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RÉSULTATS

Étienne Morin, adepte de la « flexibilité mentale »

Étienne Morin Étienne Morin - Getty, RDS, Hockey Canada
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Mise à jour

BUFFALO – Étienne Morin avait fait ses recherches. Il était prêt pour la question du Canadien.

À quel animal te compares-tu à l'extérieur de la patinoire et sur celle-ci?

Introduite l'an dernier au Camp d'évaluation de la LNH par le personnel du directeur général Kent Hughes, et reconduite il y a deux semaines pour l'édition 2023 de l'exercice à Buffalo, la mise en situation a généré un lot varié de réponses. Du loup au panda, en passant par la maman ourse.

Morin, pour sa part, a osé s'aventurer à l'autre spectre du règne animal.

À l'extérieur de la patinoire, il s'est d'abord décrit comme une fourmi.

« Elles sont beaucoup plus fortes qu'elles en ont l'air, a justifié le défenseur des Wildcats de Moncton. Elles lèvent des feuilles qui font quatre fois leur poids. Et elles sont loyales. Elles se tiennent en groupe, elles ne désertent jamais et elles défendent leur territoire jusqu'à la fin. C'est un peu la même chose pour moi. »

Sur la glace? Un dauphin.

« Parce que je suis un joueur très cérébral. Il y a une raison pour laquelle les requins ont peur des dauphins, c'est parce qu'ils sont très intelligents. Je ne suis pas le plus gros et le plus imposant, mais je gagne mes batailles parce que je suis intelligent. »

Cette capacité à flairer le danger et surtout la bonne occasion, c'est en effet ce qui a permis au Québécois de se distinguer de ses compères cette saison dans les arénas de la LHJMQ.

« Je suis différent des autres gars. Je n'ai pas de routine d'avant-match ou un repas d'avant-match fétiche. Je me lance et je m'adapte, peu importe ce qui arrive. Ça s'appelle la flexibilité mentale. C'est quelque chose que j'ai appris cette année et que mon coach [Daniel Lacroix] me mentionnait tout le temps. Si j'ai un mauvais début de rencontre ou une mauvaise présence, je ne laisserai pas ça affecter le reste de mon jeu. »

Cette philosophie a bien servi l'arrière de 18 ans sur le plan offensif en première moitié de saison, lui qui affichait une moyenne supérieure à un point par match avec une récolte de 14 buts et 24 passes après 34 rencontres.

« À 16 ans, il a joué sur notre jeu de puissance et à 17 ans, il runnait l'avantage numérique. C'est rare que tu vois ça dans le junior », a signalé Lacroix.

Dans son territoire, les choses se sont toutefois corsées quelque peu, son calme désarmant pouvant parfois s'apparenter à un sang-froid excessif.  

« C'est sûr que son pace (tempo) est inquiétant », a admis un éclaireur de la LNH, tout en reconnaissant cependant le « super beau potentiel offensif » de Morin.

« Parfois, c'est trompeur de penser ça parce que c'est un cérébral, a contre-argumenté le pilote des Wildcats. Avant les Fêtes, il avait tendance à vouloir régler une situation avec sa tête et ses mains avant de se servir de ses pieds. Mais il a fait un switch et il a beaucoup progressé après les Fêtes. »


« Ma saison, je la sépare en deux parties, a approuvé Morin. Mon début de saison était vraiment offensif et je focalisais là-dessus. Je le sais – et je l'ai réalisé – je faisais beaucoup d'erreurs défensivement et je compensais avec mon offensive. Mais en deuxième moitié de saison, je me suis vraiment concentré sur la défense. À Noël, je me demande si je n'étais pas à 0 ou à plus-2 (plus-11, NDLR) et j'ai fini la saison à plus-29. »

 

Le hockeyeur originaire de Salaberry-de-Valleyfield a bouclé le calendrier régulier avec 72 points à sa fiche (21 buts et 51 passes), la troisième meilleure récolte du circuit Cecchini chez les défenseurs derrière l'espoir des Ducks d'Anaheim Tristan Luneau (83 points) et le prospect des Bruins de Boston Frédéric Brunet (73 points).

 

Surutilisé par les Wildcats en séries, au point de souvent jouer plus de 30 minutes par rencontre, Morin a encore une fois brillé sur le plan offensif, amassant 2 buts et 17 points en 12 matchs seulement, un sommet chez les arrières de la LHJMQ à égalité avec Brady Schultz des Mooseheads de Halifax, qui a joué neuf matchs de plus.

 

« Je pense que les nombreuses minutes jouées ont pu lui nuire à un certain point pour être plus performant, a concédé Lacroix. Il a parfois joué trop de minutes. Ça prend de l'énergie pour tuer des jeux et être dynamique défensivement. On ne l'a pas aidé sur cet angle. »

Étienne Morin

 

Dan Marr en amour

S'il y en a un qui croit au potentiel de Morin, c'est bien le grand patron de la Centrale de recrutement de la LNH, Dan Marr.

« Étienne Morin serait mon premier choix parmi les défenseurs de cette cuvée », a-t-il lâché en point de presse au Camp d'évaluation de la LNH à la veille des tests physiques.

Le lendemain, alors que Morin s'entretenait avec des journalistes québécois, Marr a interrompu sa marche à la vue du Québécois et a attendu un temps mort entre deux questions pour le complimenter à nouveau.

« Le meilleur défenseur du repêchage! », a répété Marr avant de reprendre son chemin.

Sur la liste finale de la Centrale, Morin occupe pourtant le 19e rang chez les patineurs nord-américains, tout juste entre Lukas Dagicevic (18e) et Oliver Bonk (20e). À l'échelle planétaire, une majorité d'observateurs contrediront Marr en classant les Européens David Reinbacher, Axel Sandin Pellikka et Tom Willander, notamment, devant Morin.

« Je pense qu'il est dans le champ, a appuyé un dépisteur de la LNH lorsque mis au parfum de l'affirmation de Marr. Tu ne peux pas l'aimer plus que Willander, Reinbacher, Pellikka ou [Oliver] Bonk. »

« Son jeu avec la rondelle est vraiment solide, a néanmoins reconnu ce même recruteur. Son jeu défensif ne me dérange pas. [Son succès futur] sera beaucoup basé sur son habileté, son explosion, sa mobilité, sa force dans le bas du corps et sa mécanique de patin. Va-t-il être capable de s'adapter pour jouer tous les soirs contre des gars de la LNH? Je ne pense pas que c'est un patineur super naturel pour un gars de l'élite appartenant à la première ronde. La question est là. »

Morin, de son côté, se permet de rêver à une sélection en fin de première ronde, ce que certains experts du repêchage simulé lui prédisent. D'autres, comme notre confrère Maxime Desroches, l'identifient davantage comme un choix de deuxième tour.

« Ce qui arrivera, arrivera. »

La flexibilité mentale, qu'il disait...

*Avec la collaboration du collègue Éric Leblanc.