C’est tout un exploit que Julien BriseBois a accompli lorsqu’il a soulevé la coupe Stanley à bout de bras, lundi à Edmonton. Il y avait 19 ans qu’un directeur général québécois n’avait pas été l’architecte du club champion de la Ligue nationale. Le dernier avant lui, c’était Pierre Lacroix en 2001 avec l’Avalanche du Colorado.

 

Mais le party n'aura pas duré très longtemps pour le patron du Lightning. En fait, il n'aura célébré que quelques heures à peine. Avec le repêchage qui aura lieu dans moins d'une semaine et l'ouverture du marché des joueurs autonomes le 9 octobre, BriseBois se retrouve avec une belle pile de dossiers sur son bureau. Tout en savourant les victoires de son équipe qui progressait vers le Saint Graal, il a profité de sa présence dans la bulle pour prendre de l'avance et épier tous les clubs de l'Est avec ses adjoints. Il a personnellement vu 75 parties et assisté à au moins quatre joutes de chacune des formations présentes à Toronto. Ça, c’était ce que l’on peut appeler la portion « évaluation ». Maintenant, l'heure est aux décisions.

 

Et ces décisions seront difficiles, très difficiles. Contrairement aux autres années, le plafond salarial n'augmentera pas. Même là, une hausse de 2 millions $ n'aurait pas été suffisante.

 

Si le sort des gardiens est réglé, BriseBois se retrouve aujourd'hui avec dix attaquants et trois défenseurs sous contrat pour la prochaine saison. Si on ajoute les trois réservistes, il doit trouver un moyen de conclure huit nouvelles ententes avec seulement un peu plus de 5 M$ disponibles sous la masse salariale. « Si on veut remporter la coupe Stanley à nouveau au cours des prochaines années, c'est à mon tour de prendre des décisions difficiles et je devrai en prendre au cours des prochains jours, avoue sans détour le patron du Lightning. Nous sommes encore à recueillir de l'information avant d'exécuter notre plan, mais ça va venir très prochainement. »

 

Un joueur clé quittera Tampa

 

Julien BriseBois aurait aimé pouvoir conserver son noyau, mais c'est impossible.

 

En vue de la prochaine saison, la chose la plus importante aux yeux du Québécois est de mettre sous contrats trois jeunes joueurs en ascension et sur qui le club pourra compter encore quelques saisons à prix un raisonnable. « Mikhaïl Sergachev, Anthony Cirelli et Erik Cernak sont des joueurs très importants pour notre organisation. C'est une priorité pour moi de m'assurer leurs services pour les prochaines années, explique Brisebois. Leurs meilleures saisons sont devant eux. Si on veut maintenir notre niveau de compétition et demeurer parmi les équipes élites de la LNH, on a besoin de ces jeunes-là. »

 

Pour arriver à ses fins et respecter la limite de 81,5 M$, le directeur général devra donc sacrifier un des éléments clés de son équipe. « Certainement, lance-t-il sans aucune hésitation. Il n'y a pas d'autres façons de respecter le plafond. Si j'avais le pouvoir de conserver l'équipe telle qu'elle est en ce moment, ça serait ma préférence. Mais ce n'est pas la réalité. L'impact d’Andrei Vasilevskyi sur la masse salariale augmente de 6 M$. Sergachev, Cirelli et Cernak vont recevoir des augmentations de salaire bien méritées. Je dois compenser ces augmentations en laissant aller d'autres joueurs. Il n'y aura pas moyen de faire ça sans échanger des joueurs qui ont un contrat important. »

 

Stamkos prêt pour le prochain camp

 

Julien BriseBois a aussi éclairci le mystère qui planait autour du capitaine Steven Stamkos. Opéré pour une hernie le 2 mars dernier, il s’est présenté au camp lors de la deuxième phase du retour au jeu, se croyant complètement rétabli et après avoir obtenu le feu vert des médecins.

 

Toutefois, en patinant avec ses coéquipiers, une douleur est revenue le hanter. « En cours de route, comme ça arrive souvent avec une blessure de cette nature, il a probablement eu une compensation, ce qui a créé une nouvelle blessure, raconte le DG de 43 ans. Nous avions espoir de l’utiliser plus que ça lors des séries éliminatoires, sauf qu’il s’est encore blessé lors de l’une de ses cinq présences en finale. Il va consulter un spécialiste la semaine prochaine et il devrait se rétablir assez rapidement. C’est une question de semaines, pas de mois et il sera complètement rétabli pour le prochain camp d’entraînement. »

 

L’autre question, c’est de savoir à quel camp d’entraînement participera Stamkos. Avec un contrat encore valide pour quatre saisons, à 8,5 M$ par année, le capitaine de 30 ans pourrait peut-être devenir l’agneau sacrifié à Tampa?