NASHVILLE – Plusieurs les comptaient comme battus après les deux victoires des Penguins à Pittsburgh. Mais voilà les Predators de retour.

Et comment!

Forts d’un gain de 4-1, les Predators ont non seulement nivelé les chances dans la grande finale, mais ils donnent des signes évidents d’avoir pris le plein contrôle de la série.

Le retour de force de Pekka Rinne après deux sorties atroces à Pittsburgh et l’éveil d’une attaque anonyme qui vient de marquer neuf buts en deux rencontres aux dépens de la défense dangereusement poreuse des Penguins et du gardien Matt Murray qui semble vraiment vulnérable donnent l’impression qu’au-delà l’égalité mathématique de 2-2, les Predators profitent d’un avantage évident.

Pekka Rinne a été la vedette défensive du match. Bien qu’il n’a pas été poivré de tirs de la part des Penguins, le gardien finlandais a réalisé plusieurs gros arrêts, dont trois coups sur coup après une échappée de Sidney Crosby, pour garder son équipe dans le match.

Si Rinne a été l’étoile défensive des Predators, Frédérick Gaudreau a une fois encore été la vedette offensive.

Pour un deuxième match de suite, le Québécois a non seulement marqué, mais s’est assuré d’inscrire le but de la victoire. Un but qu’il a enfilé en battant de vitesse Matt Murray dans un jeu du grand tourniquet autour du filet des Penguins. Sur le jeu initial, on a cru que Murray avait effectué l’arrêt. Mais dès les premières reprises, on a vite réalisé que la rondelle avait traversé la ligne rouge.

« Je pensais avoir marqué, mais je n’étais pas sûr. Lorsque je suis revenu au banc à l’arrêt de jeu, j’ai commencé à entendre des gars crier : elle est entrée; elle est entrée. Puis on a eu la confirmation des arbitres. C’était tout un feeling », a lancé Gaudreau qui a donné les devants aux Predators en début de période médiane.

Les Predators n’ont jamais perdu cette avance. Viktor Arvidson sur une échappée en milieu de deuxième et Filip Forsberg dans un filet désert ont ajouté les buts des Predators. Calle Jarnkrok, en sautant sur un retour accordé par Matt Murray, avait donné les devants 1-0 aux Predators au premier tiers. Sidney Crosby, au terme de la première de ses deux échappées obtenues dans le match, a nivelé les chances 66 plus tard. Ce fut l’un des très rares moments de réjouissances pour les Penguins.

Deuxième de l’histoire

L’histoire de Frédérick Gaudreau avec les Predators est rien de moins que sensationnelle. En plus de ses deux buts gagnants consécutifs, le centre venu en renfort après la blessure subie par Ryan Johansen affiche maintenant trois buts sur les quatre tirs décochés en finale.

Freddy Hockey a même réécrit le livre d’histoire de la LNH en égalant le record établi par John Harms, en 1944, avec les Blackhawks qui était jusqu’à hier le seul joueur de l’histoire de la LNH à avoir marqué ses trois premiers buts en finale de la coupe Stanley.

Confiné à une chaise pliante parce qu’il n’y avait pas assez de casiers pour lui faire une place dans le vestiaire des Predators lorsqu’il s’est joint à l’équipe, Frédérick Gaudreau partageait l’estrade d’honneur avec Mike Fisher et Pekka Rinne.

« Freddy prouve qu’il mérite sa place au sein de notre formation. De fait, il occupe une grande place au sein de notre équipe », a lancé le capitaine Mike Fisher qui a récolté une passe en plus de célébrer la victoire en guise de cadeau dans le cadre de son 37e anniversaire de naissance.

Questionné à savoir si ses performances l’assuraient maintenant d’avoir un casier bien à lui, Gaudreau a répondu : « C’est le moindre de mes soucis. Je pourrais être obligé de m’asseoir par terre que je ne plaindrais pas. Je veux juste avoir la chance de jouer et d’aider mon équipe à gagner », a lancé le Québécois originaire de Bromont.

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Inconnu il y a quelques semaines à peine alors qu’il s’est joint aux « Preds » après l’élimination du club-école à Milwaukee, Gaudreau a eu l’honneur d’entendre des « Freddy! Freddy! Freddy! » être scandés pendant plusieurs secondes par les partisans.

« C’est vraiment le fun. Je me sers de tout ça comme énergie positive, mais je m’assure en même temps que ça ne devienne pas une distraction. Je dois m’assurer de tout donner chaque fois que je suis sur la patinoire », a indiqué le Québécois de 24 ans.

Frédérick Gaudreau assure lire et écouter tous les messages de félicitations qu’il reçoit. Des messages qui se multiplient depuis quelques jours. « Ça fait partie du renforcement positif », a-t-il convenu après la rencontre de lundi.

