match. Un bien meilleur que celui des Knights qui manquaient de vitesse, de cohésion, de conviction. Les Panthers en ont d'ailleurs profité pour s'offrir une avance de 1-0 dès la cinquième minute.
Cette domination n'a pas tenu. Les Panthers ont d'abord été secoués par le but de Mark Stone qui a nivelé les chances en fin de première période. Ils ont ensuite été assommés lorsque Jonathan Marchessault – encore lui! – a donné les devants 2-1 aux Knights. Après ce 13e but en 13 matchs de Marchessault.
De dominants qu'ils étaient au cours de la majeure partie du premier tiers, les Panthers sont devenus à la merci des Golden Knights. Plus le match avançait, plus les Golden Knights le contrôlaient. Pour une troisième partie de suite, la bande à Marchessault était la meilleure des deux équipes sur la glace.
Et de loin!
Pourtant : au lieu de faire face à l'affront d'un balayage, les Panthers pourraient niveler les chances 2-2 dans la finale de la Coupe Stanley qui se poursuivra samedi dans le sud de la Floride.
Comment ont-ils pu renverser le cours d'un match que les Golden Knights avaient bien en main sans donner le début d'un commencement d'une idée qu'ils pourraient l'échapper?
Parce que les Panthers ont finalement gagné à la manière des Panthers.
Sergeï Bobrovsky a gardé serré un pointage qui n'aurait jamais dû l'être. Matthew Tkachuk a continué à marquer des buts cruciaux en nivelant les chances 2-2 avec 133 secondes à faire en troisième période et son gardien rappelé au banc à la faveur d'un sixième attaquant. Carter Verhaeghe a marqué en prolongation pour relancer la finale et les espoirs des partisans des Panthers qui ne semblaient plus y croire beaucoup.
« Sans "Bob" nous ne sommes pas ici. Ce qu'il a fait ce soir, il le fait depuis le début des séries », a candidement reconnu celui qui a marqué son septième but des séries, mais un premier en finale, en décochant un tir de la ligne bleue. Un tir qui semblait anodin, qui n'a pas été dévié, mais qu'Adin Hill n'a semblé jamais en mesure de suivre des yeux alors qu'il n'avait pourtant pas la vue voilée.
De gros arrêts à de plus gros encore...
Du capitaine Aleksander Barkov à Tkachuk en passant par Sam Reinhart, les qualificatifs exceptionnels, sensationnels, magiques s'entrecroisaient pour illustrer une autre sortie sensationnelle de « Bob The Goalie ».
Au cours de la seule deuxième période, Bobrovsky a sauvé quatre, peut-être même cinq buts.
Il s'est dressé devant Stone sur un tir de l'enclave, devant Nicolas Roy également. Il a stoppé des tirs de grande qualité des défenseurs Nicolas Hague et Brayden McNabb sur des tirs puissants décochés en appuyant l'attaque. Il a réalisé ce qui fut peut-être son meilleur arrêt de la soirée aux dépens de Brett Howden.
En troisième, il a frustré Chandler Stephenson et a vu les Dieux du hockey le récompenser pour sa brillante soirée de travail alors qu'une rondelle tirée par Ivan Barbachev, alors qu'il restait moins de cinq minutes à faire à la troisième, a touché la barre horizontale pour ensuite dévier dans la baie vitrée plutôt qu'au fond du filet.
Un but sur l'une ou l'autre de ces nombreuses et excellentes occasions anéanties par Bobrovsky aurait confirmé la victoire des Knights. Mais il n'est pas venu.
« Il y a énormément de positif à tirer de notre match, mais nous n'avons pas été en mesure d'aller chercher le but supplémentaire. Celui qui aurait fait la différence. Et nous voilà en avant 2-1 », a philosophé Bruce Cassidy.
« C'est dégonflant de perdre comme ça ce soir. J'espère que nous gars sont choqués. J'espère que cette défaite leur laisse un goût amer dans la bouche. Un mauvais goût qu'ils endureront toute la nuit. Mais demain ils devront chasser cette colère et ce goût amer pour reprendre le contrôle de la série en gagnant le quatrième match », a ajouté l'entraîneur-chef des Golden Knights.
