Trois scénarios s’offraient aux 31 directeurs généraux de la LNH pour améliorer leur équipe en profitant du dernier droit menant à la date limite des transactions.

-Acheter ou louer, au meilleur prix possible, un ou des joueurs susceptibles de colmater une brèche en défensive, d’offrir plus de punch à l’attaque ou de carrément faire de leur club une bien meilleure équipe.

-Vendre au prix le plus élevé possible un ou des joueurs afin de les remplacer par des choix au repêchage ou des espoirs autour de qui, s’ils ont misé sur les meilleures offres soumises, deviendront les joueurs autour de qui leur équipe connaîtra du succès dans deux, trois, voire cinq ans.

-Résister au chant des sirènes en faisant confiance aux joueurs en place et en évitant de gaspiller des choix, des espoirs, ou encore la chimie qui permet à leur club de surfer sur les succès depuis le début de l’année.

Il est intéressant de constater que les Capitals de Washington, le Wild du Minnesota et les Stars de Dallas ont suivi cette voie. À moins que vous considériez Jakub Jerabek comme une très grosse prise, les Caps n’ont pas vraiment renfloué leur alignement.

Comment expliquer cette prudence? Après tout, les Caps seront encore sérieusement menacés cette année par les Penguins et peut-être aussi par des Flyers qui ne s’annoncent pas commodes à l’aube des séries. Quant au Wild, il n’est pas même assuré d’accéder aux séries?

Peut-être que l’expérience du passé a refroidi les ardeurs de Brian MacLellan, le DG des Caps, et de son homologue Chuck Fletcher au Minnesota.

L’an dernier, MacLellan a acquis à fort prix le défenseur Kevin Shattenkirk qui, sans être mauvais, n’a pas offert aux Caps les moyens de sortir de leur division et de s’écraser une fois encore devant les Penguins de Pittsburgh qui se sont rendu ensuite jusqu’à la coupe Stanley. Quant à Fletcher, il a «récompensé» son équipe en ajoutant Martin Hanzal qu’il a payé un prix démesurément élevé avec, comme seul retour sur son investissement, cinq petites parties éliminatoires.

On comprend mieux leur prudence des derniers jours. Remarquez que ça ne les assure pas plus d’un printemps tardif. Mais au moins, ils n’auront pas gaspillé de choix ou d’espoirs s’ils sont vite évincés des séries.

Quant aux Stars, Jim Nill croit, avec raison, qu’il a une équipe assez solide sur la patinoire pour lui faire confiance. Avec les acquisitions de Ben Bishop et Alexander Radulov l’an dernier, le DG des Stars considère sans doute, avec raison, qu’il a fait son bout de chemin pour aider son club. Il fait maintenant confiance à ses joueurs et leur donne le défi de s’occuper du reste.

Le Art Ross au Lightning

La palme offensive de la date limite des transactions va selon moi au Lightning de Tampa Bay.

Parmi les favoris pour soulever la coupe Stanley, voilà le Lightning plus sérieux encore avec les ajouts de Ryan McDonagh à la ligne bleue et de l’attaquant fort intéressant J.T. Miller.

Déjà fort, le Lightning est maintenant très fort.

Ce n’est pas pour rien que le directeur général des Rangers Jeff Gorton s’est assuré, en plus du choix de première ronde de Tampa en 2018, d’obtenir que le choix conditionnel de 2e ronde en 2019 devienne un choix de première ronde dans l’éventualité où le Lightning gagne la coupe Stanley au printemps 2018 ou en 2019. Certains pourraient ajouter que Tampa est maintenant en mesure de gagner deux ans de suite.

On va se garder une petite gêne, mais il est clair que le Lightning a le potentiel pour y arriver.

Avec son salaire de 4,7 millions $ pour le reste de cette année et l’an prochain, McDonagh est la plus belle prise du dernier sprint. Et de loin. Et bien honnêtement, J.T. Miller fera, selon moi, vite oublier Vladislav Namestnikov qui doit plusieurs de ses 20 buts et 44 points au fait qu’il surfait sur la lame offensive destructrice des Bolts.

Bien hâte de voir les statistiques offensives de Miller fluctuer à la hausse maintenant qu’il sera foudroyé par la foudre du Nord de la Floride.

Si le Lightning est le grand gagnant sur le plan offensif, les Jets de Winnipeg – avec Paul Stastny – ont aussi réalisé un très bon coup. Il ajoute un excellent centre de troisième trio à une attaque qui était déjà des plus redoutable.

Les Jets ont fait, avec Stastny, ce que les Penguins ont fait la semaine dernière en ajoutant Derick Brassard au centre de leur troisième trio derrière Sidney Crosby et Evgeni Malkin.

Parce qu’ils n’ont pu résister au fait qu’ils sont bel et bien parmi les favoris pour se rendre à la coupe Stanley, les Golden Knights de Vegas ont acheté plutôt que vendu comme on se serait attendu à ce qu’un club d’expansion fasse au terme de sa première saison.

Mais voilà! Les Knights n’ont rien d’un traditionnel club d’expansion. De fait, ils viennent de jeter des bases qui risquent de nous offrir une autre belle surprise lorsque Seattle se joindra à la LNH dans trois ans… ou avant!

Je trouve quand même que trois choix au repêchage – première ronde en 2018, deuxième ronde en 2019 et troisième ronde en 2021, – c’est cher payé pour un bon joueur, mais quand même pas une grande vedette.

