MANALAPAN, Floride - Seattle frappe plus que jamais à la porte de la LNH. En fait, on peut même dire que Gary Bettman ouvre la porte à ce marché où il aimerait installer une 32e équipe.

 

Au lendemain de la sélection par le maire Ed Murray du projet présenté par le groupe Oakview dirigé par Tim Leiweke pour la rénovation du Key Arena au coût de 564 millions $, la LNH invite Seattle à poser sa candidature en vue d’une éventuelle expansion en 2020-2021.

 

Ce privilège démontre à quel point la LNH tient à étendre ses tentacules dans le Nord-Ouest des États-Unis. Ce désir de la LNH ne date d’ailleurs pas d’hier. De fait, des dirigeants ont plusieurs fois convenu, sous le couvert de l’anonymat, que l’absence de Seattle lors du dernier processus d’expansion les avait surpris et déçus.

« À l’époque, trois groupes distincts étaient intéressés, mais lorsque le moment est venu de présenter des candidatures, ils ont fait marche arrière. Le groupe actuel nous a présenté un projet sérieux qui nous incite à ouvrir la porte à une offre de leur part », a mentionné Gary Bettman à sa sortie de la première journée de réunion des 31 propriétaires.

 

Québec, dont la candidature a été « reportée » lors du dernier processus d’expansion, et Houston qui a signifié son intérêt d’entrer dans la LNH par le biais du propriétaire des Rockets de la NBA Tillman Fertitta sont exclus du processus offert à Seattle.

 

Bien qu’il ait répété à quelques reprises que la main tendue vers Seattle ne représentait pas encore une poignée de main confirmant l’entrée d’une 32e équipe, le commissaire Bettman a confirmé avoir établi à 650 millions $ les frais d’expansion que Tim Leiweke et son groupe devront payer pour joindre les rangs de la LNH.

 

Leiweke qui gravite depuis des années autour de la LNH – il a été président de Maple Leafs Sports and Entertainment en plus d’être le maître d’œuvre de la construction du Staples Center à Los Angeles, du T-Mobile Arena à Las Vegas en plus d’être responsable des concessions dans plusieurs amphithéâtres de la LNH par le biais de l’une de ses compagnies – est entouré d’hommes d’affaires riches et influents comme David Bonderman – propriétaire minoritaire des Celtics de Boston – le producteur Jerry Bruckheimer et Irwin Azoff.

 

Plusieurs alliés et amis

 

Le groupe Oakview compte plusieurs alliés autour de la LNH. « Je m’en viens vendre une équipe à Seattle », a d’ailleurs lancé en boutade le président des Kings de Los Angeles Luc Robitaille qui est un ami de Bruckheimer et Leiweke.

 

Président des Canucks de Vancouver, Trevor Linden a également confirmé accueillir « à bras grands ouverts» la candidature de Seattle. « Cette équipe deviendrait notre plus proche rival géographique. Ce serait excellent pour nous et pour le hockey », a assuré l’ancien capitaine des Canucks qui a aussi évolué avec le Canadien à Montréal.

 

En plus de profiter d’appuis solides autour de la LNH, Seattle inspire la confiance de l’ensemble des 31 propriétaires en raison de l’économie florissante de cette région où les sièges sociaux des multinationales Boeing, Amazone et Starbucks pour nommer que celles-là ont pignon sur rue.

 

La LNH n’a pas fixé d’échéancier pour l’étude d’un projet d’expansion vers Seattle. « On va attendre de voir si le groupe présentera, comme il a indiqué avoir l’intention de le faire, un protocole d’expansion. Le dossier suivra ensuite son cours comme cela a été le cas avec Vegas. Si tous les critères sont respectés, le bureau des gouverneurs aura ultimement la décision d’y aller ou non. Mais Seattle représente un marché très intéressant », a confirmé Gary Bettman.

 

Comme ce fut le cas pour Las Vegas et Québec, Seattle devra verser 10 millions $ en guise d’avance de fonds pour l’étude du dossier. Huit millions $ seront remis si la candidature est rejetée.

