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RÉSULTATS

Paul Maurice : défi relevé!

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Gagner en saison régulière, c'est bien. Mais gagner en séries éliminatoires, c'est mieux. Beaucoup mieux!

Bill Zito avait ce grand principe en tête lorsqu'il a contacté Paul Maurice pour le sortir de sa retraite, lui offrir le poste d'entraîneur-chef des Panthers et lui donner le mandat de faire de cette équipe un club capable de s'imposer en séries.

Moins de deux ans après cette embauche (22 juin 2022), Maurice peut sourire de satisfaction.

Après avoir conduit les Panthers jusqu'en grande finale l'an dernier face aux Golden Knights de Las Vegas, Maurice pourrait soulever la coupe Stanley, samedi soir, à Edmonton, après que le capitaine Aleksander Barkov et ses coéquipiers auront défilé autour de la patinoire du Rogers Place avec le précieux trophée à bout de bras.

Tout un exploit.

« J'ai hérité d'une équipe qui avait récolté 122 points en saison régulière (58 victoires, 18 revers et six autres défaites en prolongation ou tirs de barrage) et elle en affichait seulement 92 au terme de ma première saison. Rien pour me faire passer pour un génie », a ironisé Maurice à quelques reprises depuis le début de la finale en rappelant ses premiers moments avec les Panthers.

Sans compter que les Panthers auraient raté les séries n'eût été de leur séquence de six victoires lors des sept derniers matchs de la saison (6-1-1) combinée à l'effondrement des Penguins de Pittsburgh qui ont perdu 10 de leurs 16 derniers matchs dont les deux derniers aux mains des pauvres Blackhawks de Chicago et Blue Jackets de Columbus.

Mais une fois en séries, les Panthers ont été sensationnels. Ils ont retrouvé les jambières agiles de leur gardien Sergeï Bobrovsky et ont appliqué le style de jeu nécessaire pour gagner en éliminatoires.

Ils ont appliqué cette même recette au cours des 82 matchs de la saison régulière et l'appliqueront encore samedi soir, dans le cadre de leur 21e et peut-être dernier match des séries éliminatoires.

Maurice n'a pas le secret de cette recette gagnante. D'autres l'ont concocté et utilisé avant lui.

Le meilleur exemple dans la récente histoire de la LNH vient de Barry Trotz qui a su convaincre Alexander Ovechkin d'être plus « responsable » défensivement et de cesser de tricher pour multiplier ses buts afin d'aider la cause de son équipe. Cette recette a grandement contribué à la première conquête d'Ovechkin et des Capitals au printemps 2018 alors qu'ils ont battu, en grande finale, les Golden Knights au terme de leur première saison dans la LNH.

Barkov : très bon élève

En Floride, Maurice n'a pas eu à se creuser la tête pour imiter Trotz et trouver une manière de convaincre son capitaine à s'impliquer et s'appliquer en défensive.

Aleksander Barkov était déjà l'un des meilleurs de la LNH dans les deux sens de la patinoire. Il rivalisait déjà avec les Patrice Bergeron, Anze Kopitar et autres Ryan O'Reilly.

Sous la gouverne de Maurice, il est devenu le meilleur de la Ligue. Il vient de remporter son deuxième titre en carrière comme meilleur attaquant défensif de la LNH et, si la tendance se maintient, son nom sera associé à celui de Frank-Selke pour plusieurs saisons à venir.

Maurice a toutefois dû se monter plus convaincant avec d'autres joueurs.

Matthew Tkachuk est toujours un marqueur prolifique. Il est toujours aussi teigneux sur la patinoire et prêt à tout pour déconcentrer l'adversaire.

Mais Tkachuk assure avoir compris le message de son entraîneur-chef qui l'a incité à éviter les pénalités inutiles afin d'aider la cause défensive de son équipe plutôt que de lui nuire en offrant des attaques massives à ses rivaux.

Après 20 matchs éliminatoires, Tkachuk est toujours le joueur le plus punis des Panthers avec 23 minutes passées au cachot. Mais après avoir promis à l'aube de la grande finale qu'il serait plus discipliné et cesserait d'être au milieu de mêlée après les coups de sifflet, Tkachuk n'a écopé que deux pénalités mineures en trois matchs jusqu'ici.