Mais ce qui aide aussi grandement Gaudreau, est l’expérience acquise au fil des embûches avec lesquelles il a dû composer depuis le début de sa carrière professionnelle.

« Je me souviens de mon renvoi dans la Ligue de la Côte Est lors de ma première saison pro. Quand tu rêves de jouer dans la LNH, tu te sens très loin de ton rêve quand tu joues dans la Ligue de la Côte Est. J’ai composé avec ça et j’ai appris à ne pas regarder les choses à courte vue. De regarder à plus long terme. J’ai appris à mettre le focus au bon endroit. Et ça m’a toujours servi », a commenté Gaudreau.

S’il a reçu des « Freddy! Freddy! Freddy! » en cadeau de la part des partisans des Preds, Gaudreau a reçu des commentaires très élogieux de ses coéquipiers.

« Les séries sont tapissées d’histoire comme celle de Freddy. C’est en séries que des joueurs se révèlent et il le fait de façon sensationnelle. C’est un joueur rapide, intelligent et c’est surtout un très bon gars terre à terre. Nous sommes tous ravis de le voir connaître ce genre de succès. Il est devenu un joueur essentiel pour nous », a indiqué Roman Josi.

P.K. Subban qui a connu un autre match solide défensivement aux dépens des Penguins refusait, après la victoire, de parler de momentum favorisant les Predators.

« Je ne crois pas au momentum en séries. Je l’ai d’ailleurs dit après le deuxième match. On a disputé deux bons matchs à Pittsburgh même si nous les avons perdus. Nous avons été meilleurs sans être parfaits ici lors des deux dernières parties, et il faudra être meilleurs encore lors du prochain match pour les battre chez eux », a indiqué P.K. qui a été le joueur le plus utilisé des deux camps avec 29 présences totalisant 25 :09.

Les deux équipes se croiseront à nouveau jeudi à Pittsburgh. 

Barkley : de la grande visite

La Ligue nationale, par le biais de Gary Bettman, a eu l’excellente idée d’inviter Charles Barkley au match numéro quatre.

Meilleur analyste tous sports confondus avec John McEnroe, Sir Charles a pris d’assaut la conférence de presse de Wayne Gretzky. Pendant que Gretzky répondait aux questions reliées à la sélection des Oilers (84-85) à titre de plus grande équipe des 100 ans de la LNH, Barkley est sorti de nulle part pour lui demander : « Quel est ton joueur noir préféré? »

Barkley s'invite à la conférence de Gretzky

Pris par surprise, Gretzky n’a toutefois pas hésité une seconde avant de répondre : « Grant Fuhr! » Un choix évident considérant les succès que l’ancien gardien a eu lors de ses meilleures années à Edmonton.

La présence de Sir Charles et son franc parlé ont donné une grande visibilité médiatique au match no 4.

« Je suis un fan de hockey depuis ma jeunesse à Birmingham en Alabama – les Baby Bulls ont été le club de Michel Goulet avant qu’il se joigne aux Nordiques de Québec – et j’ai suivi les Flyers alors que je jouais à Philadelphie. Mais comme nos séries sont d’un ennui mortel dans la NBA, je suis très heureux de pouvoir suivre un peu de hockey. Il n’y a pas de sport plus enlevant que le hockey une fois en séries. Cette folie d’avoir un match qui se décide sur un but en prolongation n’a pas d’égal dans le sport professionnel. Chaque soir en studio, j’ai 20 télévisions qui m’entourent. Je crois qu’on a eu deux matchs serrés depuis le début des séries dans la NBA alors que la grande majorité des parties sont enlevantes dans la LNH », a commenté Barkley.

Barkley a indiqué que son joueur favori était l’ancien gardien Ron Hextall. « J’adorais son désir de vaincre », a indiqué Sir Charles.

Barkley a ensuite fait l’apologie de la victoire et du fait d’être porté par l’excellence de ses coéquipiers. 

« Peu importe le sport que l’on pratique, vous ne pouvez pas savoir à quel point la victoire est importante. À quel point elle nous motive. Les grandes équipes sont les équipes qui arrivent à gagner et à gagner souvent. Car gagner c’est difficile. Mais gagner souvent l’est bien plus encore. En fait, gagner un championnat c’est plaisant, mais en gagner plusieurs c’est grandiose. »

On saura d’ici quelques jours si les Penguins auront la chance de soulever une deuxième coupe Stanley de suite et d’atteindre le niveau grandiose tel que présenté par Sir Charles. À moins que les Predators obtiennent le privilège et le plaisir de gagner la première coupe de Stanley de leur histoire. Un championnat nécessaire, car pour en gagner plusieurs, on doit d’abord commencer par en gagner un...