LAS VEGAS - Souriant après la victoire convaincante que lui et ses coéquipiers venaient de signer au grand plaisir du Tout-Las Vegas qui encore ce printemps patine dans les sillons des Golden Knights, c’est un Max Pacioretty tiré à quatre épingles et chaussé de chics souliers bleus en suède qui est passé devant Gerard Gallant avec qui j’échangeais des observations sur le match qui venait de prendre fin et sur son équipe.

 

Quand j’ai fait remarquer à Pacioretty qu’il avait oublié de mettre des chaussettes, il s’est retourné en esquissant une moue amusée avant de répliquer : « c’est moins nécessaire ici! »

 

Gallant a alors souri à son tour avant d’enchaîner : « Max a beaucoup changé. »

 

Ancien adjoint de Michel Therrien avec le Canadien, Gerard Gallant a bien connu Max Pacioretty qu’il a côtoyé pendant deux saisons (entre 2012 et 2014) avec le Tricolore. Et quand Gallant a souligné que l’ancien capitaine du Canadien avait changé, il n’a pas eu besoin d’ajouter que ce changement était entièrement positif. Ça se lisait dans ses yeux.

 

Comme on lit aussi dans les yeux du principal intéressé qu’il semble plus épanoui que jamais avec sa nouvelle équipe. Autant sur la patinoire où il patine avec aisance que dans son quotidien qu’il parcourt dans ses « Blue Suede Shoes ».

 

« Je ne pourrais pas être plus heureux. Tout est parfait ici. Toutes les décisions de l’organisation sont prises avec comme objectif premier de maximiser les chances de réussite des joueurs. Que tu viennes de connaître un bon match ou que tu viennes d’en connaître un moins bon, les coachs sont derrière toi. Les membres de l’état-major le sont aussi. George McPhee – le directeur général – est souvent le premier à se présenter dans le vestiaire lorsqu’un gars vient d’avoir une moins bonne partie ou que l’équipe a perdu pour venir encourager tout le monde. Pour remonter le moral de tout le monde. Les lignes de communication sont ouvertes. Tout est clair. Tout est franc. Tu sais ce qu’ils pensent et surtout tu sens qu’ils sont derrière tous leurs joueurs », a lancé Pacioretty comme s’il avait un message à lancer au Canadien.

 

Un message qu’il n’a jamais lancé directement, mais qu’on sentait caché pas très creux dans le fond de ses pensées.

 

La pression vient de l’intérieur

 

Pacioretty se retrouve dans un contexte gagnant : joueur qui a toujours produit par séquences, Pacioretty voit ses bons moments et ceux de ses compagnons de trio être soulignés avec ferveur. Quant aux séquences plus timides, voire aux passages à vide, ils passent pratiquement inaperçus.

 

Rien à voir avec l’attention quotidienne dont il était l’objet à Montréal alors qu’une séquence de quelques matchs sans but, ou sans point, ouvrait la porte à de grands débats et à des remises en question sur ses qualités de joueur, ses qualités de leader et même sur son désir de vraiment vouloir défendre les couleurs du Tricolore.

 

Tenez : en 66 matchs cette saison à Vegas, Max Pacioretty a marqué 22 buts, dont quatre seulement en attaque massive, et récolté 40 points. Il a terminé la saison avec un différentiel de moins-13. Des totaux qui lui auraient valu critiques et doléances à Montréal alors qu’ils sont passés sous le radar dans le désert du Nevada.

 

« Il y a de la pression ici. Mais elle vient du vestiaire. Elle vient des joueurs qui sont les premiers à savoir s’ils jouent bien ou non sans égards aux statistiques. Comme joueur, on ne devrait pas s’occuper des pressions extérieures », a lancé Pacioretty qui reconnaît tirer le maximum de cette nouvelle réalité.

 

« Ce n’est pas juste bon pour moi. C’est bon pour tous les joueurs de notre organisation. C’est ce que tous les joueurs de la LNH recherchent. Et comprends-moi bien : on n’évolue pas dans la complaisance. Loin de là. Nos objectifs collectifs sont très élevés. Nous voulons gagner tous les soirs. En même temps, nous savons que le hockey est un jeu d’erreurs. Que tous les gars vont en commettre. Au lieu de s’attarder aux erreurs on se concentre sur ce qui doit être fait pour les limiter et surtout sur les façons de les racheter », a défilé Pacioretty.