Et chaque fois que Tkachuk est questionné sur la qualité du travail de Maurice, il n'hésite pas une seconde avant de le qualifier de meilleur entraîneur-chef pour lequel il a joué. D'entraîneur-chef pour lequel tous ses coéquipiers veulent également gagner.

Ekblad à la manière d'Ovechkin

La transition vers une défensive plus serrée la plus évidente dans le camp des Panthers, c'est dans la manière de jouer du vétéran Aaron Ekblab qu'on peut la relever.

Tout premier choix au repêchage de la cuvée de 2014, Ekblad affiche une récolte de 347 points (115 buts) au fil des 676 matchs de saison régulière qu'il a disputés.

Ce sont ses performances offensives qui lui ont permis de gagner le trophée Calder au terme de sa première saison en Floride. Et bien qu'il ait toujours été considéré comme un défenseur complet, Ekblad avait un penchant pour l'attaque.

Il aime encore se lancer vers la zone ennemie pour appuyer les trios d'attaquants. Mais il est plus conscient que jamais de l'importance de d'abord relever les mandats défensifs qui lui sont confiés.

Des mandats importants puisqu'Ekblad se retrouve systématiquement devant les meilleurs trios ennemis en compagnie de son excellent partenaire Gustav Forsling à forces égales en plus de compléter avec l'arrière suédois le duo le plus occupé des Panthers lorsque vient le temps d'écouler des pénalités.

Croisé dans le vestiaire des Panthers jeudi matin, Ekblad a convenu que sa transition vers la défensive pouvait être comparée à celle d'Ovechkin.

« C'est clair que j'ai eu des discussions avec Paul depuis son arrivée pour être plus actif et efficace en défensive. Mais le hockey d'aujourd'hui et la complicité avec mon partenaire de jeu m'ont aussi dicté ce changement », a lancé l'arrière de 28 ans avant d'élaborer.

« Le jeu est tellement plus rapide aujourd'hui qu'il est impératif de penser défensive d'abord et de se lancer à l'attaque ensuite. On ne peut plus prendre de risques inutiles. Surtout rendu en finale de la coupe Stanley. J'aime encore aller à l'attaque. Mais je suis plus sélectif sur les moments pour y aller. Et avec un gars comme Gustav à mes côtés, un gars qui excelle dans toutes les facettes du jeu, c'est à moi que revient parfois la responsabilité de rester derrière », a expliqué Ekblad.

Tout un contraste avec ses premières saisons. Il faut dire que le défenseur format géant a vécu des années grises avec les Panthers à son arrivée en Floride il y a dix ans. Des années grises au cours desquelles, les objectifs collectifs étaient tellement bas que les joueurs se concentraient bien plus sur leurs objectifs personnels.

Une réalité que le directeur général tenait à changer. Et c'est ce qu'il a fait en confiant son équipe à Paul Maurice.

Réputation corrigée

L'ironie derrière l'embauche de Maurice et dans le mandat fondamental qui lui a été donné par Zito est qu'au fil de sa carrière, Maurice s'est développé une réputation d'excellent « coach » en saison régulière. Mais un entraîneur-chef incapable de maintenir le niveau de performance de ses équipes une fois les séries commencées.

Maurice a conduit ses équipes en séries à 11 reprises en 26 saisons depuis son entrée dans la LNH en 1995 avec les Whalers de Hartford.

Il affiche un dossier de 69 victoires et 64 revers en matchs éliminatoires et s'était rendu en grande finale une seule fois – avec les Hurricanes de la Caroline en 2002 – avant de prendre les rênes des Panthers.

Sa deuxième grande finale consécutive et la conquête de la coupe Stanley qu'il est en voie de célébrer avec son équipe, lui permettront de totalement redéfinir sa réputation. De la corriger. De confirmer qu'il n'est pas seulement capable de gagner en saison régulière et dans ses débats avec les journalistes. Mais qu'il peut aussi gagner en grande finale de la Coupe Stanley.

À moins que les Oilers d'Edmonton, avec quatre victoires consécutives, ne viennent tout chambarder...