BOCA RATON - David Ayres pourra à nouveau voler au secours des Maple Leafs, des Hurricanes et de tous les autres clubs qui feront escale à Toronto... si ses services sont requis, bien entendu.

 

Et les 135 autres gardiens d’urgence dont les noms figurent sur la liste de réserve de la LNH pourront continuer de rêver à imiter Ayres et devenir célèbres du jour au lendemain eux aussi.

 

Car la LNH, par le biais de ses 31 directeurs généraux réunis cette semaine à Boca Raton dans le cadre de leur rencontre annuelle, a décidé de maintenir le statu quo quant aux règles régissant le recours aux gardiens d’urgence.

 

« Pourquoi réparer quelque chose qui n’est pas brisé? », a demandé le commissaire adjoint et grand responsable des opérations hockey de la LNH, Colin Campbell.

 

« Non seulement cette intervention de David Ayres a donné une visibilité sensationnelle au gardien et à la Ligue, mais nous nous retrouvons devant une situation tellement exceptionnelle qu’il n’y a pas matière à nous préoccuper des inconvénients », a poursuivi Campbell.

 

Depuis que Roberto Luongo et Al Montoya ont été remplacés par leur entraîneur des gardiens avec les Panthers Robbie Tallas, le 3 mars 2015, dans un match opposant la Floride et Toronto, la Ligue a dû faire appel à des gardiens d’urgence à deux reprises en 6200 rencontres.

 

Scott Foster s’est retrouvé devant la cage des Blackhawks de Chicago le 30 mars 2018 et David Ayres est devenu célèbre le 22 février dernier alors qu’il a contribué à une victoire de 6-3 des Hurricabes aux dépens des Leafs à Toronto.

 

Le fait que Ayres a 42 ans, qu’il avait l’air de tout sauf d’un gardien – les mimiques de l’entraîneur-chef Rod Brind’Amour lorsqu’il a vu «son» gardien sauter sur la patinoire en disaient long sur son scepticisme – et qu’il n’avait pas disputé de hockey compétitif depuis un bon moment a soulevé bien des questions dans la foulée de son utilisation.

 

Des questions légitimes est-il besoin d’ajouter. Au-delà ces questions, quelques directeurs généraux ont d’ailleurs cru bon mandater la LNH d’étudier la possibilité que des paramètres plus stricts soient imposés afin de réduire au minimum les écarts en matière de potentiels affichés par les gardiens d’urgence aux quatre coins de la Ligue.

 

« On a déjà songé à l’idée d’avoir trois gardiens par formation. On en a même parlé il y a trois ans après ce qui est arrivé avec les Panthers. Les DG ont dit non. Et cette avenue est écartée pour de bon», a insisté Colin Campbell qui s’en remet aux 31 formations pour que les gardiens d’urgence soient les plus adéquats possible.

 

La belle histoire de David Ayres

« Ce sont les équipes qui dressent leur liste. Et elles ont tout intérêt à avoir les meilleurs gardiens possible, car ces gardiens pourraient se retrouver devant leur filet puisque les gardiens d’urgence sont appelés à défendre la cage des deux formations en cas de besoin. David Ayres avait les qualités requises parce qu’il affronte les tirs des joueurs des Maple Leafs et des Marlies régulièrement lors des entraînements. À Los Angeles, les Kings tiennent d’ailleurs un camp de sélection au mois d’août. Les candidats se présentent au site d’entraînement des Kings et leur entraîneur des gardiens effectue des évaluations afin de dresser une liste », a ajouté l’ancien gardien et actuel superviseur des gardiens de la LNH Key Whitmore.

 

Avec les calendriers chargés, les congés souvent accordés aux gardiens numéro un entre les matchs et les blessures qui frappent plus régulièrement, les gardiens d’urgence sont souvent sollicités en cours de saison.

 

« Plusieurs équipes réclament la présence d’un gardien d’urgence pour venir donner un coup de main lors des entraînements sur la route. Nous le faisons et plusieurs clubs le font », a mentionné Kevin Cheveldayoff à sa sortie de la salle de réunion lundi.

 

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Bien que satisfait du système actuel, le directeur général des Jets de Winnipeg admet qu’un resserrement des critères pourrait être un jour envisagé. « Le problème que je vois avec ça est qu’à Winnipeg, Montréal, Toronto comme dans tous les grands marchés de hockey, il y a des candidats à la tonne. Ce qui n’est peut-être pas le cas dans des marchés moins traditionnels. Resserrer les critères pourrait peut-être causer des ennuis à Dallas ou en Arizona », a ajouté Cheveldayoff.

 

Une préoccupation qui ne touche toutefois pas Las Vegas assure le directeur général des Golden Knights Kelly McCrimmon.

 

« Le hockey est bien mieux implanté à Vegas que vous le croyez. C’est pour cette raison que notre équipe a été si bien accueillie. Nos gardiens d’urgence sont de très bons gardiens et j’ai croisé il y a quelques semaines à peine un ancien des Blades de Saskatoon – Ligue de hockey junior de l’Ouest – qui voulait m’offrir ses services. Nous avons déjà une liste bien garnie. Et je suis convaincu que nous avons des gardiens d’urgence compétents partout. Les chances que nous ayons de les utiliser sont toutefois tellement minces qu’il ne faut pas non plus en faire tout un plat. »

 

Quelques précisions sur les gardiens d’urgence :

  • Ils doivent être amateurs;
  • Ils ne doivent pas directement travailler pour l’équipe locale;
  • Ils sont appelés à se rendre au vestiaire dès qu’un gardien est blessé, mais doivent demeurer au vestiaire parce que dans les faits, il est alors toujours impossible de savoir devant quel filet ils pourraient se retrouver;
  • Ils ne reçoivent aucun salaire pour leur service puisqu’ils signent, tout juste avant de sauter sur la patinoire, un contrat d’essai professionnel

La question du salaire est facilement contournable. Car s’il est vrai que David Ayres n’a pas été payé pour sa sortie d’urgence devant la cage des Hurricanes, il est acquis qu’il a fait Banco en pourboires directs offerts par les joueurs des Canes et en profits indirects associés à ses apparitions publiques dans les médias et à son nouveau statut de membres honoraires des Hurricanes et citoyen honoraire de l’État de la Caroline du Nord.

 

Ah oui! Que serait-il arrivé si, le 22 février dernier, David Ayres avait lui aussi été blessé après être venu en relève à James Reimer et Petr Mrazek tous deux tombés au combat plus tôt lors du match?

 

La LNH aurait alors offert à l’équipe privée de ses gardiens «d’habiller» l’un des 18 joueurs en uniforme et de l’envoyer devant le but ou de disputer le reste du match avec six patineurs sur la glace.

 

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