Sur ce point, des collègues m’ont rappelé à l’ordre… je dois admettre avec raison. Tatar a l’ADN des Golden Knights en ce sens qu’il est un joueur qui se retrouve souvent dans l’ombre de vedettes qui ne sont pas vraiment meilleures que lui. En plus, parce qu’il est plus jeune que James Neal et qu’il lui reste trois ans à écouler sur son contrat, il remplacera Neal – qui aurait pu représenter une belle prise pour une autre équipe à titre de joueur de location – si le vétéran quitte pour une autre formation l’été prochain dans le cadre du marché des joueurs autonomes.

Parce qu’à Vegas on aime y aller «All In» dans tous les casinos qui ceinturent le T-Mobile Arena, on peut comprendre pourquoi George McPhee et son patron le propriétaire Bill Foley ont doublé la mise au lieu de se retirer de la table.

Avec les cartes qu’ils ont en mains, on ne peut que leur souhaiter la meilleure des chances.

À Nashville, les Predators forment toujours le club que je considère le plus équilibré de la LNH. Celui qui est le mieux armé pour se rendre aux grands honneurs... du moins dans l’Ouest.

L’ajout annoncé de Mike Fisher représentait déjà une amélioration importante autant sur la glace que dans le vestiaire pour les Preds. David Poile et son adjoint Paul Fenton ont ajouté en prime Ryan Hartman qu’ils ont acquis des Blackhawks de Chicago. Je ne comprends pas vraiment le besoin d’acquérir Hartman et de perdre un choix de première ronde, surtout que les recruteurs des Preds ont un bilan de travail de premier plan depuis des années. La seule chose que je vois comme explication est les blessures qui ont frappé Kevin Fiala et Ryan Johansen en début de séries le printemps dernier. Avec un – encore mieux avec les deux – de ces joueurs en uniforme au lieu d’être confinés à l’infirmerie, les Predators auraient peut-être battu les Penguins en grande finale.

Peut-être! Hartman deviendra alors celui qui prendra la relève cette année en cas de blessure. Un rôle que le Québécois Frederick Gaudreau a rempli avec un mélange de surprise et de brio l’an dernier.

Evander Kane à San Jose? Si ce talentueux attaquant qui a la vilaine réputation de foute le trouble où il pose les patins, arrive à se mettre dans le trouble dans un bled aussi tranquille que San Jose – je sais que San Francisco n’est pas loin, mais bon – sa valeur piquera du nez au marché des joueurs autonomes l’an prochain.

Si les Sharks perdent un choix de première ronde pour Kane – le choix conditionnel de 2e ronde en 2019 deviendra un premier choix si les Sharks gagnent la coupe ou s’ils mettent Kane sous contrat – c’est que Kane leur aura donné raison de miser sur lui. Un risque oui, mais un risque qui vaut la peine d’être couru.

Le trophée Norris aux Rangers

Les Rangers ont prouvé au cours de la dernière semaine qu’il était possible de jouer défensivement et de gagner gros.

Même s’il avait avoué très candidement et plus publiquement encore que tous ses joueurs – à l’exception de Henrik Lundqvist – étaient disponibles aux plus offrants, Jeff Gorton est loin de s’être placé en position de faiblesse.

En échangeant Ryan McDonagh et J.T. Miller (Tampa), Rick Nash et Nick Holden (Boston) et Michael Grabner à ses voisins du New Jersey, Il a mis la main sur deux choix de première ronde, deux choix de deuxième dont l’un pourrait devenir un premier en 2019, un choix de troisième ronde, un joueur établi dans la LNH en Nemestnikov et cinq prospects.

Jeff Gorton aura trois choix en première ronde du prochain repêchage. Si ses Rangers ne glissent pas assez au classement pour maximiser leur chance de gagner la loterie Rasmus Dahlin, Gorton pourra faire miroiter une combinaison de premières sélections pour peut-être lui permettre de gagner le gros lot même si le boulier ne lui a pas offert.

Personnellement, je croyais qu’il aurait pu obtenir davantage pour McDonagh. Il était utopique de croire qu’il obtiendrait Brayden Point ou Yanni Gourde. Mais il me semble que j’aurais grafigné Steve Yzerman jusqu’au sang pour obtenir Mikhail Sergachev. Peut-être qu’il l’a fait et qu’Yzerman a résisté à la torture.

Mais bon!

L’avenir nous dira si les deux jeunes espoirs du Lightning, le centre de 19 ans Brett Howden et le défenseur tchèque de 20 ans Libor Hajek deviendront des Point, des Gourde ou des Sergachev ou s’ils se contenteront d’être des Jared Tinordi ou Michael McCarron. Cette conclusion permettra de déterminer si les Rangers ont eu raison de vendre ou pas.

Mais pour l’instant, Jeff Gorton est certainement le directeur général qui a le mieux géré la décroissance de son équipe. Il ne faudrait pas oublier que cette saine gestion de la décroissance s’est amorcée l’an dernier avec les transactions impliquant Antti Raanta et Derek Stepan avec les Coyotes de l’Arizona.

Ajoutons un poli coup de chapeau aux Sénateurs qui ont mis la main sur un gardien qui a le potentiel d’être leur prochain numéro un en Filip Gustavsson en retour de Derick Brassard. Mais les Sens auraient pu, et peut-être dû, faire plus. Beaucoup plus.

Ça viendra peut-être au cours d’un été qui sera très chargé en matière de mouvements de joueurs à Ottawa, comme à Montréal et aux quatre coins de la LNH.