« Tu ne me demandes pas ce soir qui sera mon gardien lors du prochain match », a ironisé Paul Maurice en s'adressant à un collègue qui a demandé, mercredi, au coach des Panthers, s'il jonglait avec l'idée de sortir Bobrovsky du filet après qu'il eut été rappelé au banc lors du deuxième match, victime de quatre buts marqués sur 13 tirs.
Sept victoires en prolongation de suite
Les Panthers n'auraient jamais été en position de niveler les chances en fin de match et d'ensuite gagner en prolongation sans les 25 arrêts – le nombre n'est pas impressionnant, mais la qualité de plusieurs de ces arrêts est très impressionnante – de Bobrovsky.
C'est clair pour tout le monde.
Mais ce n'est pas Bobrovsky qui a marqué le but qui a permis d'envoyer le match en prolongation. Et l'autre but qui a permis aux Panthers de prolonger à sept leur séquence de victoires consécutives au-delà les 60 minutes réglementaires depuis le début de séries.
« Nous sommes confortable dans les situations inconfortables », a illustré Tkachuk à qui ont demandé d'expliquer cette manière qu'ont les Panthers de faire mentir tout le monde.
« Nous savons où nous voulons aller. Nous ne savons pas comment nous nous y rendrons, mais on trouve la façon d'y arriver. C'est à l'image de notre saison qui a été rempli d'adversité. On peut analyser le match comme on veut, on peut dire qu'ils ont été meilleurs que nous. Mais tout ça ne compte pas. Ce qui comptait ce soir était de gagner et nous avons gagné », a affirmé Tkachuk.
Maurice a insisté sur le niveau de confiance de son équipe lorsqu'elle est acculée au pied du mur.
« Cette équipe a marqué énormément de buts – les Panthers ont terminé au premier rang de la LNH avec un total de 337 et une moyenne de 4,11 par match – l'an dernier. Elle a aussi réalisé 24 remontées victorieuses. Il y a donc une confiance collective générée par ces succès. Quand le temps file et qu'on a un recul à combler, je sens ce bouillonnement sur le banc. Je sens que les gars croient en leur chance de revenir de l'arrière et de gagner. On a commencé la prolongation à court d'un homme. Nous avons "tué" cette pénalité. Ça nous a donné un élan et ensuite obtenu le but de Carter qui est un maître dans l'art de décocher des tirs rapidement », a analysé Maurice.
Tkachuk sonné
Frappé solidement au centre de la patinoire par Keegan Kolesar tôt au premier tiers, Tkachuk a dû retraiter au vestiaire à la demande des responsables de la sécurité des joueurs.
« Il a dû se soumettre au protocole mis en place pour prévenir les contrecoups des commotions cérébrales », a admis Maurice.
« J'étais convaincu que je reviendrais », a assuré le principal intéressé qui est d'ailleurs revenu au cours de la période médiane.
Entre les lignes
– Le 13e but de Jonathan Marchessault lui a permis de rejoindre Leon Draisaitl au premier rang des francs-tireurs depuis le début des séries. Draisaitl a enfilé ses 13 buts en 12 rencontres alors que Marchessault disputait jeudi sa 20e partie des séries...
– Marchessault a prolongé à huit sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un point. Il a enfilé huit buts et s'est fait complice de cinq autres (13 points) au fil de ces huit rencontres...
– Entre le premier but qu'il a accordé sur un bon tir de la ligne bleue du défenseur Brandon Montour – il a mis fin à une disette de 10 matchs sans avoir marqué où récolté de point – et les buts de Tkachuk et Verhaeghe en fin de troisième et début de prolongation, Hill n'a eu qu'un gros arrêt à effectuer. Il l'a réalisé aux dépens d'Anthony Duclair pour empêcher le Québécois de doubler l'avance des Panthers peu de temps après leur premier but...
– Les arbitres – Dan O'Rourke et Kelly Sutherland – ont été très sévères dans l'application des règles jeudi soir. Ils n'ont pas décerné 475 pénalités comme l'an prétendu Maurice, mais bien 15. Toutes des pénalités mineures...
– Les Panthers ont remporté la première victoire de leur histoire en finale de la Coupe Stanley. Une victoire signée le jour du 27e anniversaire de la première partie d'une grande finale disputée en Floride. C'était le 8 juin 1996 alors que l'Avalanche du Colorado avait gagné la troisième partie d'une finale qui allait se terminer en quatre matchs...