 

Ce rejet est toutefois très peu probable tant on pouvait sentir, dans les coulisses de la réunion des gouverneurs, la volonté de la LNH de profiter de Seattle pour équilibrer les deux associations avec l’ajout d’une 32e équipe.

 

Parce que Seattle devrait logiquement évoluer dans la division Pacifique, la LNH devra transférer un des clubs qui y est déjà dans la division centrale. Une division où, pour l’instant, la compétition est beaucoup plus relevée. «Nous sommes encore loin de cette étape, mais le commissaire et moi avons déjà des idées pour solutionner ce léger problème», a mentionné Bill Daly, le bras droit de Gary Bettman, sans aller plus loin.

 

Phoenix et Houston?

 

Si l’avenir des Hurricanes semble bel et bien réglé en Caroline, celui des Coyotes est toujours incertain en Arizona.

 

Les Coyotes compléteront à la fin de l’année le bail qui les lie à la ville de Glendale et au Gila River Arena. Il leur sera toujours possible de signer des ententes annuelles à compter de l’an prochain, surtout que c’est la compagnie AEG – qui gravite elle aussi autour de plusieurs équipes de la LNH – qui gère les concessions de l’amphithéâtre.

 

Mais la LNH tient à ce que les Coyotes retournent dans un domicile plus près de l’action à Phoenix ou dans une de ses banlieues à Scottsdale. Plusieurs projets ont été avancés et étudiés pour relocaliser les Coyotes dans leur marché actuel. Mais ils ont tous échoué.

 

C’est là où l’intérêt de Houston par le biais de Tillman Fertitta devient attrayant pour la LNH. Car si la LNH débarque un jour à Seattle et qu’elle doit relocaliser les Coyotes, Houston devient une cible de choix.

 

Et si le dossier n’aboutit pas à Seattle, Gary Bettman pourra toujours se rabattre sur Houston où Fertitta qui vient de payer 2,2 milliards $ pour les Rockets et le Toyota Center se cherche un autre locataire pour remplir le calendrier de son amphithéâtre.

 

Québec dans tout ça?

 

Quelles sont maintenant les avenues s’offrant à Québec pour revoir un club de la LNH sur la patinoire du Centre Vidéotron?

 

Pas de bonnes nouvelles pour Québec

Le plus simple serait une expansion à 34 clubs alors que la LNH devrait ajouter des formations dans ces deux associations. Un scénario simple oui, mais peu probable. Un scénario surtout très coûteux alors que les frais d’expansion viennent de passer de 500 millions $ US à 650 millions $ et que le plafond salarial fracassera la barre des 80 millions $ la saison prochaine. Que sera-t-il dans trois, cinq, dix ans?

 

Il est impossible de répondre à cette question. Mais si les frais d’expansion de 500 $ et un plafond à 75 millions représentaient déjà un gros défi financier pour Québec il y a deux ans, quel qualificatif devra-t-on utiliser avec un droit d’entrée de 650, voire 700 millions $ en devises américaines et un plafond qui sera peut-être rendu à 90 millions $?

 

Poser la question c’est aussi y répondre...

 

Bill Daly a refusé de dire que les chances de Québec d’un jour revoir la LNH étaient maintenant nulles. « Le fait que nous sommes en voie d’équilibrer nos deux associations est d’ailleurs un bon signe puisqu’il était nécessaire d’arriver à cet équilibre avant d’ajouter un club dans l’Est. Mais je ne peux m’avancer plus loin », a conclu le bras droit du commissaire.

 

Message d’encouragement ou politesse élémentaire à l’endroit d’un marché qui patiente depuis très longtemps pour revoir ses Nordiques?

 

À vous de choisir.

 

Mais s’il est clair que la patience des amateurs de Québec est mise à rude épreuve au point d’avoir atteint ses limites avec l’ajout des Golden Knights à Las Vegas, ces amateurs sont une fois encore condamnés à étirer ce qui leur reste de patience.

 

Au fait : en reste-t-il?

 

Molson commente le dossier de Québec
La vente des Hurricanes près de se finaliser