Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Pascal Vincent : 30 ans d'efforts récompensés

Publié
Mise à jour

Le match entre les Blue Jackets et le Canadien sera présenté dès 19 h ce soir sur RDS et le RDS.ca.

AVANT-MATCH

MONTRÉAL - Pascal Vincent a toujours rêvé de jouer dans la Ligue nationale de hockey. 

À 21 ans, conscient que les Dieux du hockey ne lui avaient pas fait cadeau du talent nécessaire pour réaliser ce rêve, il s'est tourné vers les études. Au lieu de réussir sa vie de hockeyeur, il valait mieux prendre les moyens pour réussir sa vie tout court.

Mais voilà : à l'aube de la saison 1994-1995, un appel de Claude Thérien qui se cherchait un adjoint pour l'aider derrière le banc des Lynx de St-Jean – depuis devenu l'Océanic de Rimouski – a tout changé.

Car 30 ans plus tard, Pascal Vincent a réussi un doublé. Non seulement a-t-il réussi dans la vie, mais il a aussi réussi au hockey alors qu'il dirigera, jeudi soir, à titre d'entraîneur-chef des Blue Jackets de Columbus, son septième match dans la LNH; son premier au Centre Bell.

« Le hockey c'est pas juste un travail, c'est ma vie. J'ai grandi en aimant le Canadien. Le samedi soir, j'avais le droit de regarder deux périodes avant d'aller me coucher. Je suis souvent venu au Centre Bell comme adjoint. Toutes ces visites à Montréal étaient spéciales pour moi et ma famille. Mais ce soir, ce le sera plus encore », a admis celui qui a succédé à Mike Babcock qui a quitté ses fonctions après le tollé associé au fait qu'il demandait de partager des photos personnelles avec les joueurs des Blue Jackets pour apprendre à mieux les connaître.

Son frère a loué une loge à l'intérieur de laquelle plusieurs membres de la famille vivront ce moment. Les autres seront répartis autour du Centre Bell au hasard des billets disponibles.

« Avec ce que ça coûtera en billets ce soir, je vais travailler bénévolement », a ironisé Pascal Vincent après son point de presse. Une remarque que le robuste attaquant Mathieu Olivier, l'autre Québécois – né aux États-Unis alors que son père faisait carrière dans les ligues mineures à Biloxi au Mississippi – des Blue Jackets, venait de lancer dans le vestiaire en marge de l'achat d'une bonne vingtaine de billets à distribuer aux membres de sa famille.

Contenir sa déception

Pascal Vincent était dans la course pour le job d'entraîneur des Blue Jackets. Une course qu'il a terminée tout juste derrière Babcock. La défaite a été amère. Surtout qu'il venait de passer les deux dernières saisons à Columbus à titre d'adjoint.

« J'étais très déçu. Ça m'a pris une semaine pour gérer mes émotions. Je me demandais quoi faire : partir? Rester? Après une semaine, je suis embarqué All in avec Mike. On passait beaucoup de temps ensemble. On parlait de hockey. On préparait le camp d'entraînement ensemble », se rappelle-t-il.

Cette décision de contenir sa déception aura été la meilleure de Pascal Vincent depuis celle, prise en 1994, de prendre une chance avec les Lynx de St-Jean quitte à ce que cette expérience retarde d'un an son retour aux études. Car quatre jours avant le début du camp, il a hérité du poste qu'il convoitait. 

Après être passé très près la première fois à Columbus, mais aussi à Winnipeg et New York où on a cru un moment qu'il aboutirait derrière le banc des Rangers, Pascal Vincent était enfin entraîneur-chef dans la Ligue nationale de hockey.

Ce n'était pas de cette façon qu'il se voyait obtenir sa première promotion. Et il lui a fallu beaucoup plus de temps pour y arriver. Mais Pascal Vincent n'en fait pas de cas. Il prend tous les moyens pour maximiser cette première chance.

« Je n'ai jamais été le genre de gars à vendre mes services. Je n'ai jamais multiplié les appels. Je me disais qu'en travaillant le plus et le mieux possible j'obtiendrais un jour ma chance. Il n'y a pas de chemin tracé d'avance. Pour certains ça va vite, pour d'autres c'est plus long. Ça m'a pris 30 ans, mais tous les sacrifices, en fait ce ne sont pas des sacrifices, car j'ai toujours aimé ce que je faisais, mais tous mes efforts sont récompensés. »

Pas de « bon cop, bad cop »

La transition rapide entre son rôle d'adjoint et d'entraîneur-chef a fait perdre quelques heures de sommeil à Pascal Vincent.

Il n'a toutefois pas eu à changer sa manière de dialoguer avec ses joueurs, sa manière de les diriger.

« Je n'ai jamais adopté le rôle de bon cop ou de bad cop selon que j'étais adjoint ou entraîneur-chef. J'ai toujours abordé et dirigé les gars de la même manière. Comme un coach. Des discussions franches, directes et parfois pas faciles, j'en ai eues beaucoup comme adjoint. J'ai toujours rempli mes rôles d'adjoint en me disant de travailler exactement comme je voudrais que mes adjoints travaillent pour moi. J'ai toujours été moi-même et je n'ai pas changé malgré le changement de fonctions », assurait Vincent.

Une prétention que Mathieu Olivier et Johnny Gaudreau ont d'ailleurs confirmée.

« Je l'ai toujours aimé comme adjoint et il était tout près d'être un coach en chef », a indiqué Gaudreau.

« Avec lui, tu sais à quoi t'en tenir. Il garde les joueurs sur le qui-vive. On le sait quand on ne joue pas selon les standards qu'il impose », a ajouté le Québécois.

Après sept matchs, Pascal Vincent n'a pas encore l'ascendant complet sur son équipe. Son club joue bien, mais il faudra encore un peu de temps à l'entraîneur-chef pour que son club reflète l'image qu'il tient à imposer. « Mais ça s'en vient », assure Vincent.

Un gars qui a aiguisé sa patience et développé sa détermination au fil des 30 dernières années, dont plusieurs passées à sillonner le Québec et les Maritimes dans des autobus. Loin, très loin, du confort des avions nolisés et des hôtels chics associés à la LNH.

Mais il ne regrette rien. Au contraire!

« J'ai été neuf ans à la barre des Sreaming Eagles au Cap-Breton et j'ai adoré l'expérience. J'ai profité de toutes ces années. Notre voyage le plus court durait cinq heures quand on allait à Halifax. Alors, oui j'en ai passé du temps dans les autobus. Mais j'en ai toujours profité pour travailler, pour lire, pour étudier pour planifier ce qui s'en venait. »

Pascal Vincent ne le savait pas encore, mais toutes ces heures passées à plafinier « ce qui s'en venait » l'ont finalement conduit au Centre Bell à titre d'entraîneur-chef dans la Ligue nationale de hockey.