LAVAL – « J’ai eu besoin d’au moins dix minutes pour me remettre de ton discours alors que toi, tu arrêtais une échappée deux minutes plus tard! »

 

Voilà le message que Leo Luongo s’est empressé de raconter à son frère à lui suite d’une soirée peu ordinaire. Roberto Luongo

 

Le 22 février, Roberto Luongo a définitivement épaté son petit frère. Celui-ci était bien assis dans son sofa, sirotant un café, pendant que le gardien des Panthers, portant tout son équipement, s’est emparé d’un micro pour procéder à un puissant et touchant discours en lien avec la fusillade à l’école Marjory Stoneman Douglas.

 

Sans même avoir le temps d’évacuer ce surplus d’émotions, Luongo a enfilé son masque, il a stoppé un adversaire qui s’est faufilé vers lui hâtivement et il a mené les Panthers à un triomphe significatif de 3-2.

 

« Je l’ai appelé après la partie pour lui dire ça. C’était impressionnant », a confié Leo Luongo, croisé jeudi à la Place Bell de Laval.

 

Devant les médias, le gardien, qui a disputé son 1000e match jeudi dernier, a admis que le départ avait été éprouvant.

 

« Les premières minutes ont été très difficiles. Je n’étais pas dans ma zone, ce serait la meilleure façon de le dire. Les émotions coulaient encore à flot », avait raconté le père de famille qui habite près du lieu de la tragédie.

 

Mais, au final, avec ce geste, Luongo a utilisé à merveille la portée que lui confère son rôle de héros sportif.

 

« C’est important, il a une voix, il est respecté. Son discours a fait les manchettes dans les médias. C’est exceptionnel de faire ça et, si ça peut provoquer un changement, il devrait le faire plus même », a noté celui qui agit à titre d’entraîneur des gardiens et de la vidéo pour les Thunderbirds de Springfield, le club-école des Panthers.

 

Le témoignage inspiré de Luongo en a surpris plus d’un. Après tout, au fil des dernières années, il a surtout propulsé sa cote d’amour à un autre niveau grâce à son humour délirant sur Twitter. Devenu une véritable sensation sur les réseaux sociaux, Luongo est donc capable d’allier le côté comique et le côté sérieux.

 

« L’humour a toujours fait partie de son caractère, mais il était plus réservé avant. Il utilise Twitter pour être lui-même, il utilise ça pour rire de lui aussi et je trouve ça bien. C’est important. Ce fut bon pour le public de voir ce côté de sa personnalité. Ça fait du bien, il est tellement exigeant envers lui-même que ça lui permet d’être moins sérieux et de relâcher un peu de pression », a exposé son frère qui perfectionnait son métier en Suisse avant d’accepter ce nouveau mandat il y a deux ans.

 

Les deux frères qui se ressemblent beaucoup  ne sont pas seulement proches à l’extérieur de la patinoire, ils y ont aussi vécu des moments précieux. Ils avaient déjà l’habitude de travailler un peu ensemble durant l’été. Ce privilège de famille s’est perdu lorsque Leo s’est lancé dans le projet suisse, mais Roberto a décidé d’aller le rejoindre une fois.

 

Quand l’entraîneur des gardiens a accepté le défi proposé par les Panthers, ils ont eu le bonheur de travailler ensemble pour la même organisation.

 

« C’était surtout spécial quand on a fait ça en Floride, la première année. J’étais arrivé quelques jours avant leur camp d’entraînement. James Reimer et Reto Berra étaient là aussi donc l’entraîneur des gardiens des Panthers (Robb Tallas) a travaillé avec eux pendant que je m’occupais de mon frère », a décrit Leo Luongo.

 

Et on ne parle pas uniquement de lui lancer des rondelles pour l’aider dans ses exercices. Non, le petit frère donnait plutôt des directives à Roberto qui était réceptif.  Leo Luongo

 

« Ça te donne une dose de confiance, il me respecte pour le niveau auquel je suis rendu en ayant fait un saut de six ans dans la LHJMQ et trois autres en Europe. J’étais capable de déceler des choses et il était intéressé par mes idées. »

 

Si la carrière professionnelle de Roberto – qui est âgé de 39 ans - se rapproche de la fin, celle de Leo tend de plus en plus vers la LNH.

 

« C’est arrivé un peu par surprise. J’avais signé pour une autre année en Suisse, on venait de perdre en finale et tout allait bien là-bas », a expliqué l’entraîneur qui s’est retrouvé parmi les finalistes pour un poste dans l’organisation des Flames de Calgary et dont le nom a circulé à Ottawa quand Guy Boucher a été embauché.

 

Au final, le contrat avec les Thunderbirds lui convenait très bien car il se rapprochait de sa famille à un moment opportun puisque sa femme était enceinte d’un deuxième enfant.