Le plan de la Ligue nationale de hockey semble robuste et détaillé. Une fois que les joueurs arriveront dans les « bulles » des deux villes-pôles plus tard en juillet dans le cadre de la stratégie de la ligue pour relancer sa saison stoppée par la pandémie, les équipes devraient, du moins en théorie, être assez bien protégées de la menace de la COVID-19.

Un document de 28 pages dévoilé plus tôt cette semaine présente une longue liste de mesures sanitaires et sécuritaires où on semble n'avoir rien oublié. Elles incluent des tests obligatoires quotidiens et le port de masques chaque fois que c'est possible, jusqu'à l'interdiction de se taper dans la main (high five) et la suggestion de ne pas parler dans les ascenseurs.

Le plus grand défi, cependant, pourrait être d'arriver dans les bulles et d'avoir été largement épargné par le coronavirus.

Des règles strictes seront mises en pratique une fois que les 24 équipes qui prendront part à la relance prendront la direction des villes-pôles - qui devraient être Toronto et Edmonton - et seront isolées du grand public. Toutefois, les joueurs pourront circuler à leur guise pendant les camps d'entraînement, qui doivent commencer tôt la semaine prochaine.

Et bien que la ligue se soit prononcée, dans un document distinct, sur le besoin d'être prudent en ce qui a trait à la distanciation sociale à l'extérieur des activités d'équipe pendant les camps d'entraînement, les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants ne sont pas sans ignorer qu'il y a un risque.

« La patinoire est l'endroit sécuritaire, c'est propre », a affirmé le directeur général des Flames de Calgary, Brad Treliving.

« Vous avez le protocole qui est vraiment applicable. La recommandation et le message aux joueurs seront 'Vous devez tenir votre (cercle fermé) aussi serré que possible'. »

La LNH envisage mener des tests sur les joueurs à toutes les 48 heures pendant les camps d'entraînement et l'entraîneur-chef Mike Sullivan, des Penguins de Pittsburgh, dit que des discussions ont déjà commencé à l'intérieur de son groupe sur les embûches possibles pendant les deux prochaines semaines et demie.

« Faites preuve de bon sens », a déclaré Sullivan. « Ce sera bénéfique à tout le monde, qu'il s'agisse de nos joueurs ou du public en général. »

Le docteur Isaac Bogoch, un spécialiste des maladies infectieuses au Toronto General Hospital, est d'avis que ce message sera crucial pour la ligue pendant cette période à venir de vulnérabilité.

« Vous n'êtes pas dans une bulle et les joueurs, comme tous les autres gens dans le monde, sont susceptibles d'être frappés par cette infection. Les gens doivent être prudents pour éviter de sortir et se mêler aux autres autour d'eux. »

Bien que le virus est relativement sous contrôle au Canada, l'explosion de cas au sud de la frontière, incluant des "secteurs chauds" comme la Floride, le Texas et l'Arizona, sert d'avertissement. Des 24 concessions devant prendre part à la relance, 18 sont basées aux États-Unis et ne s'envoleront pas vers le Canada avant la fin de juillet.

« Je ne mettrai pas de mots dans la bouche de quiconque » , a noté le docteur Bogoch.  «Mais vous pouvez être certain que les équipes vont insister sur l'importance de s'assurer de demeurer en sécurité et en santé. »

L'entraîneur-chef Claude Julien, du Canadien de Montréal, qui est âgé de 60 ans et fait partie d'un groupe d'âge plus à risque d'être atteint de la COVID-19, dit que son équipe va tout faire pour aider les joueurs pendant le camp d'entraînement, incluant la livraison de l'épicerie.

« Ils traitent ça très sérieusement", a-t-il déclaré. "Ils sont conscients du danger pour eux, pour leurs coéquipiers, pour leur famille. C'est à nous tous de faire preuve de rigueur. »

Des 396 joueurs de la LNH qui ont été testés aux complexes des équipes entre le 8 juin et lundi dernier lors de petites séances d'entraînement optionnelles dans le cadre de la phase 2 du protocole, 23 résultats, soit environ six pour cent, sont revenus positifs. La LNH dit être au courant de 12 autres résultats positifs parmi des joueurs n'ayant pas participé à la phase 2.

La phase 3, qui correspond aux débuts des camps, devrait voir environ 750 joueurs se rapporter aux sites des équipes la semaine prochaine, si le protocole de retour au jeu et la proposition de prolongation de la convention collective sont acceptés au cours des prochains jours.

Ça signifie qu'environ la moitié des joueurs devant participer à la relance n'avaient pas encore été testés par la ligue en début de semaine.

Une éclosion au sein d'une équipe, ou de plusieurs, pourrait semer le chaos dans les plans de la ligue. La Major League Soccer, qui a amorcé son tournoi de relance mercredi, a dû exclure le FC Dallas et le Nashville SC de la compétition à cause d'un total de 20 cas de COVID-19 parmi ces deux équipes.

Le docteur Bogoch, qui a loué la LNH pour son souci des détails à l'intérieur de ce qui devrait être des bulles strictement gérées, est d'avis que même si toutes les précautions sont prises pendant les camps d'entraînement, il est possible que le virus se manifeste.

« Vous vous fiez au bon jugement des gens. Ça peut marcher la majorité du temps, mais ça peut ne pas marcher 100 % du temps. Un cas peut certainement entraîner d'autres cas. »

Exactement ce que la LNH espère éviter.