 

« Turk – le surnom de l’entraîneur-chef Gerard Gallant – peut te servir une série de commentaires négatifs lorsque tu reviens au banc après une mauvaise présence ou que tu viens de commettre une grosse gaffe. Mais 30 secondes plus tard, il vient de rechercher avec une blague sur le même jeu. Quand tu sens que tu bénéficies de la confiance et du respect de ton coach, c’est plus facile de mettre de côté les erreurs et les mauvaises passes et de prendre les moyens pour être meilleur. »

 

Mieux entouré que jamais

 

Autre facteur qui aide grandement Max Pacioretty à composer avec les fluctuations de ses performances, il est mieux entouré qu’il ne l’a jamais été.

 

Pas seulement au sein de son trio complété par Paul Stastny et Mark Stone, mais au sein de l’alignement des Golden Knights au grand complet alors qu’il n’est qu’un membre de l’équipe au lieu d’être le capitaine qui doit répondre à toutes les questions au quotidien. Autant sur la patinoire que dans le vestiaire.

 

« La chose la plus importante que j’ai dite à Max lorsqu’il est arrivé avec nous a été de se contenter de jouer au hockey et d’y mettre tous ses efforts et son attention. Max est un gars entier. Je l’ai souvent vu se laisser déconcentrer et même se remettre en question lorsque les choses n’allaient pas assez bien à son goût. Quand je le sentais tomber dans ces habitudes cette année, j’allais le voir pour lui dire de cesser de broyer du noir. Qu’il jouait bien ou mieux qu’il le pensait et de continuer à pousser », a expliqué Gerard Gallant qui n’a pas hésité à le placer avec Stastny et Stone lors de son acquisition à la date limite des transactions.

 

L’adaptation a été immédiate.

 

« C’est facile de jouer avec ces deux gars-là. Que ça fasse un mois ou 10 ans que tu joues ensemble n’a pas vraiment d’importance. Quand des joueurs intelligents se retrouvent au sein d’un même trio, ils se comprennent et s’adaptent rapidement. Mark est un des meilleurs joueurs de la LNH. Paul est le centre rêvé pour tout ailier. Je sais que j’ai déjà dit ça à quelques reprises pendant mes années à Montréal, mais Paul est dans une classe à part. Il n’est pas flamboyant. Il n’attire pas l’attention des spectateurs, mais la qualité de son travail et surtout sa manière de réussir tout plein de petits détails en fait le centre idéal. Sur mon but hier soir – un but marqué sur un bon tir lors d’une attaque massive – Paul a gagné la mise en jeu avant de foncer au filet pour m’offrir un écran sans lequel j’aurais eu de la difficulté à marquer. »

 

De son filet, Marc-André Fleury est à même de constater l’apport offensif des Pacioretty, Stastny et Stone qui ont marqué 10 des 13 buts des Knights et récolté 22 points depuis le début de la série et qui ont un peu déclassé le trio de Marchessault, Smith et Karlsson à titre de premier trio de l’équipe.

 

« Ils sont vraiment en feu depuis le début des séries, mais je ne fais pas de différence entre les deux. J’aime mieux dire qu’on a la chance d’avoir deux premiers trios à notre disposition. Ça complique le travail des meilleurs joueurs défensifs des autres équipes. C’est donc un bon atout pour nous », a ajouté Fleury.

 

Au lendemain de la soirée faste de dimanche et à l’aube d’un match qui pourrait permettre aux Knights de signer une troisième victoire de suite de prendre ainsi une sérieuse option sur la série, Pacioretty refuse de voir trop loin en avant.

 

« Nous avons gagné deux fois de suite et sommes tous très heureux des résultats obtenus hier. Mais depuis ce matin, l’organisation s’assure que les joueurs n’aient que le match de demain en tête. C’est comme ça ici. On limite les distractions. On se concentre sur ce qui est important. Et en ce moment, tout ce qui compte c’est le prochain match. Et tous les gars dans le vestiaire savent que les autres, peu importe les moyens qu’ils décident de prendre, arriveront prêts à performer demain. C’est la force de notre organisation. C’est ce qui rend si agréable le fait de jouer ici », a conclu Pacioretty.

 

Si Tomas Tatar a rapidement fait oublier l’ancien capitaine du Tricolore avec son attitude et ses performances cette saison, il semble clair que Las Vegas et les Golden Knights aient fait oublier à Pacioretty le Canadien et les «charmes» de Montréal. Comme quoi cette transaction était vraiment devenue nécessaire et qu’elle a souri aux deux parties.